Arnaques sur téléphones mobiles : elle témoigne pour mettre en garde
Société. De nouvelles méthodes peu scrupuleuses – des arnaques, en clair- se répandent sur les lignes mobiles, et les personnes âgées sont les plus vulnérables. Jeannine Loeffel de Condes victime de 83 ans, est soucieuse d’avertir la population.
Tout commence début octobre 2023, lorsqu’un smartphone est offert à Jeannine Loeffel par son fils. Durant la prise en main de l’outil, qui s’avère un peu compliquée, un numéro peu ordinaire s’affiche sur l’écran. Jeannine Loeffel décroche.
Les souvenirs précis des échanges tenus ce jour-là demeurent aujourd’hui, un peu flous toutefois. Mais le résultat est en revanche bien resté en mémoire : 800 euros de dépassement au titre de la consommation téléphonique sont facturés par l’opérateur. Un choc pour la dame âgée qui ne comprend pas bien ce qu’elle aurait pu faire qui lui vaille cette facture.
Aidée par son fils, elle se rend à la boutique Orange de Chaumont pour tenter de comprendre. Elle n’est pas un cas isolé lui apprend-on. 1 500 victimes au plan national, et déjà une poignée sur le territoire de Chaumont. C’est un numéro payant qui utilise une ligne satellitaire, avec un numéro à rallonge. Jeannine Loeffel se souvient : « la dame en ligne était très polie, et semblait avoir besoin de parler. Elle faisait durer, durer… Je ne sais plus exactement pour dire quoi. Mais elle a veillé plusieurs fois à ce que je note bien le numéro, qui était très long. Je suis quelqu’un de gentil, je n’ai pas osé la laisser. Alors quand ça coupait et qu’elle me disait de rappeler, je rappelais. »
De fil en aiguille, son fils découvre qu’il y eu, entre le 6 et le 7 octobre 2023, cinq conversations successives de trente minutes chacune, à sept euros la minute.
Ni l’opérateur, ni la police : l’Etat
Huit cents euros de préjudice, c’est colossal. Mais surtout, c’est que « personne n’y peut rien ». Jeannine Loeffel a bel et bien rappelé ce numéro à plusieurs reprises, et bien qu’induite en erreur, de son plein gré. Au même titre qu’une personne en détresse se ferait rouler dans la farine par une voyante de pacotille. L’opérateur concède qu’il y a arnaque, légalement il est au courant et il a mis en place un dispositif pour alerter, notamment par SMS, un client dont l’activité mobile paraît suspecte. SMS qu’a reçu Jeannine Loeffel, mais la novice du smartphone ne sait pas les lire.
L’opérateur, conscient du préjudice, a consenti à rembourser la part de sa marge bénéficiaire sur ce type d’appels surtaxés. Le résultat de la conciliation financière avec Orange n’est pas encore connu dans le détail. Mais ce qui est, de fait, dû à l’arnaqueuse, lui sera payé. L’opérateur n’as pas le contrôle de cette faille que l’on se résoudra à appeler « méthodes commerciales » frauduleuses, dont les centres téléphoniques sont pour la plupart installés à l’étranger.
La police n’a pas de pouvoir non plus, et invite les consommateurs abusés à se tourner vers l’Etat, seul apte à légiférer si comme, annoncé par le commissariat, « les statistiques les poussent à agir ». Depuis octobre 2023, Jeannine Laoffel est comptabilisée davantage comme un élément statistique que comme une victime. Protégez les personnes vulnérables, il n’y a pas que des amis au bout de la ligne.
Elise Sylvestre
Sur le même sujet...
