“Araberlin” : huit amateurs pour une pièce engagée
Une troupe de huit comédiens amateurs, Callypige Compagnie, a mené une répétition générale de “Araberlin”, la pièce qu’ils vont présenter le 20 mai à Saint-Dizier. Le metteur en scène, Jo Poree, n’en est pas à son coup d’essai et il s’est entouré, il y a un an environ, d’une équipe de gens motivés par ce projet au point de répéter chaque semaine à la salle des fêtes de Blumeray (près de Doulevant), une salle aimablement mise à leur disposition par la municipalité qui soutient le projet. Les artistes, tous amateurs, sont parvenus à entrer dans la peau de leur personnage. Des personnages qui sont plongés dans une atmosphère tendue.
Dans ce mot-valise, “Araberlin”, inventé par l’auteure de la pièce, Jalila Baccar, tunisienne d’origine, on retrouve Berlin et arabe, comme ces musulmans qui ont émigré en nombre vers la capitale allemande. La scène se passe dans le Berlin de l’époque contemporaine, et elle met en lumière les difficiles relations entre les membres d’une famille bien-pensante dans laquelle s’est infiltré Mokhtar, jeune étudiant en architecture, qui forme un couple avec une jeune allemande de souche, Katarina. Jusqu’au jour où il est arrêté, suspecté d’appartenance à un groupe terroriste, ce qui rompt l’équilibre précaire de cette entité et entraîne sa dislocation, en faisant ressurgir les vieux démons de délation, xénophobie, racisme anti-arabe et anti-juif, lynchage, anticommunisme, avec des relents de national-socialisme… L’auteure dénonce les préjugés qui participent à ce repli où dominent intolérance et fanatisme. Agnès, alias Marianne, rescapée de la RDA, ancienne danseuse, a troqué le ballet pour le balai en ayant un poste de concierge et directrice de chorale et elle s’adresse directement à Dieu : « En votre nom, les gens s’entretuent ; je n’ai qu’une prière à vous faire : Foutez-nous la paix ! » Le ton est donné.
La pièce est au programme du festival Mai’scènes de Saint-Dizier et sera jouée au théâtre municipal samedi 20 mai, en soirée.
De notre correspondant Philippe Pierson