Apporter des réponses – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le procès des attentats de janvier 2015 sera long. Très long, pour les familles des victimes ou ceux qui ont eu à croiser les terroristes.
Les débats permettront, peut-être, d’apporter des réponses sur la logistique, les acteurs… mais aussi d’identifier les failles qui ont rendu possible l’inimaginable tuerie. La Justice, bien sûr, s’attachera – elle a déjà commencé à le faire hier dès ce premier jour de procès – à dérouler le scénario macabre pour comprendre. Et condamner. Pénalement cette fois.
Mais avant même l’entrée des magistrats dans la salle d’audience, hier matin, l’émotion – la tension aussi – étaient palpables du côté de ces victimes. Elles souhaitent bien évidemment voir les accusés répondre de leurs actes. Elles attendaient ce moment depuis cinq interminables années. Dans le même temps, elles devront revivre, par la voix des magistrats, des experts ou des policiers, l’horreur vécue par leurs proches. Et sans cesse se replonger dans des instants d’extrême douleur.
D’autant que les plus de deux mois d’audience ne feront pas que leur rappeler leurs proches dont elles ont encore, en tête, les sourires et l’envie de vivre. Au souvenir, à l’émotion, celle qui vient du cœur et reste donc difficilement quantifiable, viendra s’ajouter la glaçante description des faits. Ceux que la loi s’attachera à égrener froidement. Sans sentiment presque. Egrenage systématique dans tout procès, mais à la limite du supportable.
Une épreuve supplémentaire que quelques-uns ont refusé d’affronter. Pas la force. Et que d’autres devront endurer jusqu’au 10 novembre, au prix, c’est sûr, d’un combat permanent. Pour faire le deuil, comme on dit un peu facilement. Et pour que justice soit rendue.