Apnéiste dans le bain mondial, Jérôme Wolf à la croisée des chemins
Parfois, il arrive qu’on sente qu’on se trouve à la croisée des chemins. Il faut faire un choix qui nous engage définitivement dans une voie. Apnéiste qui rivalise avec l’élite mondiale, Jérôme Wolf doit aujourd’hui décider s’il renonce à la compétition de très haut niveau. Explications.
« Aux derniers championnats du monde, 44 pays étaient représentés et il y avait du gros, gros niveau… ». Champion de France 2022, Jérôme Wolf, éducateur sportif langrois, avait fini par décrocher une place très disputée aux championnats du monde au Koweit, à la mi-mai dernier. « Je me suis retrouvé avec l’élite » de la discipline, qui gagne – en flèche – en notoriété. Le trentenaire est revenu avec deux Top 10. Jérôme s’est pourtant intéressé à l’apnée… hier en somme : c’est « fin 2017 » qu’il commence à pratiquer ce sport, encore confidentiel. « Six mois plus tard, j’étais vice-champion de France ». Il est pourtant rageur, c’est « une faute technique » qui lui a barré la route de la 1ère place. Et puis le Covid a déferlé sur la planète. Quand elle se remet à tourner, le Langrois décroche le titre dont il rêvait : il est consacré champion de France 2022. Conjointement, l’apnée gagne en popularité, la cour de compétition s’agrandit. Jérôme est donc rentré du Koweit, où il a réalisé une excellente prestation. Et maintenant ?
« Je veux devenir un exemple pour ma fille »
« Depuis le 1er janvier, j’ai le statut de sportif de haut niveau ». Le quotidien de jérôme est réglé comme du papier à musique. « Ma journée-type, c’est lever à 6h30, et méditation de routine immédiatement ». Le Langrois fait des exercices de respiration, avant d’enchaîner par un entraînement de sport… ou bien d’aller au travail -dans ce cas, c’est l’après-midi que son programme se déplie. Le Grand Langres lui a aménagé ses horaires à Aqualangres. De toute manière au terme d’une journée archi-remplie, il rentre chez lui. « Là, je m’occupe de ma famille ». Il est notamment le père d’une petite fille. « C’est mon moteur ». Jérôme tient à « devenir un exemple » à ses yeux, et « à lui démontrer que quand on a un rêve, il faut aller jusqu’au bout ». Sauf que, dans le même temps, il ne peut pas continuer d’engloutir l’argent du foyer dans les compétitions, qui l’amèneront aux quatre coins de la planète -l’apnée est encore un sport peu subventionné. S’il tient à sa famille plus que tout, il est incapable d’envisager de divorcer avec le sport de haut niveau après avoir autant travaillé et de manquer à la maxime qu’il veut faire retenir à sa fille. A ce moment décisif de son parcours personnel, ni son coach, ni sa sophrologue ne peuvent désigner à sa place la voie dans laquelle s’engager. Jérôme traverse inévitablement une période d’incertitude qui le mine. Des solutions, il y en a, mais ailleurs… Ou comment le bien-être peut dépendre d’éléments strictement matériels.
Fabienne Ausserre
f.ausserrejhm.fr