Annonciades : « Faut-il s’en réjouir ? »
La vente du bâtiment des Annonciades à Julien Cohen fait réagir le Langrois Lucien Julienne. Celui-ci s’inquiète des conditions de cession de cet « ensemble patrimonial remarquable du XVIIe siècle, classé au titre des Monuments historiques » pour y accueillir une Maison des brocanteurs.
« La ville s’émerveille ; la municipalité surfe sur la nouvelle à grands renforts d’annonces ; les réseaux sociaux rivalisent d’emphase. Que se passe-t-il ? Un people aux lunettes bleues, “Vu à la Télé”, s’apprête à prendre possession des Annonciades. Si l’on en croit le peu d’informations précises sur cette opération, le domaine concerné par la vente s’étend sur une superficie avoisinant les 6 000 m2 dont près de la moitié sont construits. Cet ensemble patrimonial remarquable du XVIIe siècle est classé au titre des Monuments historiques de Langres et compte parmi les plus admirables domaines de la ville.
« Faut-il s’en réjouir ? Pourquoi pas. Sauf que cette opération de vente par un établissement public, l’hôpital, pourrait bien ne pas remplir toutes les conditions légales requises. En effet, cette vente que l’on annonce finalisée début février, n’a fait l’objet d’aucune publicité préalable, ni d’appel public à la concurrence, comme l’a avoué la directrice financière de l’hôpital à la réunion du 4 octobre du conseil de surveillance qui a approuvé la cession. Elle a également précisé que le prix de vente était fixé à 340 000 €, alors que le service des Domaines estimait le bien à 432 000 €. Et la négociation se poursuit pour la cession, dans des conditions similaires, des remarquables bâtiments “Charité”.
« Attaché tant à la bonne gestion des Finances publiques qu’à la sauvegarde du patrimoine de Langres, je ne suis pas résolu à voir ce dernier bradé dans des conditions douteuses. D’autant plus qu’aucun “droit de retour” n’a été intégré à l’acte de vente en cas de non-réalisation du projet par M. Cohen.
« Je ne doute pas que ce courrier me vaudra les critiques de ceux qui, éblouis comme des insectes face à la lumière, ne veulent voir dans cette opération que le bénéfice de l’installation d’un nouvel et “prestigieux” investisseur. Mais faut-il accepter de se débarrasser de ce patrimoine remarquable à n’importe quel prix ? En bafouant les règles légales de cession de biens publics et en faisant fi des compétences des Domaines ? »