Anne Cardinal au sujet de l’hôpital : «C’est une trahison»
Le maire de Langres sort de sa réserve qui faisait foi jusque-là pour dénoncer l’absence de véritable écoute et des ateliers de travail tronqués pour l’avenir des hôpitaux. La fuite des médecins vient s’ajouter à une inquiétude qui ne cesse d’être légitime.
L’atelier de travail élargi qui s’est tenu jeudi 19 mai à Chalindrey a mis clairement en évidence les errances de l’Agence régionale de santé (ARS) et son comportement dénué d’écoute. «Ils déroulent leur feuille de route sans tenir compte un instant de ce que l’on peut dire ou écrire. J’ai d’ailleurs écrit à plusieurs reprises à l’ARS pour obtenir les comptes de l’hôpital sans obtenir de réponse», dénonce Patricia Guérin, adjointe au maire et par ailleurs présidente du Conseil de surveillance de l’hôpital. Lors de cette réunion, les médecins libéraux et hospitaliers sont montés au créneau, sans susciter la moindre réaction (JHM Quotidien du samedi 21 mai). Puis la réunion du “Copil” du Pôle d’équilibre territorial et rural du Pays de Langres (PETR), le lendemain, vendredi 20 mai, a enfoncé le clou avec l’annonce du départ imminent de six médecins. «On travaille sur un projet médical à terme. Pas de souci, mais dans l’immédiat on fait quoi ? Il y a une hémorragie de médecins, c’est alarmant. C’est à l’ARS et à la direction de l’hôpital d’y remédier», lance Anne Cardinal, maire de Langres. «On nous bassine en expliquant que l’on travaille pour l’attractivité du territoire, mais on fait tout le contraire», ajoute-t-elle , visiblement excédée par l’absence de réaction.
Situation chaotique
Ne nous leurrons pas, les médecins prennent les devants en quittant ce territoire face à une situation des plus chaotiques et sans perspective d’avenir claire, malgré ce que martèle l’ARS. Qui voudrait s’installer dans un établissement, sur une région, avec une telle incertitude et surtout face à un désordre le plus total ? «Rien n’est fait pour retenir les médecins. Et l’ARS nous répond que c’est un problème national ?» dénonce Patricia Guérin. Un fait devrait marquer tous les esprits. On vient de traverser une crise sanitaire sans précédent où le manque de lits en milieu hospitalier a été criant, mais ici on poursuit une politique de réduction de lits, de services, au nom de notre bien général ! Ça laisse songeur…
«Les médecins ne veulent pas aller à Chaumont, alors ils partent», affirme Anne Cardinal. «Ce n’est pas faire de l’anti Chaumont, mais c’est la réalité», ajoute Patricia Guérin. «Tous les praticiens présents jeudi à Chalindrey l’ont rappelé. Mais l’ARS continue de dérouler sa feuille de route sans écouter. Ils n’entendent rien, ce sont des “sans oreilles”», lâche Patricia Guérin.
Le travail au sein des ateliers semble être superficiel. Les médecins libéraux l’ont d’ailleurs dénoncé récemment. Et Anne Cardinal en a la conviction en s’appuyant sur sa propre expérience puisqu’elle participe à l’un d’eux sur le Service de soins de réadaptation. «Pas un moment, il n’a été évoqué le projet médical de la fédération inter-hospitalière qui existe depuis plusieurs années créée par le Dr Morino, médecin rééducateur de Bourbonne», constate-t-elle.
En attendant, la situation est tendue à l’hôpital. «Nous avons connu une situation catastrophique l’été dernier avec le manque de soignants. On repart sur les mêmes bases», affirme le maire.
«J’estime que c’est une trahison. Si on ne veut pas nous entendre ici alors nous ferons une démarche auprès du ministère de la Santé», annonce le maire.
Philippe Lagler