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Angela Lugrin, sacrée littéraire et punk sacrée

Angela Lugrin, sacrée littéraire et punk sacré

Angela Lugrin, sacrée littéraire et punk sacrée
Angela Turgin, de passage au Schmilblik de Chaumont samedi 28 janvier.

Angela Lugrin est enseignante en littérature, à l’université, au collège, à la prison de la Santé. Ecrivain, chanteuse punk, épouse et maman. Et de passage au Schmilblik de Chaumont, samedi 28 janvier. 

Angela Lugrin « commet » son premier texte à la petite quarantaine, poussée par la reconnaissance envers ce que d’aucuns se devraient de rencontrer : « la personne attendue, qui vous autorise à être ce que l’on désire au plus profond de soi ». Cette personne, c’est Marie Depussé, agrégée de lettres classiques, chargée de cours à Paris VII et psychanalyste. La prof’ a un tel impact que les deux femmes deviennent amies, s’accompagnent. Mais Marie disparaît en 2017.

 En naît un livre portant le même prénom, « lui dire merci, et célébrer dans un livre la femme qui a créé, initié mon désir d’écrire ». « Marie », d’Angela Lugrin est publié et son destin d’auteur est lancé. Devenue professeure de littérature auprès d’adultes déficients, elle devient chargée de cours, notamment au sein de la prison de la Santé, ce qui lui inspire son second ouvrage en 2015, « En-dehors » – des lieux, des hommes, des trajectoires et, surtout, des liens. 

Sophie colère, détenus et littérature  

Chanteuse punk depuis sa jeunesse au sein du groupe « Julie colère », Angela Lugrin peine à exprimer son attachement viscéral à ce champ musical – qui n’est que peu lexical. « Il y a dans le punk une loyauté, quelque chose qui circule à l’abri de l’air du temps, des soucis d’égo. On essaie de vivre en refusant les diktats de la société des apparences et des attentes communes.

Exister au plus près de ce qu’on est. Il y a dans le punk, et l’abandon à soi, une forme de grâce ». Son troisième récit, « In/Fractus », revient sur ce mot qui surgit à l’annonce de l’infarctus de son frère. Angela Lugrin sent qu’en ce moment de fracas, elle doit de toute urgence écrire, faire battre le cœur de leur « amour indéfectible », pulser leur « langue commune » et réanimer… les vacances, les voyages, les fous rires. Tout. 

Puis vient l’ouvrage présenté samedi 27 janvier au Schimlblik de Chaumont. « Je n’ai plus peur de rester là », éditions Isabelle Sauvage. De rester où ? « Dans la position d’écrivain, qu’Angela Lugrin considère « rangée aussi haute sur les étagères que l’école, notamment, a rendues inatteignables. » « Baudelaire et Bonnefoy sont des poètes. Michon est un écrivain. Rien en moi ne m’autorise à les rejoindre. Ceux qui prétendent en être me rendent souvent soupçonneuse. » Comment oser écrire quand les modèles littéraires nous assomment ? On ne fera pas mieux alors… Ecrivain, néanmoins.

Parler de soi, s’il y a un enjeu

« La parole vertueuse des maîtres, ok, merci aux gens qui pensent, percent le réel à la force de leur imaginaire », ajoute Angela Lugrin. Mais ne pas se comparer, avancer. Se départir de ce qui crée le sentiment d’échec par avance. Les modèles pseudo inatteignables. Cela se rapporte à tous les métiers. Ne pas être dans le doute, ni la suffisance. Tout est question d’équilibre. « Dès que quelqu’un écrit sur lui pensant nous faire croire qu’il a tout compris, je lâche. Ce que j’aime, ce sont les récits de gens en quête d’eux-mêmes. L’énigme de ce que l’autre va faire de ce qu’il est. Si la résultante précède le livre, j’abandonne ». Angela Lugrin utilise le « je » en sa littérature, mais c’est avant tout un « qui suis-je ? » par rapport à l’autre. Et l’autre s’y retrouvera. A lire.

Elise Sylvestre

e.sylvestre@jhm.fr

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