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Selon la CPAM, le déconventionnement du médecin généraliste de la maison de santé d'Andelot-Blan,cheville sera le premier que la Haute-Marne connaîtra

Andelot : un médecin annonce son déconventionnement

Selon la CPAM, le déconventionnement du médecin généraliste de la maison de santé d'Andelot-Blan,cheville sera le premier que la Haute-Marne connaîtra

A Andelot, la maison de santé, qui accueille cinq médecins, va bénéficier d’une extension de ses locaux – de 100 m2. Un de ses docteurs, contrit de voir la médecine glisser dans la médiocrité, écrit-il en substance, annonce qu’il va se déconventionner. Et que ses consultations ne seront donc plus remboursées.

« Nous allons pouvoir continuer à vous suivre et j’espère que cela vous rassure. Nous allons peut-être trouver le moyen de faire la médecine qu’on souhaite, loin des idées décadentes proposées. » Sur le site de prise de rendez-vous en ligne doctolib, le Dr Romain Terrien l’écrit tout net : une fois passé en « secteur 3 », ses consultations seront remboursées exactement 0,61 €. Côté mutuelles, « cela reste encore flou », précise-t-il. Avant de remercier ses « chers patients » de leur « compréhension ». Le médecin indique ne pas vouloir céder à la médiocrité à laquelle « un système basé sur le rendement et le nombre d’actes » conduit. 

Contacté, le Dr Romain Terrien a fait savoir qu’il ne souhaitait pas s’expliquer plus avant, estimant qu’il avait tout dit.

Ce projet de « déconventionnement » avait été évoqué lors du dernier conseil de la communauté de commune Meuse-Rognon. Sans distinguer secteur 2 et secteur 3 – le premier signifie que le praticien est autorisé à pratiquer des dépassements d’honoraires, qui laissent un reste à charge au patient, quand le second égale le non-remboursement quasi entier de la sécurité sociale (0,61 € mis à part). Le lancement de l’appel d’offres pour des travaux d’extension de la maison médicale, estimés à 420 000 €, subventionnés à hauteur de 80%, venait d’être entériné. 

« Je n’ai pas d’avis »

Contacté, le président de Meuse-Rognon Nicolas Lacroix, également président du Département, a volontiers accepté de commenter la décision rendue publique par un médecin d’Andelot. En tenant d’abord à souligner que la situation dans la commune était « positive », avec ses cinq médecins réunis à la maison de santé. Qu’ils vont donc disposer, dans la fameuse extension, de davantage de cabinets – « il n’ y en a aujourd’hui que trois pour eux tous » -, qui seront par ailleurs « rapprochés » de professionnels paramédicaux.

Et d’indiquer que « deux médecins » prévoient de se déconventionner (au lieu d’un). « Je n’ai pas d’avis », réagit-il. Tout en rappelant qu’en prévoyant le passage du tarif de la consultation de 25  € à 26,50 €, le delta « n’est pas même au niveau de l’inflation ». Au passage, Nicolas Lacroix pointe qu’à l’hôpital, la question de la rémunération des médecins est somme toute prise à l’envers. On se plaint « de médecins « mercenaires » car en réalité ce sont les praticiens hospitaliers qui sont mal payés ». Autrement dit, renversement d’angle. Même observation à propos des infirmiers.

Le président Lacroix précise que les déconventionnements seraient effectifs « en janvier ».

« Oui, (les médecins) font comme ils veulent »

Ainsi, la collectivité continue son effort pour que la maison de santé d’Andelot offre les meilleures conditions de travail possibles aux médecins et aux professions paramédicales. C’est l’argent des contribuables qui est utilisé. De fait, le « déconventionnement » compterait une seconde fois sur eux. « Oui, (les médecins) font comme ils veulent », admet Nicolas Lacroix. Avant de souligner que seul le niveau parlementaire pourrait choisir de faire en sorte qu’il en soit autrement. « Nous, (ici, NDLR), on travaille à améliorer l’offre de soins ».

A la question de savoir si, faute de moyens financiers, des patients pourraient être empêchés de consulter, le président Lacroix en distingue deux types. Il y a ceux qui « vont chez le médecin une à deux fois par an » et ceux qui sont contraints d’adopter un rythme plus soutenu. A savoir si un « déconventionnement » s’entendrait chez les premiers, demande-t-il, à savoir si l’on n’est pas en train de voir naître un changement radical de l’accès aux soins à la française.

« A Andelot, les médecins sont bien »

En tout état de cause, le président confirme que les docteurs de la maison de santé d’Andelot « n’ont aucune obligation en retour » des investissements réalisés pour l’exercice de leur métier. Précisant toutefois que leur loyer « n’est pas gratuit ».

Nicolas Lacroix « sait ce que c’est de se frotter à des médecins ». L’implication de la collectivité dans le territoire ne date pas d’hier, signale-t-il. Choix payant : « à Andelot, les médecins sont bien ». Dans un contexte de pénurie jamais-vu. Comment pourrait-il envisager, en qualité de « politique », de se mêler de leurs aspirations ? Il a tenté, avec le résultat que l’on sait : « qu’est-ce que je prends dans la tête avec l’hôpital ! Pour y mettre de l’argent ».

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr

À 20 mn d’Andelot, une maison de santé vide

Si Bourmont appartient aussi à la communauté de communes Meuse-Rognon, force est de constater qu’elle est aussi vide que son homologue d’Andelot est pleine. Nicolas Lacroix a bien voulu réagir à cette différence de sort.

« Deux médecins généralistes sont allés jusqu’au bout. À savoir s’ils ont préparé leur départ. ». Parce que « des secteurs où (le passage de relais) fonctionne, il y en a ». Sauf qu’encore une fois, le président Lacroix indique qu’ « (il) n’a pas l’autorité pour imposer (que des docteurs s’y installent ». Pourtant, comme à Andelot, c’est la collectivité qui est propriétaire de la structure. C’est aussi le cas à Breuvannes-en-Bassigny. « Quand c’est une collectivité qui est propriétaire, on peut avoir des aides ». Pareillement, un pharmacien reprendrait l’officine de Doulaincourt-Saucourt à condition qu’elle soit rafraîchie. La collectivité (ancienne interco) l’a donc acquise et a réalisé des travaux, avant de trouver en effet à la louer.

Une première, dit la CPAM

LA CPAM de Haute-Marne confirme que jamais la Haute-Marne n’a connu de médecin généraliste déconventionné. Et de faire le point sur le tarif des consultations : « L’attractivité de la médecine générale est un enjeu-clé pour l’Assurance Maladie et le règlement arbitral apporte des mesures immédiates : création d’une consultation à 60 euros pour les patients en ALD, assouplissement des conditions pour recruter des assistants médicaux et augmentation du tarif de la consultation de 6% (qui passera donc à 26.50 €) dès novembre prochain. ».

Avant de commenter l’option du déconventionnement : « Le déconventionnement pénalise le patient qui ne sera plus remboursé », en citant le directeur général de l’Assurance maladie : « C’est un choix qui restreint l’accès aux soins et qui est contraire aux fondamentaux de notre système de santé ».

Déconventionnement : à Chaumont, un médecin « y a pensé »

Si le Dr Christophe Bremard a finalement renoncé à se déconventionner, il estime que la démarche s’entend parfaitement, et que la responsabilité incombe au gouvernement.

« Je ne me déconventionne pas, mais j’y ai pensé comme beaucoup d’autres ». Le bruit courait que le Dr Christophe Bremard allait lui aussi franchir le pas, il dément. En revanche, ce représentant ordinal dit combien, avec ses confrères, il en a gros sur la patate. « Qu’on nous laisse tranquilles ! Qu’on travaille comme on l’a toujours fait ! ». Et d’expliquer que le déconventionnement ne répond pas à l’ambition de « gagner plus », mais de « travailler mieux ».

Ce critère-là, gronde-t-il, est « une case inexistante » dans l’administration. Le Dr Bremard soutient que ses confrères déconventionnés « n’ont pas que des patients riches » et que « le problème financier, c’est de l’idéologie ». En s’estimant plutôt bien placé pour parler des soins aux patients les moins argentés : « j’ai travaillé 20 ans dans un dispensaire ». On serait mal inspiré quand on brandit la menace d’ « une médecine à deux vitesses » puisque « le social n’existe pas » précisément.

Le médecin chaumontais appelle à « dépassionner » le débat, et à ne pas faire preuve de « corporatisme ».

Avant de souligner qu’ « un salarié payé 25€/heure ne rapportera pas assez d’argent à son patron, à qui il coûte déjà 10€ en charges ».

Alors, oui, convient-il, « les jeunes médecins d’Andelot sont plus déculpabilisés, ça les embête moins » que leurs aînés. Au passage, « quand on est déconventionné, on paie plein pot l’URSSAF », pointe-t-il. En clair, l’argent ne se met pas à couler à flots. S’ils tarifent 60 € leur consultation, c’est bien plutôt « pour ne pas avoir la sécurité sociale sur le dos ». Qui, par exemple, l’a récemment rappelé à l’ordre lui-même : « J’avais prescrit trop de bandelettes… ». Le gouvernement peut toujours tenter de « dire à la CGT et Sud Rail que les salariés vont désormais travailler 3 h de plus à tarif inchangé, la discussion ne commencera même pas ».

Les médecins d’Andelot « ont signé un contrat d’installation il y a 5 ans et ils l’ont rempli », poursuit-il, « la responsabilité ne leur incombe pas ». Avant de fustiger le gouvernement qui a réussi ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait pu réaliser : faire l’union contre lui. « Entendre beaucoup de médecins dire qu’ils envisagent de se déconventionner, c’est violent ». Mais en somme de la même manière que les contraintes, voire les agissements coercitifs des autorités. « Hier, j’ai encore appris qu’il faut les prévenir qu’on ôte sa plaque 6 mois avant. Quel salarié démissionnaire a l’obligation d’un préavis pareil ? C’est enfreindre le droit du travail ».

Dr Olivier Lambert, président de MG France : « on est au pied du mur »

Pour le patron départemental du syndicat MG France, le déconventionnement des médecins était inéluctable. Maintenant, il revient à Emmanuel Macron de savoir s’il veut sauver le système de soins à la française.

« On est toujours en attente d’une renégociation ». Le président départemental du syndicat MG France le Dr Olivier Lambert précise que la récente discussion avec la profession, qui est close, porte sur la période 2017-2028. « Le déconventionnement est la conséquence du tarif arrêté. On pouvait s’y attendre ». La lettre de cadrage du ministre de la Santé François Braun pourrait ainsi « y être liée ». Du point-de-vue du Dr Lambert, « la CPAM n’avait pas le moyen de négocier ».

Déjà, un autre syndicat de la profession « ne signe pas les conventions avec la CPAM » depuis un moment. Pourtant, c’est « une formidable idée, issue du Conseil national de la Résistance » qui doit à ses yeux prévaloir : « chacun cotise selon ses moyens et est soigné selon ses besoins ». Les négociations portant sur la revalorisation du tarif de la consultation ont échoué, déplore le président de MG France. Toutefois, il y a « les personnes âgées, celles qui ont des faibles revenus, les familles nombreuses… dans un contexte de surcroît de salaires bloqués », qui font qu’ « (il) n’est pas sûr que (ce mouvement de déconventionnement) tombe au bon moment ».

Conjointement, le Dr Lambert « ne comprend pas l’attitude du gouvernement ». Comment réagiront les mutuelles, dont le Dr Terrien (à Andelot) indique qu’un « flou » les entoure ? « On voit qu’elles remboursent un peu tout et n’importe quoi. Nous, c’est la CPAM notre interlocuteur sérieux ». Parce qu’elle réfléchit aussi en termes de « parcours de soins », auquel MG France est attaché. « Imaginons que pendant 20 ans, le tarif de la consultation n’augmente pas… sachant qu’en la matière, la France pointe au 80e rang européen… ».

Et de signaler que le mouvement de déconventionnement devrait prendre de l’ampleur dans les départements les plus fortunés, comme les Alpes-Maritimes et les Hauts-de-Seine. « Ce n’est pas le système conventionnel qui nous fait mal travailler, mais l’épuisement professionnel ». Parce que la question tarifaire concerne exclusivement les professionnels secteur 1, ceux qui sont passés secteur 2 « s’adaptent à l’inflation ».

Ce qui paraît sûr au Dr Lambert, c’est qu’ « on est au pied du mur ». Aux ministères de Bercy et de l’avenue de Ségur… bref, au président Macron « de déterminer s’il faut sacrifier le système de soins à la française ». La fronde du déconventionnement qui se lève est en tout cas « sans précédent ». Et, en affectant en priorité les départements les départements les plus riches, celle-ci risque d’ « accentuer la disparité dans la répartition des médecins entre les territoires ». Autrement dit, un jeune médecin sera encore davantage tenté de rejoindre Nice par exemple, où sa patientelle pourra assumer son déconventionnement.

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