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Ancien théâtre municipal : diagnostic et perspectives 

En 1814, il pouvait y avoir 2 à 3 représentations par semaine, et le bâtiment pouvait accueillir jusqu’à 400 spectateurs

L’ancien théâtre, joyau fané du centre-ville a bientôt terminé sa sieste. Sous la houlette d’Anthony Koenig, directeur de projet Cœur de Ville, une étude a été menée sur le vieux bâtiment et l’Ecole de Chaillot en a fait une priorité. Le bâtiment, en cours d’auscultation, est loin d’avoir révélé tous ses secrets.

Mission de l’architecte : réaliser une étude sanitaire globale de l’édifice. Programme : diagnostics et estimations des travaux nécessaires à la réhabilitation. Le péril est venu du toit, dont la couverture n’assurait plus du tout son rôle d’étanchéité. Aujourd’hui les brèches sont colmatées, la récupération des eaux pluviale maîtrisée, et le bilan est plutôt bon, parce que bien que délabré, l’édifice a été bien bâti. Les sondages réalisés par le cabinet d’architecte Christophe Jacquot ont révélé une construction solide, des structures bois de chêne dans les plafonds, en bon état de conservation. Les moyens de sauvegarde à mettre en œuvre paraissent certes conséquents, mais au regard de la qualité du bâti et de la mémoire du lieu, ils s’avèrent en réalité modestes et peu coûteux. Bonne nouvelle pour les perspectives de réhabilitation de l’édifice, déterminées au sein de la mairie. Les perspectives sont encore floues, mais l’objectif est bien de rendre au saltimbanque fatigué sa vocation à accueillir du public.

Une histoire riche et mystérieuse 

A l’origine, le bâtiment est la Chapelle des Capucins, édifiée aux environs de 1599 par le Père Honoré, bien connu à Chaumont. Adossée au couvent, qui deviendra l’école Michelet, la chapelle comme le reste de l’édifice connaîtront un bien étrange destin. A la Révolution, l’ensemble est vidé de ses occupants, racheté par la Ville, et deviendra magasin, puis prison, puis école en 1816. La chapelle quant à elle abritera la « Société populaire » et sa troupe de comédiens, pour devenir dès 1792 le théâtre municipal tel que connu aujourd’hui. 

« La chapelle est vidée, et s’entame la construction du théâtre dans les murs et toiture d’origine. La charpente actuelle est celle du 17ème. Ce n’est pas un cas unique, beaucoup de biens vendus à la Révolution ont embrassé de nouvelles vocations. Au départ, le théâtre comportait deux niveaux de balcons », détaille Anthony Koenig. Le théâtre va connaître des modifications régulières, jusqu’à une très grosse rénovation en 1877 dont témoignent les parois et plafonds, objets d’un riche décor fait de véritables artistes peintres, stuqueurs et doreurs. Rosace conçue comme un trompe-l’oeil, coupole ouverte sur le ciel et cintrée de vases Médicis, c’est un chef-d’oeuvre des arts décoratifs évoquant Molière, Corneille ou encore Rossini. Du lustre à pendeloques il reste peu de choses, très probablement effondré. Dans les combles, d’autres absolues raretés bien que plus modestes : les mécanismes et poulies d’origine destinés au levage des décors. « C’est assez rare ce type de conservation. La modernisation a peu à peu supprimé tous ces vieux systèmes, comme il en reste à Versailles par exemple », confie Anthony Koenig.  

Néoclassique, cinéma, puis rideau

Le théâtre municipal a tout du théâtre à l’italienne classique. Mais la vraie particularité du bâtiment, c’est sa façade, drôle d’anachronisme néoclassique en pleine époque art déco. La façade telle qu’admirée aujourd’hui date de 1920. « Elle est étrange pour plusieurs raisons. C’est un décor porté qui rappelle les stuques (enduit qui donne une imitation réaliste du marbre ou de la pierre), comme on voit beaucoup à Venise, posé sur un mur de briques. Aucune sculptures en pierre taille, si répandues chez nous ». Anthony Koenig poursuit par le fait que l’édifice est loin d’avoir révélé tous ses secrets. Une chose est sûre, la réhabilitation est actée. L’extraordinaire bâtiment, devenu cinéma après-guerre, fermé depuis 1975, est en marche pour une énième vie, même s’il y a effectivement du pain sur les planches. 

Elise Sylvestre

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