AMF 52 : les maires ont rendez-vous à Nogent
Le congrès de l’Association des maires de France (AMF) de Haute-Marne s’ouvre ce samedi 7 octobre à Nogent. Il s’agira du dernier sous la présidence d’Anne-Marie Nédélec qui s’apprête à passer la main. Entretien sur les enjeux de cette rencontre attendue.
jhm quotidien : Agressions, menaces… Est-il plus difficile d’être maire aujourd’hui qu’il y a 20 ou 30 ans ?
Anne-Marie Nédélec : « Sans hésitation, je réponds oui ! C’est d’une part un problème plus général de rapport à l’autorité : on ne respecte plus rien. L’un des éléments que je pointe est l’impact des réseaux sociaux, qui sont le défouloir total et entraînent une confusion entre réel et virtuel.
Puis on filme les gens en train de caillasser des magasins, de mettre le feu… Et on a l’impression qu’il ne se passe pas grand-chose derrière. Il y a un sentiment d’impunité, avec une banalisation des menaces, des insultes et des actes, avec le sentiment que tout cela reste impuni.
A l’AMF, nous avons mis en place une plateforme dédiée et l’on martèle aux élus de ne rien laisser passer. Mais, le vrai problème est qu’il faut que cela suive derrière. Nous avons eu une relation privilégiée avec le procureur de la République qui est venu parler aux élus et a mis en place une adresse dédiée. Mais sur quelques cas graves, on n’a pas l’impression qu’il y ait beaucoup d’effets derrière… Quand il y a eu une agression violente et que l’on apprend derrière – parce qu’on demande – qu’il y a eu un classement sans suite, forcément ça ne peut pas aller !
C’est un sujet grave et cela aura des conséquences pour 2026 puisque ce sentiment d’insécurité et d’impunité ne va pas favoriser les candidatures. »
jhm quotidien : Quelles sont les grandes préoccupations du moment des maires haut-marnais ?
A.-M. N. : « Il y a beaucoup d’inquiétudes pour 2026, liées notamment au fait que les maires se sentent dépossédés, avec une perte de pouvoir et donc d’intérêt pour la fonction. Certains m’ont dit : « Si on est maires pour se faire insulter, régler les conflits de voisinage et arroser les fleurs, cela n’intéressera personne ». Les sujets les plus prégnants sont liés aux pertes de compétences en lien avec les transferts imposés, comme l’eau et l’assainissement. Cela se fait brutalement, de façon arbitraire, sans avoir consulté personne et sans garantir une efficacité supplémentaire.
L’autre grand sujet concerne le « Zéro artificialisation nette », dont on va parler lors de ce congrès. Il faudra que l’on se mette d’accord. Sur le principe de sobriété foncière, il n’y a pas de soucis. En revanche, priver des territoires ruraux comme les nôtres de toute perspective de développement, même très minime, c’est très mal vécu.
On entend aussi beaucoup parler de la « toute puissance de l’administration et des services », avec du zèle mal placé et je ne parle pas des prescriptions de l’ABF ou de celles des « cowboys de l’OFB » qui sont mal vécues aussi.
Les élus en ont aussi marre qu’on leur charge la barque inutilement. La commune, c’est l’échelon de proximité : c’est là qu’on a la meilleure connaissance des administrés et de leurs attentes. Communes et EPCI doivent être complémentaires et non en opposition. »
jhm quotidien : Décentralisation et recentralisation seront au cœur de cette rencontre du 7 octobre. Pouvez-vous détailler les raisons des tiraillements ?
A.-M. N. : « Quand on regarde ce qui se passe, tout est descendant, sans tenir compte des spécificités locales et notamment des territoires ruraux. Et quand on nous demande notre avis, c’est dans des conditions telles et un cadre tellement contraint que cela nous énerve plus que cela ne nous rassure. Par exemple, on nous demande notre avis sur les énergies renouvelables, avec des cartes que l’on doit fournir et des réunions publiques à tenir d’ici le mois de décembre.
On nous balance ça sans nous donner les éléments ! Quel est le maire – et je parle aussi pour moi – avec les services dont on dispose, qui est capable de sortir les cartes et de donner un avis argumenté et raisonné sur la géothermie ou le photovoltaïque ? Alors que l’administration a les éléments… On ne peut pas tout faire. C’est d’autant plus énervant quand cela vient de l’Etat, mais on est encore plus en colère lorsque ça vient des services de la Préfecture. »
jhm quotidien : Dans le cadre de ce congrès de l’AMF, le salon Agora 52 permet aux élus de rencontrer les partenaires. Ce temps fort est devenu incontournable…
A.-M. N. : « On avait décidé que l’on en ferait tous les trois ans, c’est-à-dire deux par mandat : six mois après leur élection, puis à mi-mandat. C’est toujours bien de rencontrer les partenaires. Le but est d’aider les maires dans l’exercice de leur mandat. Et le recours à l’AMF ne s’est pas démenti depuis le Covid. On était à un nombre de questions à l’année qui tournait autour de 700 et là, on était monté à 1 400 au moment de la période Covid et on reste à ce niveau élevé, autour de 1 200 questions. »
Propos recueillis
par Sylvie C. Staniszewski
s.chapron@jhm.fr
Mairie, AMF, Agglo, Anne-Marie Nédélec va passer la main
Elue sénatrice de la Haute-Marne, Anne-Marie Nédélec restera au Conseil départemental, mais s’apprête à remettre sa démission en tant que maire de Nogent, puis de l’AMF 52 par la suite.
« Le plus dur pour moi est de couper le cordon avec la mairie et la présidence des maires. Ce sont deux fonctions que j’ai exercées avec passion », précise la sénatrice qui doit remettre sa démission de maire de Nogent ce lundi 9 octobre. Elle restera conseillère municipale le temps d’élire le nouveau maire. Elle démissionnera de l’Agglo de Chaumont, puis de la vice-présidence du Conseil départemental mais continuera de siéger au Département.
« Je l’ai voulu, mais c’est difficile pour moi ! D’un côté, il y a la satisfaction de l’élection et de la confiance témoignée par mes collègues. Ça, c’est positif. Par contre, c’est aussi une remise en cause totale de tout ce qui était ma vie jusqu’à présent. Mon engagement a toujours été pour le territoire et non pour faire une carrière. (…) Je devrai aborder les dossiers avec une vision nationale. »
Anne-Marie Nédélec préside donc son dernier congrès des maires de l’AMF 52. De fait, n’étant plus maire, elle démissionnera d’ici quelques semaines.