Amélie Mauresmo (directrice de Roland-Garros) : « Pas de bonne solution »

La directrice du tournoi, Amélie Mauresmo, a été assaillie de questions sur la programmation du match Nadal/Djokovic en session de soirée qui a fait polémique. Elle assume. Et se réjouit des matches en soirée.

Comment voyez-vous ces matches de nuit alors que c’est compliqué d’obliger les joueurs à jouer si tard, dans des conditions humides, froides et contre leur volonté ?

Amélie Mauresmo : « C’est sûr que ce n’est pas simple. Je suis dans ma première année. J’apprends beaucoup de choses, en termes de programmation notamment, sur le tournoi. C’est certain que l’horaire des matches du soir, cela peut effectivement poser des questions de ce point de vue-là. Je me les pose aussi, pour être honnête. Je crois que le bilan, on le fera à la fin. On peut se dire que ce sont dix matches. Est-ce qu’on se dit dix matches, avec le jour de repos normalement après, pour revenir le surlendemain, finalement, ça passe ou pas ? Voire, pour Rafa, revenir encore deux jours après. Je n’ai pas la réponse pour l’instant. En étant dans le tournoi, c’est plus un peu jour après jour. »

On comprend les enjeux financiers parce qu’Amazon s’est greffé au tournoi depuis l’année dernière. Mais quel est l’intérêt pour les spectateurs, les téléspectateurs, les auditeurs ? Cela aurait pu finir à deux ou trois heures du matin, en semaine, mardi.

A. M. : « Je ne vous réponds pas cela, parce que si vous n’avez pas vu l’intérêt pour les gens qui étaient dans le stade hier soir… Je ne sais pas à quelle heure a fini le match ? 1 heure 15 ou 1 heure 30. C’était plein. Seulement une poignée de personnes est partie. Personnellement, les sessions de soirée, quand vous êtes dans le stade, pour moi, l’intérêt est évident. C’était plein tous les soirs. A mon sens, il y a un vrai intérêt, tant sur place que devant sa télévision, pour un grand nombre de personnes de pouvoir suivre le tennis après le travail en fait. Ce sont les retours que j’ai et que l’on a. Les sessions de nuit vont rester, évidemment. Mais, évidemment, on va essayer de voir si on change l’heure de début ou pas. Il y a énormément de paramètres à prendre en compte. Je pense que par la décision, en commun avec Prime, on a essayé de diminuer au maximum cette différence-là. Je pense que c’était aussi pour nous, tournoi, Fédération, pour le coup aussi, hyper important. Oui, il y avait du mécontentement, bien sûr, de la part de France Télévisions, et je le comprends à 100 %. Et on a parlé.»

Concernant les nocturnes, il y a eu seulement un match féminin. Est-ce un regret ?

A. M. : « Ce n’est pas un regret au vu des confrontations que l’on avait et de ce que l’on voulait présenter aussi à des spectateurs qui viennent avec un match unique, parce qu’on est dans cette configuration. Sur ce point, c’est vrai que c’était plus compliqué en ayant un seul match de programmé, un match de femmes, clairement. »

Nadal et Djokovic « n’arrêtent pas de me bluffer »

Etait-ce compliqué de décider de programmer Djokovic-Nadal en soirée ?

A. M. : « On le sait, c’était difficile, tout le monde le voyait venir, tout le monde le savait. J’ai l’impression qu’il n’y avait pas de bonne solution dans cette histoire. Effectivement, pour le coup, toutes les autres programmations, pour moi, c’était assez clair ce qu’il fallait faire. Là, c’était plus flou. Il y a eu beaucoup de discussions, d’échanges, plein de sujets, plein de pression évidemment sur ce point-là puisque tout le monde attendait de savoir la décision qui allait être prise. On a tout mis dans la balance. Encore une fois, on apprend, on a essayé de prendre certains diraient la meilleure décision possible, d’autres la moins mauvaise. A vous de choisir. On était dans le gris plus que dans le blanc ou le noir, clairement. »

Qu’est-ce qui vous plaît le plus pour votre première ?

A. M. : « La programmation. C’est ce qui me prend le plus de temps, et c’est complètement normal. Il y a bien sûr plein d’autres choses, surtout sur une vue beaucoup plus globale, toutes les informations opérationnelles, ce qui a bien fonctionné ou moins bien, tout cela m’intéresse énormément. Je veux vraiment avoir cette vision globale, qui peut concerner par exemple le transport, les entrées, les intersessions. »

Quel regard portez-vous sur les deux grands champions, Rafael Nadal et Novak Djokovic ?

A. M. : « Ils n’arrêtent pas de me bluffer, tout simplement. Ce sont des matches à part qui se jouent généralement entre ces deux-là. Je suis impressionnée à tous les niveaux par ce qu’ils nous proposent tennistiquement évidemment parce qu’ils font des trucs complètement dingues, mais physiquement et mentalement surtout. »

Propos recueillis par Nicolas Chapon