Ambroise Estienne, historien de l’Ordre des frères prêcheurs
CES ILLUSTRES INCONNUS DE LANGROIS. Denis Diderot, Jeanne Mance, Sabinus, Michel-Henry… Des Langrois, au fil des siècles, ont su marquer l’histoire de leur empreinte. Mais, à côté de ces héros incontournables, ils ont été nombreux à avoir une grande carrière dans leur domaine, tout en restant inconnus, ou presque, à Langres. Ce sont “les illustres inconnus de Langrois”. Aujourd’hui, Ambroise Estienne.
Notre “Illustre inconnu” de la semaine présente une caractéristique inédite dans cette rubrique. Il n’est tout simplement pas né à Langres. Mais ayant passé l’essentiel de sa vie dans la cité des remparts, Ambroise Estienne semble pouvoir, très raisonnablement, être considéré comme un éminent “Langrois d’adoption”.
« Eminent » est d’ailleurs le mot qui vient à l’esprit pour qualifier son gigantesque travail d’historien d’un ordre catholique bien particulier, auquel il appartenait d’ailleurs, celui des Prêcheurs ou Dominicains. Né en 1610 à Dombrot-le-Sec, une petite commune de la Plaine vosgienne (à proximité de Contrexéville), Ambroise Estienne est issu d’une famille très modeste. Sa vie, et celle de son petit frère Alexis et de ses deux sœurs Marguerite et Anne, va opérer un changement spirituel majeur en 1630, lorsque la famille héberge deux frères dominicains en voyage.
Ambroise Estienne rejoint le couvent langrois
Impressionnés par leurs propos et érudition, tous décident d’embrasser la carrière religieuse. Ambroise Estienne rejoint le couvent dominicain de Langres dès le 6 février 1631. Il y restera jusqu’à la fin de ses jours. Devenant érudit, il se spécialise dans la traduction, depuis le latin, de nombreux traités relatifs aux ordres catholiques. Le plus connu reste probablement le Traité des obligations, des règles et des constitutions des ordres religieux, publié en 1678. Il écrit également une monumentale Histoire des hommes, illustres et des écrivains de l’ordre des frères prescheurs, qu’il dédie à son ami, le cardinal Gravina.
Nombre de ses écrits nous sont toutefois demeurés inconnus. Certains n’ont jamais été publiés, faute de volonté de sa part, ou parce que le censeur de l’ordre dominicain s’y est opposé. Ce fut notamment le cas de Athenae Praedicatoriae, sive Bibliotheca Patrum sacri ordinis Praedicatorum. Ces ouvrages ont alors, selon toute vraisemblance, été conservés dans la bibliothèque du couvent langrois, mais ont disparu à la Révolution. Aucune trace n’en a jamais plus été retrouvée.
Parallèlement, Ambroise Estienne mène une carrière heureuse au sein du couvent dominicain de Langres. Son zèle et sa piété sont loués dans le livre de sacristie de l’établissement, dont il devient le sous-prieur en 1678. Il meurt à Langres le 31 mars 1695.
N. C.