France-Ukraine : deux ambassadeurs au château de Dinteville

L’ambassadeur de France en Ukraine et celui d’Ukraine en France étaient tous deux réunis ce samedi 1er avril à Dinteville afin de célébrer les liens historiques du château avec l’Ukraine.

Quelques années en arrière, l’événement n’aurait pas connu un succès aussi retentissant. Mais dans ce contexte de guerre en Ukraine, la symbolique est forte. Ce 1er avril, la famille de La Ville Baugé, propriétaire du château de Dinteville (vers Châteauvillain), recevait l’ambassadeur de France en Ukraine, Étienne de Poncins, et celui d’Ukraine en France, Vadym Omelchenko.

Le superbe château de Dinteville a autrefois servi de résidence à Grégoire Orlyk, cosaque ukrainien au service de Louis XV. Cela remonte au XVIIIe siècle. Également présente ce 1er avril, Iryna Dymytrychyn – maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales à Paris – a consacré une biographie à cet illustre personnage.

Les participants réunis à l’Orangerie, ont pu profiter de ses connaissances historiques sur le sujet. Lesquelles ont été resituées dans le contexte socio-culturel. Elle a expliqué être pour la première fois venue à Dinteville en 2003 consulter les riches archives conservées au château.

Emotion France-Ukraine

En présence de la marquise Antoinette de La Ville Baugé, de membres de la famille, d’Ukrainiennes hébergées à Châteauvillain, d’élus ou encore de la préfète Anne Cornet, un saule a été planté. Un arbre typiquement ukrainien, « qui s’enracine profondément pour puiser l’eau et qui pleure », soulignait l’ambassadeur Étienne de Poncins.

Cette cérémonie de plantation a bénéficié d’une éclaircie salutaire entre deux giboulées. Elle a été suivie de déclarations des deux invités d’honneur. A commencer par l’ambassadeur d’Ukraine en France dont les paroles ont été traduites par Iryna Dymytrychyn. « L’Ukraine est victime d’une agression à caractère impérialiste. Notre ennemi continue de dire que notre pays, notre langue et notre culture n’existent pas. Mais cette journée témoigne que l’Ukraine existe, qu’elle a existé et qu’elle existera toujours. Nous allons vaincre. La guerre se terminera et notre amitié ne prendra pas fin. Le peuple ukrainien est reconnaissant et remercie le peuple français pour ce qu’il fait », saluait l’ambassadeur ukrainien en France.

Étienne de Poncins, qui sillonne l’Ukraine sous la protection du GIGN, est quant à lui là « pour témoigner de l’Ukraine qui lutte ». Un pays en guerre où la France fait partie des premiers à avoir ramené des diplomates.

La préfète Anne Cornet, qui a également contribué à planter le saule de la fraternité, a pour sa part dit son émotion toute particulière. A double titre puisqu’elle connaît bien Kiev : la première mission à lui avoir été confiée par l’Etat français portait sur le renfort de la défense de l’Ukraine.

Sylvie C. Staniszewski

s.chapron@jhm.fr

Pourquoi cette journée ?

Originaire de Châteauvillain où il réside depuis une vingtaine d’années, l’ambassadeur Etienne de Poncins est actuellement en Ukraine. Du fait du conflit et des risques inhérents, sa famille n’est pas à ses côtés. Il rentre en France tous les deux mois.

Ce dernier a expliqué qu’en sillonnant l’Ukraine, il s’est rendu dans un petit musée situé dans la ville de Batouryn. Un espace y est dédié à Grégoire Orlyk. L’ambassadeur y a découvert avec plaisir des photos du marquis et de la marquise de La Ville Baugé ainsi que du château de Dinteville où a résidé le cosaque qui était au service de Louis XV. Ce jour-là, il a imaginé organiser une rencontre avec son homologue Ukrainien en France à Dinteville. Ce qui, pour la famille de la Ville Baugé était bienvenu d’autant que le marquis, décidé il y a quelques mois, était lui-même très attaché à perpétuer ces liens entre Dinteville et l’Ukraine.