ALUC : du moderne avec de l’ancien
Samuel Juillet et Olivier Champion ont repris deux sociétés en deux ans à Langres. Les vertus de leur amitié sont contagieuses. (JHM du 6 septembre 2016).
Olivier Champion et Samuel Juillet sont amis. La confiance qui scelle cette amitié participe grandement à la réussite de leur audacieux projet professionnel. Tout a commencé voilà bien longtemps aux Forges de la Ville, à Nogent. Samuel Juillet y gère l’informatique ; Olivier Champion assurait la maintenance. Les deux salariés se lient alors d’amitié. Chacun d’eux fait évoluer sa carrière, parfois en s’éloignant du Bassigny, mais sans se perdre de vue.
Voilà deux ans, leurs deux chemins convergent à nouveau, réunis par l’opportunité d’une reprise : les Ateliers langrois d’usinage et de chaudronnerie (ALUC). Les anciens Haut-Marnais se souviennent sans doute davantage de la première vie de cette entreprise : la SALEV. On y produisait, aux pieds des remparts lingons, des chariots élévateurs. La SALEV avait été reprise en son temps par six anciens salariés, créant ainsi ALUC. L’activité de maintenance des anciens chariots élévateurs s’estompait avec le temps au profit de la chaudronnerie, de l’usinage et de la soudure.
Lorsque Olivier Champion et Samuel Juillet reprenaient donc ALUC, en 2014, quatre salariés y travaillaient. Aujourd’hui, neuf personnes travaillent sur le site, dont sept à l’atelier. Cet atelier est particulier : son agencement à l’ancienne, ses machines qui ont subi, des ans et du travail des hommes, d’inévitables outrages, sont paradoxalement l’atout second de la société ; car ces outils-là peuvent tout faire si tant est qu’on en confie les commandes à des mains compétentes. Ces mains expertes, ce savoir-faire, cette analyse pertinente de l’attente du client, voilà l’atout premier d’ALUC : ses salariés : si la pièce à fabriquer ou à réparer est en métal, alors ALUC peut s’en acquitter. Notez bien le singulier : LA pièce. Il est ici à dessein ; le mouton à cinq pattes est typiquement de la compétence de l’entreprise langroise, à l’exact opposé des grandes séries uniformes. ALUC excelle dans le sur-mesure. Il faut sans doute voir là une des vertus qui ont séduit les sociétés voisines – et pas des moindres – de la zone industrielle des Franchises. ALUC réalise 90 % de son chiffre d’affaires “dans le quartier” ! Tout cela explique en partie les choix en matière de recrutement, qui se portent davantage vers des gens de 50 ans avec de l’expérience que vers des jeunes qui n’ont jamais touché une clé à molette.
Cette reprise a bénéficié du soutien de la Région (l’ancienne…), du GIP et de SNCF Développement.
Bien dans leur tête
Depuis deux ans, les deux compères ont dû gérer la reprise, redresser le chiffre, former le personnel afin de l’habiliter pour intervenir au sein des grandes entreprises. Si l’outillage est traditionnel, le management est résolument moderne et tient en une formule : «si les salariés sont bien dans leur tête, l’entreprise s’en sortira». Cela passe par l’autonomie de chacun. Et de toute évidence la transmission de l’enthousiasme et de la passion, qui sont ici des marques de fabrique.
Comme si tout cela ne suffisait pas, voilà 8 mois, ils optaient pour la croissance externe en reprenant Portes Automatiques Services (PAS) qui fabrique et pose des portes de garage et des portails automatisés. PAS propose aussi des prestations de grenaillage et de thermolaquage. Samuel Juillet dirige cette entité qui compte quatre personnes, à quelques kilomètres d’ALUC.