Allergies aux pollens : alerte rouge

Nez qui coule, gorge prise, yeux irrités… Les allergies aux pollens sont pénibles et ceux qui en souffrent sont particulièrement éprouvés cette année. Le docteur Éric Thomas, allergologue à Chaumont, explique pourquoi.

La carte de France du Réseau national de surveillance aérobiologique affiche un rouge vif sur l’ensemble du pays. Le secteur de la méditerranée est le seul à être moins touché par les pollens d’arbres ou de graminées.

Allergologue exerçant à Chaumont et à Paris une journée par semaine, Éric Thomas confirme que cette année, les pollens sont particulièrement présents. Ce qui cause bien des maux aux allergiques. « La pollinisation a commencé très fort cette année, presque un mois plus tôt, avec le noisetier en janvier », détaille le docteur Thomas.

Énormément de pollens cette année

Et depuis la dispersion des premiers pollens, ça ne s’est pas arrêté… Au grand dam des allergiques. « Depuis début avril, on a une recrudescence de pollen. C’est général. J’ai vu des gens que je n’avais pas vus depuis des années. D’habitude, ils vont voir leur pharmacien. Les pharmaciens sont les premiers au courant des gros pics d’allergie, ils sont en première ligne », complète le professionnel. Mais au vu de l’importance des pollens cette année, les allergiques reviennent vers le professionnel de santé.

Le remède consiste à prendre des antihistaminiques qui calment les réactions symptomatiques le temps de l’exposition. « Mais cela ne guérit pas l’allergie. La seule solution est de se faire désensibiliser », reprend l’allergologue. Un traitement épisodique à suivre sur plusieurs années et qui donne des résultats positifs « à 80 ou 90 % ».

L’une des solutions pour ne pas souffrir des allergies est d’éviter tout contact avec l’allergène. Pour cela, « le masque s’avère très efficace, on l’a découvert « grâce » au Covid ». Aussi, le docteur préconise d’en porter un pour tondre la pelouse ou en cas de balade dans les bois pour les personnes sensibles. Au passage, Eric Thomas tord le cou à une idée reçue : « On dit qu’il faut se laver les cheveux le soir et ne pas laisser son linge sécher dehors… Mais la réaction allergique se produit pendant la nuit suite à l’exposition qui s’est faite dans la journée. Cela ne change donc rien. »

Allergie oui, mais à quels pollens ?

Pour connaître la durée nécessaire d’un traitement symptomatique, encore faut-il savoir à quels pollens on est allergique. Pour avoir la réponse, il faut passer par une consultation chez un allergologue qui réalisera des tests. Les allergies aux pollens sont très variables selon l’expert rencontré. Pour les moins chanceux, allergiques à tous les pollens, le traitement symptomatique devra s’étendre de fin janvier jusqu’à fin septembre pour l’ambroisie.

Notons aussi que l’on ne naît pas nécessairement allergique… On le devient. Et ce, à n’importe quel âge de la vie ! « J’ai eu plusieurs personnes qui sont venues consulter pour la première fois à plus de 70 ans », conclut le médecin. A ce jour, il n’a pas détecté un seul patient allergique à l’ambroisie. Mais cela pourrait venir puisque cette plante, redoutée pour ses effets, est désormais présente en Haute-Marne.

Sylvie C. Staniszewski

s.chapron@jhm.fr

Le top trois des allergènes

D’après le docteur Éric Thomas, le top 3 des allergènes pour sa patientèle s’établit ainsi : « Les plus méchants, sont le bouleau, l’ambroisie puis les graminées. Les deux premiers sont particulièrement agressifs car ils peuvent provoquer de l’asthme, ce qui n’est pas toujours le cas du troisième. » Avec chaque nouveau patient, l’allergologue établit un « score de qualité de vie ». Il est à son sens indispensable « de savoir à quoi on est allergique pour savoir sur quelle période prendre les traitements », précise le professionnel de santé lui-même issu d’une famille « d’allergiques sur trois générations ».

Les pollens sont loin d’être les seules sources d’allergies. Parmi celles vraiment gênantes, le médecin évoque les allergies à l’iode et aux produits de contraste – employés pour les examens -, les allergies médicamenteuses et les allergies cutanées.

Rendez-vous dans le Sud-Est pour échapper aux allergies

D’après la carte réalisée ce 9 juin par le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA), le risque d’allergie sera élevé pour les pollens de graminées sur toute la France sauf autour de la Méditerranée où il sera de niveau moyen. Les nombreux orages qui traverseront le pays en cette fin de semaine s’accompagneront de fortes averses de pluie qui viendront donner un peu de répit aux allergiques en venant plaquer les pollens au sol. Mais attention au vent avant les orages qui favorisera pour sa part la dispersion des pollens.

Avec la forte humidité de l’air avant les orages, les pollens pourront se gorger d’eau et éclater en minuscules particules qui pourront pénétrer plus profondément dans les poumons. Le risque d’allergie ne dépassera plus le niveau faible pour les pollens de chêne, d’olivier, de plantain, d’oseille et d’orties (urticacées). Les tilleuls commencent leur floraison avec des allergies de proximité possibles.