Alizé, voie sans issue
LOGEMENT. D’ici la fin de l’année, tous les habitants de l’immeuble Alizé devront être partis, avant la destruction programmée du bâtiment de l’OPH. En attendant, ses derniers locataires déplorent l’insécurité causée par le squat régulier, sur des étages complets.
Depuis plusieurs semaines, Claudine vit dans l’angoisse. Cette locataire de l’Office public de l’habitat (OPH) réside au 16e et dernier étage de l’immeuble Alizé, rue Jean-Camus. Ce n’est pas la hauteur qui lui fait peur. « J’aime être le plus haut possible, j’ai vue sur la forêt », assure-t-elle. Le problème vient de la venue de squatteurs dans son immeuble, qui font des allers et venues aux 13e, 14 e et 15e étages principalement. Autant de niveaux complètement accaparés par des personnes extérieures à l’immeuble.
« On espère que tout soit finalisé pour décembre »
Pour comprendre la situation, il faut revenir quelques mois en arrière. Comme Aube, Loing, Andelle ou Yonne ou Orcade très prochainement, Alizé fait partie des immeubles bientôt rasés du patrimoine de l’Office public de l’habitat (OPH). Qui dit destruction dit relogement, ce qui a été fait en partie pour Alizé.
« Lorsqu’on a lancé le relogement en mai dernier, sur 94 logements, 50 % étaient occupés », précise l’OPH. Soit 47 foyers. Aujourd’hui, seulement dix familles restent à reloger. « Deux sont en cours, trois locataires signent bientôt leur nouveau bail et cinq logements sont en préparation pour des déménagements avant la fin de l’année », détaille Delphine Paillardin, directrice générale de l’OPH. « On espère que tout sera finalisé pour décembre », poursuit Cathy Michot, directrice clientèle. Des locataires qui s’installeront dans l’immeuble voisin Bise, ainsi qu’au centre-ville et à Gigny.
« On paye des charges et on n’a rien ! »
Mais en attendant, l’OPH n’investit plus et les locataires ne jouissent plus de tous les équipements des communs. La platine de l’interphone, par exemple, ne fonctionne plus. « Le bâtiment étant prévu à la démolition, la platine ne sera pas remplacée. Nous sommes conscients de la gêne occasionnée », indique une note de l’OPH accolée sur la vitre en bas de l’immeuble. « On paye pour les loyers et pour les charges et on n’a rien ! », peste Ahmed, un des locataires. « On fait des travaux beaucoup plus conséquents pour les relogements », justifie Cathy Michot.
« Dès qu’une colonne est fermée, au fur et à mesure, on sécurise, mais il y a encore du monde un peu partout c’est compliqué » reprend l’OPH, qui a muré les fenêtres du rez-de-chaussée et du premier étage, ce que ne comprennent pas les locataires encore présents. « Regardez comment on nous traite ! » déplore Ahmed, tandis que Claudine relève l’absurdité : « Ils nous ont emmuré mais laissent les portes ouvertes ! »
Ce qui encourage le squat, difficile à estimer. « Ce n’est pas rare que les squatteurs partent la journée, on voit du passage mais pas les personnes », observe Jean-Luc Amelon, président de la Confédération nationale du logement (CNL) et qui se rend régulièrement sur place. « Qu’ils viennent squatter sans casser à la rigueur, mais là, ils cassent tout, des portes ont été forcées ». Avec le dommage collatéral constaté : « Les locataires ont peur se de faire cambrioler. » « Et si jamais les squatteurs mettent le feu, on fait quoi ? », reprend Claudine.
N. F.
La police dans la boucle
Ahmed a été victime d’un vol à la fin de l’été, en pleine journée. Il s’est fait volé ordinateur, téléphone portable, vêtements et numéraire. Il a aussitôt alerté la police qui s’est rendue sur place, une plainte a été déposée dans la foulée.
Les fonctionnaires du commissariat bragard connaissent bien les problématiques d’Alizé. Mi-octobre, Claudine les a appelés trois à quatre jours de suite et plusieurs fois dans la nuit. « J’entendais des bruits étranges en-dessous de chez moi, j’avais peur, je sais que je vais déménager dans un mois mais mon voisin de palier part, je me retrouve seule. Il n’y a plus d’interphone donc on n’est plus en sécurité. Et si les squatteurs défoncent ma porte ? S’en prennent à mon chat ? »
L’OPH a aussi fait appel a à la police nationale. « On travaille en bonne collaboration avec eux, ils passent régulièrement, notamment le soir », assure Cathy Michot. Il est donc urgent que tous les relogements soient effectués. « Tous les locataires ont eu plusieurs propositions, certains sont un peu exigeants, qui ont été refusées, mais la situation est en train de s’arranger », assure le bailleur.