Alimentation : bien dans ses baskets, bien dans son assiette !
Depuis janvier 2023, Eva Dodin s’est installée comme diététicienne au Pôle santé, en face de l’hôpital de Chaumont. Son approche de l’alimentation ? Au diable les injonctions et les privations ! Il faut accompagner, guider, s’adapter à la personnalité et aux habitudes de vie de chacun.
« Faites pas ci, faites pas ça ! » Les injonctions, très peu pour elle. Bien gérer son alimentation ne se décrète pas : ça se mûrit, ça s’apprend. « Les vieux clichés des diététiciennes ont la dent dure, mais l’approche a changé et elle est plus moderne », fait remarquer Eva Dodin. A 26 ans, la jeune femme vient de s’installer en cabinet, au Pôle santé situé juste en face de l’hôpital, rue Jeanne-d’Arc.
Depuis 2020, elle a son diplôme de diététicienne en poche. Pendant deux ans, elle a cherché sa place. D’abord dans des milieux spécialisés, comme des foyers pour femmes, des Ehpad ou des MAS (maisons d’accueil spécialisées), près de Dijon, puis quelques mois en milieu hospitalier, à Neufchâteau. Une période qui lui suffit à comprendre qu’elle a besoin de davantage de contacts humains et d’échanges.
Elle finit donc par se lancer en libéral, en septembre 2022. « J’ai d’abord proposé de la téléconsultation et de la consultation à domicile avant de pouvoir m’installer dans un cabinet », raconte-t-elle. « J’ai la chance de faire ce que j’aime, même si l’équilibre reste encore à trouver ». Son installation récente ne lui permettant pas encore d’être totalement libérée des considérations financières, Eva Dodin cumule avec un second emploi de surveillante au lycée De-Gaulle de Chaumont.
Porte-monnaie réduits et convictions personnelles
« Je ne m’en cache auprès de personne, j’ai besoin de sécurité, le temps qu’il faudra », explique-t-elle. Pragmatique, elle envisage d’y intervenir, à terme, dans des ateliers culinaires qui permettront de sensibiliser sur le gaspillage alimentaire et d’apprendre aux lycéens à « se faire correctement à manger quand ils ne seront plus chez papa/maman ».
Proposer des solutions adaptables à des quotidiens chargés, à des porte-monnaie réduits, à des convictions personnelles… C’est le leitmotiv d’Eva Dodin. « Je suis dans l’accompagnement, le respect des idées, le travail vers l’autonomie », détaille-t-elle. Soucieuse de s’assurer que les démarches sont personnelles et non contraintes par quelques recommandations extérieures, la diététicienne se nourrit des rapports de confiance tissés avec sa patientèle. Elle y tient : « Je ne suis pas là pour donner des fiches de régime, des quantités à respecter. L’alimentation, c’est un environnement. Il faut comprendre pour mieux guider ».
« Pensez-vous que je mange des graines ? »
Aussi, dans son cabinet, pas de balance. Enfin, pas de balance ostensiblement campée sous le nez des patient(e)s. « Il n’y a pas de culpabilité à avoir parce qu’on a mangé telle ou telle chose. L’alimentation, cela ne doit pas être une charge mentale. » A ceux et celles qui n’en sont pas persuadés, elle répond : « Pensez-vous vraiment que je mange des graines ? Que je ne m’accorde pas des écarts ? Manger, c’est du partage, de la convivialité. Aller au restaurant, c’est profiter autour d’un bon repas ».
Le discours a de quoi interloquer une patientèle encore encline à se représenter la diététique comme une science exacte. « C’est aussi de l’humain ! », martèle Eva Dodin. Avec l’appli MonSuiviDiet, la spécialiste garde un lien, justement. Et crée un espace prompt à la confidence. S’ils le souhaitent, ses patients peuvent tenir un journal de bord, noter leurs difficultés, leurs doutes, leurs repas, comment leur corps et leur esprit ont réagi aux changements dans l’alimentation. « Dans l’appli, je propose des recettes personnalisées, des petits défis », poursuit-elle, en scrollant sur le téléphone en guise de démonstration.
Enfant, Eva Dodin rêvait d’être kiné. Les résultats de ses premières années de médecine ne lui ont pas ouvert les portes de cette spécialité. « Avec le recul, finalement, mon plan B, en diététique, est un plan A. J’adore cuisiner depuis toute petite et je voulais apporter du bien être. Mon métier me passionne. En somme, avec mes client(e)s, je plante des graines et j’attends qu’elles germent », image-t-elle. Assurément, Eva Dodin a trouvé sa place. Bien dans ses baskets, bien dans son assiette.
Delphine Catalifaud
Elle prend aussi soin… des pompiers
Depuis février 2023, Eva Dodin est la diététicienne officielle des pompiers du SDIS 52. Une histoire de rencontres, au bon endroit au bon moment, comme souvent dans la vie. « En juin 2022, je suis allée rendre visite à Anne-Charlotte Vagnerre, une diététicienne installée juste à côté du Pôle santé. Je voulais me présenter et l’informer de mon arrivée. Le feeling est très bien passé entre nous et elle m’a recommandée pour devenir la diététicienne des pompiers, une mission qu’elle occupait, alors qu’elle allait partir en congé maternité », se souvient Eva Dodin.
C’est ainsi que la jeune diététicienne a décroché le contrat. Les pompiers qui le souhaitent – professionnels ou volontaires – peuvent ainsi la consulter pour un suivi personnalisé. « Parfois aussi, ce sont des demandes du médecin des pompiers. Mais le traitement des pompiers est totalement similaire au traitement de mes autres clients. Il ne s’agit pas réellement d’un public à part ».