Alice Evrot, des pâtures à la cosmétique
Monde rural. Lumière sur l’exploitation agricole en jumenterie laitière d’Alice Evrot. A Sarrey et à Chauffourt, elle réalise des produits pour l’alimentation et la cosmétique.
Retour en juillet 2022. Des juments Haflinger à la robe blonde et à la crinière blanche étaient arrivées tout droit d’Italie pour rejoindre nos prairies haut-marnaises à Sarrey et à Chauffourt. Alice Evrot, jeune maman de deux petits garçons, exploitante agricole en jumenterie laitière est aujourd’hui créatrice de produits alimentaires et cosmétiques.
Traite à la main
Déterminée, elle mène son projet depuis bientôt trois ans. Un aboutissement dans lequel elle s’épanouit jour après jour. Après un long et rigoureux travail d’approche, de manipulations et de désensibilisation aux bruits, la jeune femme, en empathie complète avec ses juments, est parvenue à traire trois des sept juments depuis juin dernier.
Cet été, rares sont ceux qui n’ont pas eu l’occasion d’assister aux allées et venues d’Alice, munie de son seau et de son tabouret, s’en allant rejoindre les pâtures pour traire à la main des juments, sans attache, très vite coopératrices. A raison de deux traites par jour, en période de lactation (environ six mois), dans des conditions bien précises telles que le calme, parce que « l’aspect psychologique est très important pour garantir l’éjection du lait » ; une parfaite relation de sincérité entre la jument et sa propriétaire ; ou encore et surtout, en présence du poulain jamais très loin.
Cosmétique et consommation
Passionnée, Alice est loquace lorsqu’elle parle de son élevage, tout en elle vibre sur les mêmes ondes que ses chevaux. En parfaite harmonie, elle n’en est pas moins réaliste et considère ses animaux comme tels. Ils sont en prairie dix à douze mois par an, selon leur statut de femelles, jeunes ou étalons, nourris à l’herbe fraîche ou au foin, de l’eau à volonté, ils gambadent et s’abritent au gré des intempéries.
De juin à août, le lait recueilli a d’abord servi la cosmétique. Alice, depuis deux ans, collabore avec le laboratoire Biotic Phocéa, à Marseille, afin d’établir la recette parfaite. Le lait de jument naturellement riche en fer, associé au miel, sont deux éléments difficiles à stabiliser. La jeune entrepreneuse exigeante et rigoureuse n’a pas transigé jusqu’à l’obtention du produit idéal selon ses critères. A savoir une crème de soin, un anti-âge et une crème de douche à la fine fragrance d’amande pour une texture juste fluide et légère sur la peau. Sa marque Ecrin Blanc, certifiée cosmos organic garanti des ingrédients bio jusqu’à 100 %. Malgré le retard pris, les produits sont arrivés mi-décembre soulageant Alice qui a pu honorer ses commandes pour les fêtes.
Ensuite, à partir du mois d’août, le lait de la traite a été utilisé pour la consommation. En poches congelées et depuis peu en sachets lyophilisés (déshydratés), plus adaptés pour les cures. En effet, le lait de jument, comme elle aime à le préciser, « est très proche du lait maternel, il est riche en fer, magnésium et en vitamine C. Très indiqué contre les coups de fatigue et pour le confort intestinal, il permet de booster le système immunitaire ».
Elle ajoute que chez elle « il n’y a personne de malade, toute la famille en consomme tous les jours ». De la traite au conditionnement, Alice gère toutes les étapes (elle a suivi une formation avec un biochimiste pour l’utilisation de son lyophilisateur à domicile). Au printemps prochain, après la mise bas de ses pouliches, l’éleveuse les habituera au bruit du chariot de traite, la deuxième campagne pourra alors redémarrer.
De notre correspondante
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