Commentaires (0)
Vous devez être connecté à votre compte jhm pour pouvoir commenter cet article.

Alex Gilson : quand le jazz est là…

Il voue un véritable amour pour la contrebasse. (Photo François Zimmermann).

Originaire de Saint-Dizier, Alex Gilson est un contrebassiste de jazz français basé à Paris. Il a sorti un disque sous son nom en 2015 –  “La Bohème” – et se produit dans différents pays d’Europe. Un nouvel album sortira en cet automne/hiver 2022.

« J’ai grandi à Saint-Dizier, plus exactement à Le Fays, petit hameau commune de Trois-Fontaines-l’Abbaye, à la frontière entre la Marne et la Haute-Marne. La ville la plus proche étant Saint-Dizier, j’y passais le plus clair de mon temps, mon père étant originaire d’Eclaron et ma mère de Landricourt », confie Alex Gilson. La musique est arrivée assez tardivement dans sa vie. « Ma mère a acheté ma première guitare. Elle m’avait entendu jouer comme un acharné sur une mini-guitare pour enfant sur laquelle il manquait des cordes et qu’il était impossible d’accorder. Je jouais sur une seule corde les solos de Red Hot Chili Peppers, de Nirvana ou de Metallica. J’ai commencé simplement à l’internat avec des potes à gratter mes premiers accords vers 18 ans pour essayer de draguer les filles de ma classe », détaille-t-il.

Un premier groupe à 20 ans

« J’ai vite compris certaines choses. Je me voyais déjà corriger les mecs qui m’avaient montré des accords quelques semaines plus tôt. Je n’avais pris aucun cours et je n’avais aucune idée de ce qu’était le solfège mais j’entendais quand même la musique », glisse Alex Gilson. Il s’est vite mis à jouer du jazz manouche. « Peut-être parce que leur méthode d’apprentissage de la musique fonctionne comme ça. Ils ne savent pas mettre des mots sur ce qu’ils jouent, ils ne savent pas ce qu’est un Do ou un Sol mais la musique est là », assure le musicien qui a essayé le violon, la batterie, le piano. Et même l’accordéon. « Mon père avait réussi à m’en dégoter un d’un de ses collègues de bureau. Il me le prêtait juste comme ça pour que j’essaye. Deux semaines plus tard, je passais à sa boîte et je lui jouais deux-trois morceaux. J’ai appris d’oreille “Le Dénicheur”, “Les Amants de Saint-Jean” ou encore “La Foule” ». Alex Gilson monte alors à 20 ans son premier groupe avec ses amis de Couvrot, Joffrey, Nicolas, Fabien, Geoffrey et Willem, baptisé “Couvrot Connection”. Il était au chant et à l’accordéon.

« Je suis tombé amoureux de cette musique »

A l’âge de 22 ans, Alex Gilson arrête ses études d’infographiste et s’inscrit dans une véritable école de musique privée à Nancy. « Une école privée assez réputée qui coûte cher où l’on fait 40 heures de jazz par semaine. Je suis rentré dans la classe de jazz parce que j’avais entendu dire que si tu savais jouer du jazz, tu savais tout jouer. Faux ! Mais je suis tombé amoureux de cette musique », indique-t-il. « Une improvisation constante, exigeante, avec des connaissances et des savoirs qui sont presque mathématiques voire scientifiques, inventée par des Noirs américains descendant d’esclaves de champs de coton qui n’avaient que la musique pour s’exprimer. C’est exactement ce que je recherchais. C’était hyper dur. J’adorais ça. Et on m’apprenait enfin la théorie de la musique. Je pouvais enfin mettre des mots sur ce que je jouais. Tout devenait clair », poursuit Alex Gilson. Qui a pratiqué la contrebasse, «cet énorme instrument». « Je suis tombé amoureux de suite, aussi bien de l’instrument que du rôle que tu as quand tu joues de cet instrument. Tu te retrouves à être responsable du rythme et de l’harmonie tout en restant assez discret derrière. J’ai donc décidé d’arrêter tous les autres instruments, même la guitare, pour me consacrer qu’à la contrebasse », ajoute-t-il.

De Nancy à New York

Le musicien s’est ensuite dirigé vers le Conservatoire de Nancy, obtenant son diplôme d’étude musicale avec mention très bien à l’unanimité du jury. Tout en étant surveillant dans un collège. « J’ouvrais les portes du collège le matin à 7 h 30. A midi, j’allais à mes cours au Conservatoire et le soir je faisais des concerts. Et le lendemain matin je recommençais. C’était intense », se remémore Alex Gilson. Qui s’est par la suite installé à Bruxelles pour rencontrer plus de musiciens. « J’ai commencé à vraiment jouer et à gagner ma vie avec la musique. J’ai commencé à faire de vraies tournées dans toute l’Europe avec des musiciens du monde entier », poursuit-il. Avec l’envie de nouveaux challenges. Après un voyage à New York « où j’ai rencontré et joué avec de vraies pointures lors de jam sessions, une sorte de scène ouverte où les musiciens de jazz viennent s’affronter musicalement toute la nuit », Alex s’est rendu compte qu’il n’était pas au niveau et qu’il fallait travailler encore plus. « Je suis donc allé tendre une oreille à Paris où c’était beaucoup plus sérieux. J’ai fait la rencontre du pianiste Laurent Courthaliac, qui reste encore mon mentor aujourd’hui. La première fois que je l’ai rencontré, c’était lors d’une jam session au Duc des Lombards, un club mythique de Paris dans lequel j’anime maintenant les jam sessions tous les vendredis, et il m’a donné rendez-vous chez lui le lendemain. Quand je suis arrivé chez lui, il a commencé par me faire la liste des disques que je devais connaître par cœur. Il m’a ensuite donné un cours d’harmonie qui allait à l’encontre de tout ce que j’avais appris au Conservatoire, en m’expliquant que tout ce qu’on apprend dans les écoles est en fait tiré de livres que des Blancs ont écrit dans les années 50 pour essayer d’expliquer ce que les Noirs américains jouaient mais qui n’était pas correct. En une après-midi, je me suis retrouvé avec environ dix ans de travail devant moi et le sentiment que je commençais seulement mon apprentissage de cette musique », raconte Alex Gilson.

Un nouvel album cet automne

Les rendez-vous chez Laurent Courthaliac sont devenus réguliers et Alex Gilson est devenu son contrebassiste attitré. « Je joue tous les samedis et tous les lundis au sein de son trio au Sunset Sunside Jazz Club de Paris, un autre club mythique parisien. Et je continue d’apprendre cette musique car son apprentissage est infini », affirme le Bragard. A 31 ans, Alex Gilson vit à Paris et vient d’enregistrer son nouveau projet en tant que leader avec Paul Morvan qui s’appelle “Introducing Danger Zone” qui comprend des compositions personnelles et quelques arrangements de standards. Il sortira à la fin de cet automne sous le label Gaia Music. La tournée de la sortie de l’album est actuellement en préparation et des dates sont déjà programmées à Paris, Bruxelles, Madrid et Copenhague. « Je vais tenter de proposer le projet à la Ville de Saint-Dizier », annonce Alex Gilson. Pour qui ce serait un formidable moment que de pouvoir jouer dans la ville dans laquelle il a grandi. Avant la prochaine étape « d’aller s’installer directement à New York, capitale mondiale du jazz, pour une immersion totale dans cette musique ».

L’info en +

Alex Gilson est surtout un musicien Sideman. C’est-à-dire que ses services sont requis pour enregistrer avec un groupe de musique dont il n’est pas membre permanent. Dans un orchestre de jazz, il accompagne le leader. Il a notamment joué entre autres avec Stéphane Belmondo, Godwin Louis, Kirk Lightsey, Laurent Courthaliac, André Ceccarelli, Alain Jean-Marie, Champian Fulton, Charles Turner, Domi Degalle, Pierre-Alain Goualch ou encore Dorado Schmitt. Contrebassiste aux multiples facettes, il passe avec aisance d’un répertoire traditionnel New Orléans au big band et jazz moderne en passant par le jazz manouche.

Sur le même sujet...

Avrainville
Concert exceptionnel en l’église d’Avrainville
Musique

Initié par l’association Bien-être d’Avrainville, le concert de clarinettes, qui a été joué en l’église d’Avrainville dimanche 21 avril, a obtenu un succès largement mérité. Interprété par l’ensemble et le(...)

Langres
Une belle idée et 25 ans de musique
Musique

REACTION. A la suite de notre annonce du programme des Festi’Mardis, à venir pour cet été, Philippe Chanclu, président-fondateur de feue l’association Mélanges improbables, se félicite de la poursuite d’une(...)

Montier-En-Der
Après l’effort, les résultats à l’école de musique
Musique

Les élèves de l’Ecole de musique du Pays du Der ont passé leurs examens de fin d’année, samedi 13 et dimanche 14 avril, dans les locaux de Montier-en-Der. Ces examens(...)