Alchimie – L’édito de Christophe Bonnefoy
Trois pour le prix d’un, en quelque sorte. Et puisqu’on parle de prix, pour une fois, on n’est pas dans la boucle infernale de l’inflation. Ici, on parle de prix qui ont une valeur inestimable. D’un en particulier : le Nobel. Et pas n’importe lequel. Celui où l’infiniment petit, souvent, est l’élément essentiel de grandes avancées. Le prix Nobel de chimie.
Justement, Moungi Bawendi, Louis Brus et Alexei Ekimov viennent de se voir récompenser pour leurs travaux dans le domaine des nanoparticules. On connaît tous le mot. On sait qu’on touche au très, très, très petit… Mais difficile – surtout pour ceux dont les cours de chimie, jadis, s’apparentèrent à des séances de torture – de dire précisément quelles en sont les applications dans notre quotidien. Et pourtant… Les trois chercheurs ont bûché sans relâche sur les points quantiques, composants de la nanotechnologie, qui diffusent par exemple la lumière des téléviseurs et des leds. Ou ont une application directe en chirurgie. Pour simplifier à l’extrême : ils ont réussi à ouvrir la voie à une universalisation de l’utilisation de ces mystérieux – pour nous – points quantiques.
Accessoirement, mais ça n’est finalement pas qu’anecdotique, l’un des chercheurs est né en France. Le second aux Etats-Unis et le troisième en Russie. Une symbolique, pour le coup, qui n’a pas grand-chose à voir avec la chimie. Avec l’alchimie (entre scientifiques), éventuellement. Avec, surtout, le constat qu’on peut choisir, dans la vie, de se faire la guerre en permanence, dans tous les sens du terme. Mais qu’on peut aussi, à l’inverse, prendre ce qu’il y a de meilleur chez les uns et les autres pour tendre vers de grandes choses. Utopique, peut-être. Et pourquoi pas, d’abord ?