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Le nageur champion olympique Alain Bernard à Langres.

Alain Bernard : « Partager ma passion est fondamental »

Le nageur champion olympique Alain Bernard à Langres.
S’il a quitté les bassins depuis quelques années, Alain Bernard, double champion olympique, attache beaucoup d’importance à démocratiser la natation. (Photo : R. R.)

Double champion olympique, le Français Alain Bernard était présent à Langres, mardi 9 janvier, pour la cérémonie des vœux de la Municipalité et de la Communauté de commune. Il est revenu sur sa carrière, et évoque les JO de Paris à venir cet été.

Considéré comme l’un des meilleur nageurs du monde, Alain Bernard, aujourd’hui retiré des bassins, anime désormais régulièrement des conférences où il explique les clés de son succès. Ses nombreux titres européens et ses podiums aux championnats du monde lui confèrent assurément une certaine légitimité dans son domaine de prédilection.

jhmquoditien : Quel est l’objet de votre venue à Langres ?

Alain Bernard : « J’ai répondu à l’invitation de monsieur Pierrick White afin de promouvoir le sport, comme je le fais dans ma reconversion. Parler des valeurs du sport, de ce que cela peut véhiculer, générer des vocations sans forcément parler du haut niveau. C’est l’occasion, lors de cette cérémonie de vœux, de pouvoir faire passer des messages d’espoir. »

jhmquotidien : vous possédez l’un des plus beaux palmarès du sport français. Quel regard portez-vous sur votre carrière ?

A. B. : « Des fois, j’ai l’impression que c’est quelqu’un d’autre qui a fait tout ça. Et en même temps, je me remémore beaucoup de souvenirs, de difficultés et de défis. Pour arriver au sommet, cela a été un travail de longue haleine, de l’acharnement, de la persévérance. Il y a eu cette passion qui est née très tôt pour moi. Le côté équipe, groupe a été quelque chose de fondamental. J’ai eu la chance d’atteindre et de dépasser tous les objectifs que je m’étais fixés étant plus jeune. On a une chance de pouvoir s’exprimer à travers le sport. Pour moi, ce fut la natation. C’était loin d’être gagné d’avance. Je l’ai fait grâce à des clubs et à un entraîneur (Denis Auguin) qui m’a fait prendre conscience de mes capacités et qui m’a accompagné un bon bout de chemin. L’idée de transmettre et de partager ma passion est fondamental. »

« Léon Marchand a la tête sur les épaules »

jhmquotidien : Les Jeux olympiques de Paris vont vite arriver. Comment jugez-vous le niveau de la natation française ?

A. B. : « On a de très belles pépites et des nageurs confirmés avec, bien sûr, Léon Marchand et Maxime Grousset en têtes d’affiche. Florent Manaudou n’a pas dit son dernier mot. Les nageuses françaises se portent très bien aussi. Elles peuvent prétendre non seulement à une finale mais à un podium également. Le bilan peut s’avérer très bon lors de ces Jeux de Paris. Léon Marchand a la tête sur les épaules. Il est extrêmement fort et doué. C’est un bosseur. Lorsqu’on réunit toutes ces qualités, cela procure de très belles émotions. »

jhmquotidien : L’éclosion de Léon Marchand est tout sauf une surprise…

A. B. : « Il s’agit d’une éclosion relativement précoce. Ce n’est pas une suprise de par sa formation, son cursus, son histoire avec son entraîneur de toujours à Toulouse et son passé familial avec ses parents qui ont un excellent niveau international. Mais rien n’est acquis d’avance. Léon a beaucoup travaillé et aujourd’hui il est récompensé de ses efforts. Il n’est qu’au début de sa carrière. Je suis un peu superstitieux, donc chaque chose en son temps. Il a l’air d’être épanoui aux Etats-Unis. En France nous avons des sportifs de très haut niveau, mais qui s’expatrient à l’étranger pour pouvoir mener leur double projet, et cela est bien dommageable. »

jhmquotidien : Disputer les Jeux olympiques à domicile, cela doit être fabuleux…

A. B. : « Cela doit être extraordinaire. A 15 000 kilomètres, c’était déjà excitant de représenter son pays. Il risque d’y avoir une super ambiance en France. C’est très français : il y a des détracteurs qui mettent le doigt sur le coût des JO. Mais il ne faut pas raisonner comme cela. Ces JO vont susciter un énorme engouement. C’est cela qu’il faut retenir. On a la chance d’accueillir le monde du sport en France. On va pouvoir faire passer des messages très fort dans la société française sur l’engagement dans le sport, être en bonne santé physique, prendre soin de soi et des autres… Depuis mon arrêt de carrière, j’essaie de véhiculer ces valeurs. »

jhmquotidien : que pensez-vous du site choisi (Paris La Défense Arena) pour la natation ?

A. B. : « Il y a un côté qui est un peu dommageable avec le fait que le bassin dans lequel vont se dérouler les épreuves de courses en natation  ne restera pas sur site, puisqu’il sera déplacé dans la commune de Sevran. Néanmoins, dans le contexte écologique et économique, le site choisi est raisonnable. Nous allons avoir un superbe centre aquatique olympique qui va pouvoir accueillir des championnats d’Europe. Aujourd’hui, le plus important est d’apprendre à nager à notre population. »

Recueillis par Romain Randoing

Alain Bernard en bref

Deux fois champions olympique à Pékin en 2008 (100 m nage libre) et à Londres en 2012 (4×100 mètres).
Champion du monde à Dubaï en 2010.
Sept fois champion d’Europe en 2004, 2007, 2008, 2010, 2012.

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