Agriculture en Haute-Marne : une année catastrophique pour les abeilles et la production de miel
En produisant à peine 3 tonnes de miel cette année au lieu d’une moyenne de 20 tonnes par an, Mathieu Voillemont parle aisément d’année catastrophique. Il en donne les raisons : la météo, bien sûr, mais aussi la quasi-disparition du colza soulignant ainsi que les meilleurs alliés des apiculteurs sont les agriculteurs.
Doux euphémisme lorsque Mathieu Voillemont, apiculteur à Oudincourt, parle de 2021 comme d’une année « compliquée pour les abeilles ». En fait, l’année est catastrophique. Le producteur de miel se souvient d’un fort démarrage en février avec chaleur et soleil qui ont réveillé les ruches.
Ensuite, tout s’est écroulé avec des gelées qui ont altéré la floraison puis les pluies et la fraîcheur qui ont fait couler les fleurs et qui ont freiné les ardeurs des abeilles. Mathieu Voillemont parle de trois mois de mauvais temps avec l’obligation de complémenter les ruches avec du sirop pour nourrir et maintenir en vie les abeilles. Sans cet apport, il aurait perdu plus de la moitié de son cheptel.
Année zéro en production
Le bilan de l’apiculteur pour la récolte de miel de printemps est assez vite effectué par l’apiculteur : « il est nul. Zéro ». Il évoque plusieurs effets combinés très intéressants : le mauvais temps donc et la quasi-disparition de la culture de colza. Le premier critère a stoppé les sorties des abeilles du fait de l’absence de chaleur et des averses qui les perturbent dans leur miellée. Pour le colza, la culture est essentielle pour fortifier les ruches. Les abeilles s’en nourrissent et sa disparition affaiblit les cheptels. Les meilleurs alliés des apiculteurs sont les agriculteurs. D’ailleurs, Mathieu Voillemont observe que, dans les secteurs où il reste du colza, « les apiculteurs s’en sortent mieux ». Problème : ils subissent davantage d’essaimages et donc de départs de colonies.
Résultat, à Oudincourt, avec ses 600 ruches, d’une production moyenne de 20 tonnes par an, il est passé, cette année, à trois tonnes. Et encore, comme il le dit, « ce sera déjà bien ». Ce tonnage ne compense même pas le sirop apporté aux colonies soit quatre tonnes.
Qualité moyenne due à l’humidité
Pour compléter ce tableau assez sombre, la qualité du miel est jugée « moyenne » avec un taux d’humidité trop élevé qui altère la conservation sur la longueur et la durabilité dans le temps. L’apiculteur des Ruchers de l’Etoile explique que les abeilles n’arrivent pas à faire descendre ce taux en deçà de 18.
Du côté des différentes variétés de miel, là encore, le bilan est sans appel. Les acacias ont gelé. Les fleurs de tilleul ont coulé et il est encore trop tôt pour parler du miel de sarrasin et de tournesol. Avec ces plantes, se pose le problème des floraisons tardives et donc des miellées tardives peu productives. De plus, elles retardent les traitements du varroa, l’acarien parasite de l’abeille adulte qui, lui, n’a pas été incommodé par cette année atypique.
Mathieu Voillemont espère vite la fin de l’année même s’il sait que, comme tous les éleveurs, il est à la merci de la météo. Il note l’étonnant décalage entre les deux années qui viennent de s’écouler. Il est passé de « l’exceptionnel en 2020 au plus terrible en 2021 ».
Frédéric Thévenin – f.thevenin@jhm.fr
Comment se sortir de cette impasse ?
Face à cette année catastrophique et en attendant, peut-être, des aides de l’État, Mathieu Voillemont a choisi d’investir. Il travaille du vivant et les années se préparent à l’avance. Du coup, il développe l’élevage de reine pour des ruches d’une qualité maximale en 2022. Comme il le dit, « il met le paquet sur le renouvellement afin d’obtenir un cheptel dans un état sanitaire optimal » même si, pour lui, la disparition du colza pose un réel problème.
D’un point de vue économique, le Gaec des Ruchers de l’Etoile va réduire au maximum ses charges et va s’appuyer sur ses stocks qui permettent, comme pour le vin, aux bonnes années de compenser les mauvaises.
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