Agglomération : accord sur la rémunération des agents
Il aura fallu un rassemblement et le dépôt d’un préavis de grève, pour que les agents de l’Agglo obtiennent en partie gain de cause. Un accord a en effet été trouvé sur le régime indemnitaire et sur la prime de pouvoir d’achat. Mais tout n’est pas encore réglé.
« Je veux alerter mes collègues de l’Agglo sur l’énormité de ce qu’on nous demande de voter ce soir. Enormité dans l’injustice ! » Mais qu’est-ce qui a bien pu énerver autant Jean-Luc Bouzon ? Lundi 29 janvier, les élus de l’Agglo devaient se prononcer sur une délibération concernant le Rifseep, le régime indemnitaire des agents de la collectivité. Celui-là même qui avait poussé près de 150 d’entre eux à se rassembler devant la mairie le 15 novembre 2023. « Notre vote va entériner une sacrée injustice au sein du personnel », a poursuivi l’élu communiste bragard. « Aujourd’hui, ceux qui trinquent sont les plus bas salaires. Un certain nombre d’agents, tout en bas de l’échelle, se sentent lésés et la colère gronde… »
« La caricature n’amène jamais à rien de bon. Et vous êtes dans une caricature absolument considérable. »
Et Jean-Luc Bouzon de citer des exemples pour étayer son propos : « Prenons un attaché hors classe, en haut du panier : en 2023, 18 740 euros. En 2024, 23 280 euros. Une augmentation brute de 4 540 euros, soit plus de 378 euros par mois. D’ans l’autre sens, vous prenez un rédacteur 1ère classe : en 2023, 5 810 euros, en 2024, 5 900. Une augmentation royale de 90 euros bruts, ce qui fait 7,50 euros par mois. »
Et selon lui, « certains syndicats n’ont pas eu le choix dans les discussions. C’était ça ou rien. Quand on est pris dans un étau comme ça, effectivement, on prend le minimum… Voilà ce que l’on nous propose de voter. Croyez-moi, vous êtes en train de démotiver encore plus les communaux. Vous n’en avez pas fini avec le personnel de l’Agglo, parce qu’ils sont écœurés ! »
« La caricature n’amène jamais à rien de bon »
Un discours qui a fait sortir Quentin Brière de ses gonds. « La caricature n’amène jamais à rien de bon. Et vous êtes dans une caricature absolument considérable », lui a-t-il rétorqué. « Vous laissez entendre, et c’est le premier point qui est insupportable, que tout ça est imposé et est fait sans dialogue avec les organisations syndicales. Ça s’approche du mensonge. » Voilà pour la forme.
Rétablir des déséquilibres entre agents de l’Agglo
Mais le président de l’Agglo n’en avait pas fini avec son recadrage. « Mais surtout, ce Rifseep est là pour rétablir des déséquilibres. Oui, il y a des agents qui ont eu des augmentations importantes, mais c’est parce qu’ils étaient considérablement mal payés ! Et il y a d’autres agents, dans d’autres catégories de fonction, dans d’autres métiers, qui n’ont pas eu d’augmentations importantes, parce qu’ils étaient déjà bien payés par rapport à leurs collègues. »
Et Quentin Brière de poursuivre : « Et vous osez, en plus, sous-entendre que nous ne prenons pas soin des plus petits salaires, alors que nous venons de voter une prime, dont j’ai décidé qu’elle ne s’appliquerait qu’aux plus bas salaires. Vous êtes complètement incohérent dans la façon dont vous soulignez les choses. Et si tout est injuste dans cette collectivité, vous n’auriez pas dû voter la prime. »
Le vote du CIA reporté
Une prime de pouvoir d’achat que la collectivité avait, dans un premier temps, refusé aux agents. Mais le rassemblement du 15 novembre et le préavis de grève déposé dans la foulée ont finalement fait céder la collectivité. Chaque agent qui touche moins de 2 000 euros nets par mois se verra donc octroyer une prime annuelle allant de 250 à 400 euros, « avec la logique qui veut que moins vous avez de rémunération, plus vous avez de prime », a souligné Quentin Brière.
Le CIA attendra
Ne reste donc plus qu’un point à régler, celui du complément indemnitaire annuel (CIA). Alors que l’Agglo proposait 1 000 euros pour les agents de catégorie A, 700 euros pour les catégories B et 500 euros pour les catégories C, les agents souhaitent une prime de 800 euros bruts pour tous les agents. « Nous avons décidé de reporter le vote sur le CIA parce qu’il n’est pas obligatoire et qu’on ne s’est pas entendu sur ce point avec les syndicats. Ce report nous a donné la possibilité d’octroyer une prime de pouvoir d’achat, alors que dans beaucoup de collectivités, c’est zéro », a conclu Quentin Brière.
P.-J. P.