AFMD : « Les valeurs de la démocratie sont fragiles »
MÉMOIRE. Réunis en assemblée générale, les Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation sont revenus sur les deux dernières années difficiles, le contexte géopolitique actuel et l’année à venir.
« 2022 ressemble plus à une année normale. Pourvu que ça dure. » Christian Bardin a préféré jouer la carte de l’optimisme, samedi 23 avril, à l’occasion de l’assemblée générale des Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation (AFMD), qu’il préside. Le rendez-vous était fixé au lendemain de la journée nationale du souvenir des victimes de la déportation, qui, exceptionnellement, n’a pas eu lieu le dernier dimanche d’avril (voir ci-dessous).
Deux ans compliqués…
Ce regain s’optimisme s’opère après deux années compliquées pour la délégation locale de l’AFMD, pour les raisons que l’on connaît tous. De ce fait, en 2021, aucune exposition, aucune conférence, aucune intervention en milieu scolaire… Les seules activités ont concerné l’organisation de la journée nationale du souvenir en comité restreint, et d’une cérémonie commémorative sur la Rafle du Vel d’Hiv, mi-juillet. Sans oublier les participations aux hommages habituels. En parallèle, trois membres de l’AFMD se sont rendus à Caen pour l’assemblée générale nationale de l’association.
« Nous sommes à disposition des communes et des écoles. »
A noter également la participation au Concours nationale de la résistance et la déportation (CNRD), avec la correction des travaux départementaux à Chaumont, avant la remise des prix en juin à Colombey-les-Deux-Églises.
…mais une motivation intacte
Malgré tout, « nous avons une quarantaine de membres. Nos effectifs ne baissent pas », observe Christian Bardin. En revanche, « la moyenne d’âge augmente ». Ce constat est parfaitement illustré par les membres du bureau : « Ce sont les mêmes depuis quinze ans ».
Au mois d’avril, l’association a une nouvelle fois participé dans le cadre du CNRD où « le niveau était ahurissant », de l’aveu du président.
L’après-midi même de cette assemblée, l’AFMD organisait sa traditionnelle veillée devant la stèle commémorative. D’autres temps forts suivront, comme le double hommage, le 17 juillet, en mémoire de la Shoah et de la Rafle du Vel d’Hiv. Au quatrième trimestre de l’année, les membres de la délégation locale aimeraient organiser une conférence ou une présentation de film. Mais l’idée qui a fusé au cours de l’assemblée, c’est une exposition : « Cela fait 7-8 ans qu’elle n’a pas été sortie ». « L’Office de tourisme serait le lieu idéal ».
Et d’ici là, « nous sommes à disposition des communes et des écoles pour faire quelque chose sur la mémoire », annonce Christian Bardin.
En 7 ans, rien n’a changé (ou presque)
En préambule de l’assemblée, Christian Bardin a tenu à relire une lettre datant de 2015, période où la France était touchée par une vague d’attentats. Echo direct aux élections présidentielles du week-end et la situation géopolitique en Europe. Un discours mêlant simple constat et interrogation sur l’avenir. « Il y a sept ans, je vous parlais de la montée progressive d’un parti extrémiste qui avait toutes les chances de devenir le premier parti de France. Le vote honteux, devenant un vote banal, puis un vote revendiqué. » Aujourd’hui, « ces idées ont contaminé d’autres partis, jusqu’à la création d’un deuxième, encore plus extrémiste. » Une façon de rappeler que « nous portons cette mémoire, notre action est indispensable », tout en s’interrogeant : « Mais pour quel impact ? Les personnes qui assistent à nos cérémonies sont déjà converties si je peux dire. Il faut donc réfléchir pour contrebalancer certaines choses. »
Avant de conclure : « Les valeurs de la démocratie sont fragiles, il ne faut pas jouer avec. »
Louis Vanthournout