Affaire Mila : un Tchétchène interpellé à Langres
Un ressortissant tchétchène a été interpellé, ce mardi 31 août, à Langres, suite à un signalement des services de renseignement. Agé de 17 ans, le suspect a été repéré suite à des échanges en lien avec l’affaire Mila.
L’information a été révélée, ce mercredi 31 août au matin, par nos confrères du Point. Suite à une alerte émise par les services de renseignement, un ressortissant tchétchène a été interpellé, au lever du jour, à Langres, dans un appartement des Quartiers neufs. Agé de 17 ans, Saïd A a été placé en garde à vue dans le cadre d’une procédure ouverte pour « apologie du terrorisme ». Cette interpellation serait directement liée à l’activité du suspect sur les réseaux sociaux dans le cadre d’échanges en lien avec le dossier Mila. Pour rappel, la jeune Mila concentre la haine de nombreux intégristes suite à des critiques de l’islam publiées sur son compte Instagram en janvier 2020. En juin dernier, treize prévenus avaient comparu, à Paris, suite à une série de menaces de mort proférées à l’encontre de l’adolescente.
Un mineur de 17 ans né en Russie
Mila continue d’être prise pour cible par des activistes religieux basés à l’étranger et de jeunes radicalisés établis en France. Sur la base d’éléments communiqués par une cellule de renseignement basée à Paris, le Parquet de Chaumont a ainsi saisi les services de la Police judiciaire de Reims afin de procéder à l’arrestation du suspect, « mineur de 17 ans né en Russie et installé depuis plusieurs années en France avec sa famille », comme a pu le confirmer Frédéric Nahon, procureur de la République. Selon nos informations, la demande de naturalisation du réfugié n’avait pas encore abouti.
Matériel informatique saisi
“ Des éléments de radicalisation ont été retrouvés lors de l’interpellation, selon la police, sans préciser de quels éléments il s’agit à ce stade ”, rapporte Aziz Zemouri, journaliste au Point. Du matériel informatique a notamment été saisi selon nos informations. L’examen des données contenues dans ce matériel pourrait livrer de précieux éléments. « Placé en garde à vue à Reims » suite à une interpellation « sans heurts », Saïd A sera selon toute vraisemblance présenté aujourd’hui devant le juge d’instruction du Tribunal judiciaire de Chaumont en vue de sa mise en examen. Un éventuel transfert du dossier à Paris n’est toutefois pas écarté.
« Une vigilance particulière »
Préfet de Haute-Marne, Joseph Zimet a pu faire état d’une « vigilance particulière » des services de renseignement visant des adolescents et jeunes hommes, des enfants de réfugiés nourrissant leur radicalisation via des forums en ligne utilisés par des réseaux djihadistes. Si établissements pénitentiaires et lieux de culte ont longtemps été des lieux de recrutement privilégiés par ces réseaux, Internet fait aujourd’hui figure de principal espace d’échanges entre prosélytes et potentielles recrues, des adolescents et jeunes hommes scolarisés, intégrés et discrets tentant de passer sous les radars des services de renseignement en usant des nouvelles technologies. Cet « activisme numérique » a été mis en lumière dans le cadre de nombreuses arrestations opérées ces derniers mois sur le territoire national grâce à la veille opérée par les services de renseignement.
T. Bo.
Un inquiétant précédent
Des membres de la communauté tchétchène ont été au coeur de l’actualité ces derniers mois dans le département. En août 2020, à Saint-Dizier, seize ressortissants tchétchènes extérieurs au département avaient été interpellés alors qu’ils prenaient la direction du quartier du Vert-Bois suite à un différend entre un des membres de leur communauté et des jeunes du quartier. La motivation religieuse de cette « descente » avait été écartée.
Plus inquiétant. En novembre 2020, Ismaël G, ressortissant tchétchène âgé de 18 ans avait été interpellé, à Chaumont, en raison de « ses liens avérés » avec l’assassin de Samuel Paty (notre édition du 7 novembre 2020). Via un célèbre réseau social, le jeune homme avait partagé des contenus abjects saluant la décapitation du professeur d’histoire-géographie survenue, le 16 octobre 2020, aux abords du collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) où la victime enseignait. Mis en examen pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle », le Chaumontais est à ce jour maintenu en détention provisoire.