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Affaire Meunier-Ardinat-Bruyère – 2ème journée

Fatal déferlement de violence

Photographies et rapport d’autopsie ont replongé Mathieu Meunier, Steven Ardinat et Kévin Bruyère dans l’horreur d’une déferlement de sévices, hier, au cours d’un procès susceptible d’être marqué par les aveux précis et circonstanciés des trois accusés.

 

La vérité pourrait enfin surgir du box des accusés. Appelés à livrer un strict et juste déroulement des faits survenus dans la nuit du 16 au 17 juillet 2009, Mathieu Meunier, Steven Ardinat et Kévin Bruyère seront restés muets au cours d’une deuxième journée de procès marquée par l’intervention du Docteur François Dumontier. Parents et proches de Cyrille Segard auront fait face à l’horreur de photographies projetées sur une toile immaculée. Jambes fléchies, brûlée au troisième degré aux niveaux des cuisses et du bassin, le visage déformé et tuméfié, la victime repose sur un tapis de verdure à quelques mètres de meubles de fortune disposés à l’ombre d’un feuillu. Quand le Dr Dumontier décrit une «embarrure pariétale droite», l’assistance découvre une boîte crânienne transpercée sur une base et une profondeur de plusieurs centimètres. «Je me suis renseigné afin de savoir si une des personnes portaient des bottes à bouts ferrés et triangulaires», indiquait le médecin avant d’exclure un recours à une pierre ou un coup de poing américain. Si l’origine de l’embarrure ne peut être clairement définie, un pavé de calcaire de huit kilos a vraisemblablement été utilisé : lancé à une ou plusieurs reprises, le projectile aurait «fracassé la face» de Cyrille Segard. Brûlée au troisième et deuxième degrés sur 70 % du corps, orbites, mâchoire et rocher gauche fracturés, la victime serait décédée des suites d’une «conjonction de violences».

Versions fluctuantes

Les conclusions du médecin renvoyaient aux éléments recueillis au cours de l’enquête menée par les gendarmes de la Section de recherches de Reims. Les révélations d’une ex-compagne de Kévin Bruyère conduisaient à l’interpellation, le 23 juillet, des trois suspects, réfugiés dans la Marne, chez un ami résidant à Cernay-en-Dormois. Souhaitant protéger Steven Ardinat, Kévin Bruyère affirmera avoir agi seul avant de reconnaître la participation de Mathieu Meunier. Steven Ardinat se présentera en simple témoin des faits avant de revenir sur sa version des faits. Mathieu Meunier se montrera plus disert. Frappé par Steven Ardinat et Kévin Bruyère, Cyrille Segard se serait effondré, comme mort, après avoir essuyé un coup de pied porté par Mathieu Meunier. La panique aurait alors gagné le groupe. La suite demeure confuse, les versions des prévenus variant au fil des auditions. Invités à s’exprimer, les accusés auront, aujourd’hui, l’occasion de définir leurs responsabilités respectives.

«Dangerosité sociale»

La deuxième journée d’audience aura également permis à magistrats et jurés de sonder la profonde misère humaine transpirant des rapport dressés par psychologue et psychiatre. Le Dr Darbourg pointait un «risque de déséquilibre psychotique», un «déséquilibre psychique sévère» et la «dangerosité sociale» des trois accusés «pénalement responsables», trois écorchés vifs minés par une insécurité affective favorisée par des parcours familiaux empreints d’une succession de souffrances et de désillusions. Entretiens avec des psychologues du Centre médico-psycho-pédagogique de Langres, placements en famille d’accueil ou foyer, condamnations par le tribunal pour enfants et mesures de suivi socio-judiciaire n’auront jamais permis aux trois accusés d’atteindre une forme de paix intérieur.

Hantés par d’affreux cauchemars, Steven Ardinat et Mathieu Meunier ont débuté un travail avec psychologue et psychiatre. «Ces soins peuvent-ils leur permettre d’assumer ce qu’ils ont fait», questionnait l’avocat général. «On peut le penser, répondait le docteur Darbourg. Leur intérêt est de parvenir à verbaliser leurs actes.» Par simple respect pour trois orphelins à jamais privés de leur père.

 

Témoignage de l’adjudant-chef de la Section de recherches de Reims

Une enquête rondement menée et des mystères persistants

Profitant d’un témoignage déterminant, les gendarmes langrois et rémois n’auront mis que quelques jours avant d’appréhender Mathieu Meunier, Steven Ardinat et Kévin Bruyère. Rondement menée, l’enquête n’aura toutefois pu aboutir à établir les responsabilités de chacun.

Après avoir rapidement pu identifier la victime grâce à la présence sur le corps de nombreux tatouages, les gendarmes ont exploité des informations colportées par les proches des accusés. De nombreux textos et appels téléphoniques ont également nourris les soupçons des enquêteurs. «Le 18 juillet, Meunier a confirmé avoir vu Ardinat avec la victime, a indiqué, à la barre, un personnel de la Section de recherches de Reims. Lorsque nous avons entendu Meunier, nous avons repéré une brûlure au niveau de son nez, il nous a dit s’être brûlé avec une cigarette, mais une visite médicale a indiqué que ça ne pouvait pas être le cas. (…) Le 21 juillet, une femme nous a fait des révélations importantes, elle nous a indiqué que Bruyère lui avait dit au téléphone “Nous avons tué Segard, nous avions bu et je vais tout prendre sur moi”. Le 23 juillet, nous avons interpellé Mathieu Meunier, Steven Ardinat et Kévin Bruyère à 6 h du matin. (…) Ils ont fini par reconnaître l’assassinat.»

Plusieurs versions seront présentées aux enquêteurs. Seul le point de départ ne semble pas laisser part au doute : Cyrille Segard serait venu au domicile du père de Steven Ardinat avant de repartir en compagnie des trois accusés. «Meunier déclare qu’il était décidé dès le départ de “faire misère” à Segard, a souligné l’enquêteur. Sur place, selon Meunier, Bruyère commence à provoquer Segard avant de le pousser. Remonté par Bruyère, Meunier pousse à nouveau Segard, Ardinat frappe violemment la victime et Meunier porte un coup de pied. Segard s’écroule et ne bouge plus. Bruyère dit “il est trop tard, il est mort” et Ardinat dit à Meunier “on va chercher de l’essence”. (…) De retour à proximité du bâtiment 711, Bruyère verse l’essence et Ardinat met le feu. La victime hurle, Bruyère prend une pierre et la fracasse à plusieurs reprises sur la tête de la victime.»

Cette version présentée par Mathieu Meunier tranche avec les propos de Kévin Bruyère. «Ses déclarations ont été compliquées à recueillir, Bruyère a été difficile à canaliser, il s’en est pris à des enquêteurs et il a dû être conduit à l’hôpital après avoir mis des coups de poing sur les murs de sa cellule, a révélé le gendarme. Au départ, il dit avoir été seul, puis il nous affirme que Meunier a été cherché l’essence avant de mettre le feu.» Très attaché à Steven Ardinat, Kévin Bruyère aurait tenté de protéger son ami d’enfance, jeune père de famille. Steven Ardinat se présentera devant les enquêteurs de la Section de recherches comme un «témoin choqué par les faits» perpétrés par Mathieu Meunier et Kévin Bruyère.

L’enquêteur a tenu à faire état d’une conviction personnelle : plusieurs proches des accusés auraient été informées de la survenance du drame quelques heures après les faits. «Des personnes étaient au courant dès le 17, notamment l’ex-compagne de Steven Ardinat, a affirmé le professionnel en investigation judiciaire. D’autres personnes étaient informées, les déclarations du père de Steven Ardinat ont continuellement évolué, mais il était présent lorsque qu’une rixe à éclaté entre Steven Ardinat et son frère, quelques heures après les faits. Le père était probablement au courant !»

Répondant aux questions du président Theuret, l’enquêteur a fait état du profond détachement affiché par Kévin Bruyère. «Il menait un combat d’arrière-garde, il se sentait acculé sans même comprendre ce qu’il avait fait, aucun des trois n’avait pris conscience de la gravité des faits, ils n’avaient pas réalisé. (…) Seul Meunier semblait un peu plus réaliste.»

Conseil de Mathieu Meunier, Me Henriot a tenu à revenir sur «la brûlure de deux centimètres de largeur et trois millimètres de hauteur» décelée sur «la narine gauche» de son client. «Kévin Bruyère a menti au médecin, il a dit ne pas avoir bu et le médecin parle d’une brûlure superficielle ne pouvant pas être provoquée par un briquet, sauf si la flamme a été maintenue plusieurs secondes sous l’effet de l’alcool ou des stupéfiants…» L’enquêteur ne pouvait apporter de nouvelles précisions. Seuls des aveux pourraient lever le voile sur les nombreuses interrogations entourant le déroulement des faits.

 

Examen de la personnalité (2ème partie) et profil psychologique et psychiatrique de Mathieu Meunier

«Mathieu cherche des réponses»

Après avoir entendu le père de Mathieu Meunier lors de la première journée du procès, magistrats et jurés ont poursuivi un minutieux examen de personnalité enrichi par les conclusions du psychologue et du psychiatre désignés après la mise en examen des accusés.

«Je suis partie quand il avait trois ans et je n’ai pas vraiment eu de nouvelles de Mathieu jusqu’à ses seize ans, a souligné la mère de Mathieu Meunier. Ce drame n’aurait jamais dû arriver, j’y pense tous les jours depuis trois ans et je ne comprends pas comment Mathieu a pu en arriver là.» Interrogée par le président Theuret quant à son parcours, la Carolomacérienne faisait état d’une existence marquée par une succession d’échecs. «Quand je suis partie, je me suis retrouvée à la rue, j’ai fait de mauvaises rencontres et j’ai tenté de me reconstruire à plusieurs reprises. Quand Mathieu a quitté son foyer à Bar-le-Duc, j’ai accepté de l’aider, ils est venu à Charleville, mais il était difficile de discuter avec lui. Je pense qu’il souffre d’un manque d’affection», indiquait le témoin.

Le président Theuret faisait lecture des témoignages de sœurs d’une congrégation langroise. Décrit comme «intelligent», «respectueux», mais «très influençable», Mathieu Meunier souffrait de difficultés familiales. L’accusé peinait également à accepté les contraintes. «Même si on a raison, on a tort, c’est l’histoire de la vie, un adulte peut penser qu’il a raison et faire comme s’il avait tort», commentait le président Theuret.

Quelques heures plus tard, un psychologue communiquait ses conclusions suite à une rencontre datant d’octobre 2009. «Mathieu Meunier a fait état de gros problèmes de communication avec un père décrit comme méfiant et autoritaire, indiquait l’expert. Père et fils ont vécu dans une sorte de huis clos, sans présence féminine. (…) Mathieu Meunier m’a dit mal vivre sa détention et faire beaucoup de cauchemars dans lesquels il prend la place de la victime. Il culpabilise à cause du coup de pied qu’il a donné, il se demande si ce coup n’a pas décidé du destin funeste de la victime.»

«L’autarcie affective de monsieur aurait-elle pu le pousser, dans une situation de groupe, à vouloir prouver quelque chose ou à être poussé par les deux autres accusés», questionnait le juge Theuret. «Dans un groupe, il y a un leader et un déclencheur, mais chacun doit participer afin d’appartenir au groupe, répondait l’expert. Bruyère et Ardinat étaient les meilleurs amis du monde, Mathieu Meunier est une sorte d’électron libre. Il cherche des réponses, il s’est notamment tourné vers la religion…»

Psychiatre, le Dr Darbourg confirmait une «difficile relation au père» avant de signifier l’ancienneté de déviances du comportement décelées par un psychologue du Centre médico-psycho-pédagogique de Langres. «Très renfermé, toujours sur la défensive, méfiant et peinant à exprimer ses affects», Mathieu Meunier ne souffrirait pas de troubles psychotiques, mais l’expert exprimait un «risque de profil psychopathique commun aux trois accusés» tout en excluant toute «psychopathie avérée».

Géraldine Moré décidait d’en venir aux faits. «Trois étapes ont été distinguées, mais dès l’épisode du feu, plus personne n’est capable de s’expliquer sur les deux dernières phases. Ces étapes sont épouvantables, ont-elles pu susciter un blocage», questionnait l’avocat général. «Dans leurs récits, j’ai cru comprendre qu’ils étaient dans un état de panique, ils l’ont cru mort. Ils ont conscience de la gravité de leurs actes, même si une forme d’incompréhension demeure. Mathieu Meunier a envie de comprendre, cette volonté marque une certaine prise de conscience.»

 

Profil psychologique et psychiatrique de Steven Ardinat

«Il y a toujours de l’espoir»

Les conclusions et impressions des experts ont permis de cerner les personnalités des trois accusés. Similaire en de nombreux points aux profils psychologiques et psychiatriques de Mathieu Meunier et Kévin Bruyère, la personnalité de Steven Ardinat renvoie à diverses souffrances endurées dès l’enfance. «Le compagnon de sa mère se montrera violent, une seule femme aura compté pour lui, ils ont très vite eu un enfant puis il dit se séparer parce que sa compagne se serait montré infidèle. (…) La liaison de cette femme avec Bruyère, le meilleur ami de Steven Ardinat, a été vécue comme une trahison», indiquait l’expert avant de notifier la «tendance antisociale» d’un homme confiant «avoir volé des voitures pour exprimer la haine qu’il avait en lui.» Le psychologue soulignait une «quête affective», un «sentiment d’isolement», une «enfance marquée par la violence de son beau-père», une «insécurité affective à l’égard de sa mère», des «problèmes de maîtrise des émotions» et l’importance de difficultés avec la figure paternelle, «un père n’ayant rien à lui transmettre».

«Nous avons pu le constater hier, lançait le président Theuret, en écho au sidérant témoignage du père de Steven Ardinat. Cet homme est absent aujourd’hui, ce n’est pas tous les jours que son fils comparait devant la Cour d’assises, mais il n’est pas là ! La mère est également assez exceptionnelle !» Pour le moins…

«Lors de nos rencontres, Steven Ardinat rejette toute idée de culpabilité, il est dans le déni», poursuivait l’expert. «Monsieur, gamin, Steven a fait l’objet d’un signalement par ce qu’il se faisait cogner dessus par son beau-père, l’enfant a été placé et le beau-père est resté au domicile de la mère. Qu’entraîne ce type de situation», questionnait Me Gambini, au nom de l’accusé. «Face à l’illégitimité du beau-père, l’enfant se sent abandonné et la construction de sa personnalité est fragilisée. Après ça, il lui a été très difficile d’accorder sa confiance», soulignait l’expert dijonnais.

«Steven Ardinat est suivi par un psychologue depuis le 27 juillet 2009, mais selon vous, un suivi psychothérapique semblerait sans espoir, est-ce vraiment ça, faut-il l’enfermer pendant des années où y a-t-il un espoir», poursuivait l’avocate. «Bien sûr, il y a toujours de l’espoir, mais le terrain est particulièrement difficile, un simple suivi ne peut pas suffire.»

Le témoignage du Dr Darbourg apportait un élément ignoré de l’expert-psychologue. «Plus jeune, Steven Ardinat avait évoqué des agressions sexuelles commises par le père d’un ami», indiquait le psychiatre avant de pointer le «déséquilibre psychique sévère» et le «déchaînement pulsionnel» d’un homme «fragilisé sur le plan narcissique et identitaire», un accusé laissant «apparaître un véritable désarroi» et exprimant «des regrets» après avoir nié toute implication criminelle dans l’assassinat de Cyrille Segard.

 

Profil psychologique et psychiatrique de Kévin Bruyère

«Un sentiment d’exclusion»

«Lors de notre rencontre, Kévin Bruyère dit être né d’un viol et avoir été très affecté par le décès de son beau-père dans un accident de voiture. Cet homme était son père de coeur, soulignait le Dr Darbourg. Il m’indique avoir eu de bons résultats à l’école et au collège, mais s’être montré violent auprès de camarades. Kévin Bruyère dit fumer vingt ou trente joints par jour et boire régulièrement de l’alcool. Il est passionné par le football, il supporte le Portugal, pays d’origine de son beau-père, il aime le rap et il a un questionnement sur la religion, sur le sens de l’existence. “Un tel acharnement n’est pas digne d’un être humain” dit-il. Il explique avoir voulu protéger Steven Ardinat parce qu’il sait ce qu’est un enfant sans père.»

Présentant un «sujet très fragilisé», un «écorché vif», l’expert relevait des «éléments encourageants sur la capacité de remise en question.»

«Monsieur ne vous parle pas des difficultés rencontrées avec sa mère», notait le président Theuret. «Les carences ont été nombreuses, répondait l’expert. Les échecs parentaux se répètent dans les échecs institutionnels, les enfants vont d’un foyer à un autre et d’une structure à une autre et ils nourrissent un sentiment d’exclusion.»

«Kévin Bruyère se décrit comme un homme impulsif, un mec qui a tout raté dans sa vie, il est habité d’un sentiment de rejet favorisé par le viol de sa mère. Il a vécu des choses dans son enfance, mais il ne veut pas en parler», avait indiqué une heure plus tôt l’expert-psychologue avant de présenter un homme «violent», «très nerveux» et ne parvenant pas à «freiner ses pulsions».

«Monsieur Bruyère passe beaucoup de choses sous silence, indiquait le juge Theuret. Il a demandé à être placé à l’âge de douze ans, sa mère aurait reporté sur lui ses déconvenues avec le père. (…) Comment pouvez-vous faire l’expertise d’un homme qui ne se confie pas ? Sans faire de psychologie de bas étage, il évoluera le jour où il pourra dire certaines choses à sa mère !»

«Ce sera un premier pas, répondait l’expert. Il mélange beaucoup de choses, il a du mal à se repérer. (…) Il est intelligent, mais sur le plan affectif… Tous ont des problèmes à régler avec leurs pères respectifs.» Me Charlot renvoyait subtilement le psychologue à l’ancienneté de l’expertise tout en rappelant magistrats et jurés à un humaniste principe : les hommes changent. «Vous êtes intervenu assez rapidement, monsieur s’est montré assez taiseux lorsque vous l’avez entendu, auriez-vous aujourd’hui un regard différent», questionnait l’avocat. «Il faudrait que je le rencontre», répondait l’expert. «Il suit des études, il a engagé des soins, la construction de sa personnalité a été basée sur la violence, il s’est protégé comme il l’a pu de cette violence dès le départ», poursuivait l’avocat. «Il a intériorisé une mauvaise image de lui et a rejeté cette image sur les autres», concluait le psychologue.

 

Examen – partiel – de la personnalité de Cyrille Segard

«Cyrille adorait ses enfants»

Parents et proches de Cyrille Segard ont vécu des heures éprouvantes depuis le début du procès. La deuxième journée s’est achevée par un rapide examen de la personnalité de la victime. Né le 10 octobre 1970, Cyrille Segard n’était pas un saint, d’aucuns ne sauraient le nier. Comptant 22 condamnations à son casier judiciaire, la victime a connu plusieurs périodes d’incarcération au cours de sa vie. Accueilli dans un foyer en mai 2009, Cyrille Segard avait quitté Troyes afin de retrouver ses enfants. Arrivée à Langres, privée de suivi post-détention, la victime s’est enfoncée dans une profonde marginalité favorisée par une lourde alcoolo-dépendance. Cyrille Segard n’en était pas moins un père aimant. Sans domicile fixe, le père de famille veillait à entrer en contact quotidiennement avec ses enfants, alors âgés de six, cinq et trois ans.

Cette forme d’équilibre ne sera pas parvenue à canaliser un homme à la dérive. Décrit comme agressif, la victime entretenait, quelques jours avant son décès, un profond ressentiment à l’encontre d’une personne prétendument impliquée dans une précédente condamnation. A quelques heures de la funeste soirée du 16 juillet, Cyrille Segard s’était querellé avec sa petite amie. L’homme se serait alors enivré, pour oublier, pour mieux fuir sa triste réalité. Le 16 juillet au matin, le père de famille aura eu l’occasion d’embrasser une dernière fois ses trois enfants. «Cyrille adorait ses enfants, il me parlait d’eux tous les jours», témoignera un ancien compagnon de détention.

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