Affaire Grégoire-Leblanc – 1ère journée
Un voile partiellement levé
La première journée du procès du braquage de la bijouterie Donadel a partiellement permis de lever le voile sur le déroulement exact des faits survenus le 11 juin 2009. Auteurs présumés du braquage, Francis Grégoire et Christophe Blanc ont adopté des positions discordantes.
La vérité surgira t-elle au terme de quatre jours de procès ? La question devrait planer durant de longues heures, Francis Grégoire s’évertuant à nier toute implication directe dans le braquage survenu le 11 juin 2009. Arrivé en fauteuil roulant, l’accusé se sera contenté de reconnaître avoir pris part au recel d’un butin de plus de 150 000 euros.
Le témoignage du directeur d’enquête aura permis de livrer de précieux éléments à magistrats et jurés. Contestées par Francis Grégoire, les conclusions «formelles» de l’officier ont renvoyé la cour aux violences endurées par les victimes.
Entretenant une relation intime avec une de ses nièces – mineure au moment des faits -, Francis Grégoire aurait confié son bracelet électronique à sa dulcinée afin de déjouer la surveillance de l’administration pénitentiaire. L’homme aurait ensuite pris la direction de Chaumont dans la nuit du 10 au 11 juin 2009. Accompagné de Christophe Blanc, l’accusé se serait dirigé à l’aube sur les lieux du crime. Après avoir fermé l’alimentation en gaz du logement occupé par Lydie Donadel, les deux malfaiteurs se seraient dissimulés dans un réduit situé à proximité du domicile de la victime.
Agée de 78 ans au moment des faits, la personne âgée s’étonne à son réveil du dysfonctionnement de sa gazinière. A 8 h 15, Lydie Donadel finit par sortir de son logement attenant à la bijouterie familiale. La septuagénaire se dirige vers le réduit abritant plusieurs bouteilles de gaz lorsque deux individus cagoulés se ruent sur elle. Brandissant une arme de poing, l’un d’eux menace de mort la septuagénaire. Conduite à l’intérieur de son logement, Lydie Donadel est plaquée au sol et ligotée. Les agresseurs fouillent l’appartement. Des bijoux sont notamment dérobés. Il est très exactement 8 h 55 lorsque Séverine Donadel, belle-fille de la septuagénaire, stationne son véhicule à proximité du logement. Comme chaque matin, la bijoutière vient prendre des nouvelles de sa belle-mère. Immédiatement menacée de mort à l’aide d’un calibre, la commerçante est invitée à ouvrir la porte blindée, le coffre et les vitrines de la bijouterie. Les malfaiteurs mettent la main sur montres et bijoux avant d’abandonner des victimes profondément traumatisées par la violence de l’agression. Avant de prendre la fuite, les malfrats ont veillé à subtiliser la carte bancaire de Séverine Donadel. Au prix d’efforts surhumains, la commerçante parviendra à se défaire de ses liens avant de prévenir le commissariat de police.
Une enquête rondement menée
Les investigations des personnels de la Section régionale de police judiciaire (SRPJ) de Reims auront rapidement permis de lever le voile sur la suite des événements. Les agresseurs transitent par Biesles où la carte bancaire de Sévérine Donadel est utilisée comme l’atteste un retrait de 790 euros. Deux commerçants identifieront Francis Grégoire et Christophe Blanc. L’intuition d’un policier chaumontais permet aux personnels de SRPJ de gagner de précieuses heures. Le fonctionnaire a été interpellé par les déclarations des deux victimes. Ces dernières décrivent les yeux «en amende» de ton «bleu-vert» d’un des agresseurs. Le policier du commissariat de Chaumont fait immédiatement le rapprochement avec un homme venu déposer plainte quelques jours plus tôt suite au vol d’un véhicule. Christophe Blanc était venu signaler la disparition d’une voiture appartenant à un certain Francis Grégoire….
Cet élément déterminant sera conforté par une succession d’informations recueillies grâce à l’exploitation de données fournies par différents réseaux de téléphonie mobile. Un témoin confirme, par ailleurs, avoir vu Christophe Blanc accompagné de Francis Grégoire, à Chaumont, quelques heures après les faits. Des écoutes téléphoniques permettront par la suite de confondre Fabrice Dupiré et Naldo Laino, suspectés d’avoir assurés le recel de nombreux bijoux. Différentes perquisitions appuieraient, aux dires du directeur d’enquête, des conclusions «formelles». Des conclusions confortées par les aveux de Christophe Blanc. Condamné à de multiples reprises, Francis Grégoire se sera évertué à nier toute implication dans le braquage survenu rue Jules-Tréfousse. La suite du procès pourrait apporté son lot de vérités…
L’audace ne paie pas
L’enquête menée par les fins limiers du SRPJ de Reims a été marquée par un précieux élément recueilli suite à un appel téléphonique reçu par Bernard Donadel, époux et fils de Séverine et Lydie Donadel. Quelques jours après le braquage, le bijoutier répond à une personne se présentant en qualité d’officier de gendarmerie. L’interlocuteur s’enquiert de l’identité de l’assureur du commerçant. Après avoir communiqué quelques éléments, Bernard Donadel informe les enquêteurs de cet appel. Quelques minutes plus tard, les services parisiens de la compagnie d’assurance Generali sont contactés par une personne affirmant être à l’origine du braquage de la bijouterie. Le mystérieux interlocuteur propose de restituer l’ensemble des bijoux en l’échange d’une somme de 150 000 euros. L’analyse des appels opérée par les fonctionnaires de SRPJ permettra d’isoler un numéro de portable. Une ligne souscrite, selon les conclusions des enquêteurs, par Francis Grégoire comme l’attesterait notamment la découverte dans un des véhicules de l’accusé du packaging du téléphone portable utilisé à l’occasion des appels à destination de Bernard Donadel et de sa compagnie d’assurance.
De l’aide aux SDF à la cour d’assises
Dimanche soir, Fabrice Dupiré suscitait l’admiration de plusieurs millions de téléspectateurs émus par le reportage diffusé dans le cadre de l’émission Sept à huit présentée par le sémillant Harry Roselmack. De nombreux journalistes de titres de pressé écrite et de chaînes télévisées n’auront pas manqué de saluer l’initiative de Fabrice Dupiré, fondateur de l’association “Le 115 du particulier” venant en aide aux sans domicile fixe. Se présentant aux journalistes de TF1, M6 ou Rue 89 sous l’identité de Brann du Senon, le bienfaiteur n’aura pas veillé de faire part de son lourd parcours judiciaire. Condamné à 14 reprises et accusé d’avoir assuré le recel de montres et bijoux dérobés dans le cadre du braquage de la bijouterie Donadel, Fabrice Dupiré aurait souhaité donner un nouveau sens à sa vie en venant en aide à ses prochains.
Aidés par un bienfaiteur jouissant de nombreuses relations en Seine-et-Marne, deux témoins ont attesté du dévouement «désintéressé» d’un homme aux multiples facettes. Après avoir décidé d’accueillir des personnes en difficulté dans des caravanes stationnées sur sa propriété, Fabrice Dupiré aurait donné naissance à un réseau présent dans de nombreux départements. Aux dires du trésorier de l’association, “Le 115 du particulier” compterait plus de 300 membres et plusieurs milliers de sympathisants. En relation avec commerçants, associations à but caritatif et entrepreneurs, l’accusé serait venu en aide à plusieurs centaines de sans domicile fixe. Né de père inconnu, élevé par «un commissaire de police», placé dans les années soixante-dix dans des foyers où régnaient haine et violence, Fabrice Dupiré a multiplié les délits avant de se forger un parcours des plus singuliers.