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Affaire Forget – Suite

Bernard Forget se pourvoit en cassation

Respectivement condamné à dix et douze ans de réclusion criminelle en première et deuxième instances, Bernard Forget a présenté une déclaration de pourvoi devant la Cour de cassation. Le rejet de cet ultime recours pourrait marquer la fin du marathon judiciaire enduré par les victimes.

Le lundi 17 octobre 2011, Bernard Forget se présentait en homme libre devant la Cour d’assises de Haute-Marne. Remis en liberté après trois ans de détention provisoire, l’homme affichait une certaine décontraction aux côtés de Me Dupond-Moretti, ténor du barreau appelé à assurer la défense d’un huissier de justice visé par des accusations de viol et agressions sexuelles. Le fond du dossier renvoyait à l’entregent d’un homme particulièrement apprécié jouissant de son statut social et d’une certaine influence au sein de la communauté catholique haut-marnaise. Confrontés à diverses difficultés éducatives, des parents de plusieurs paroisses avaient pour habitude de confier leurs enfants à monsieur et madame Forget afin de les guider dans leur foi et de leur promettre un avenir meilleur. Propriétaire d’une vaste demeure disposant de piscine, médiathèque et autres équipements de loisirs, le couple se plaisait à accueillir de nombreux enfants sans éveiller le moindre soupçon.

Peinant à s’intégrer, un enfant originaire d’Asie du Sud-Est est ainsi confié au bon Maître Forget sur les conseils d’un prêtre. L’adolescent dénonce des attouchements en septembre 1997. Une enquête est ouverte avant d’être classée sans suite, Bernard Forget réfutant les accusations de la victime.

Dix ans en première instance

Le dossier prend une toute autre mesure en 2008. Confié à Me Forget par une mère célibataire, un adolescent fait état d’attouchements perpétrés par son hôte. La mère du jeune homme prend les déclarations de son fils au sérieux et alerte immédiatement la gendarmerie. Une seconde enquête est ouverte. Sept victimes dont le fils et la fille – adoptés – du couple Forget sont identifiées. Parmi elles figurent le jeune homme à l’origine des accusations portées en 1997. L’adolescent a vécu un véritable enfer. Pensant ne pas avoir été assez convaincant devant les enquêteurs, la victime a nourri un profond sentiment de culpabilité.

L’enquête et l’instruction menées suite à l’interpellation de Bernard Forget mettront au jour la survenance d’un viol et d’une série d’agressions sexuelles. Des investigations parallèles laissent également entrevoir l’implication du huissier de justice chaumontais au sein d’un réseau de pédophiles sévissant sur Internet. Cette piste sera abandonnée. Bernard Forget n’en sera pas mois condamné à dix de réclusion criminelle par la cour d’assises de Haute-Marne pour les faits de viol commis à l’encontre d’un adolescent et une série d’agressions sexuelles imposées à quatre jeunes hommes. La fille et le fils de Bernard Forget figurent également parmi les victimes. Axée sur les supposés troubles érectiles de son client, la plaidoirie de Me Dupond-Moretti n’aura pas porté ses fruits.

Douze ans en seconde instance

Après avoir interjeté appel de la décision et avoir été remis en liberté – sous contrôle judiciaire -, Bernard Forget a comparu en début d’année devant la cour d’assises d’appel. Défendu par Me Estève, l’homme de loi aurait reconnu diverses agressions sexuelles tout en niant tout acte de viol. La version de l’accusé n’aura pas convaincu magistrats et jurés, une condamnation à douze ans de réclusion criminelle et dix ans de suivi socio-judiciaire ponctuant les débats. Placé en détention au terme de ce second procès, Bernard Forget ne sera pas parvenu à se montrer convaincant face aux témoignages accablants de plusieurs victimes.

Cet arrêt de la cour d’assises d’appel n’aura pas entamé la motivation de Bernard Forget. Reconnaissant son attirance pour enfants et adolescents, l’homme de loi a ainsi décidé de se pourvoir en cassation. Ne statuant pas sur le fond du dossier, la Cour de cassation sera ainsi amenée à examiner la conformité de la décision rendue par la Cour d’assises d’appel. Choquant à l’égard des victimes et néanmoins fondé au regard des droits accordés d’un accusé profitant à nouveau de la présomption d’innocence, cet énième rebondissement marque l’entêtement d’un homme peinant à assumer ses actes.

Attendu par Mes Alfonso et Cotillot, conseils des victimes, un rejet du pourvoi en cassation serait susceptible de marquer l’épilogue du dossier. Bernard Forget pourrait toutefois formuler un recours auprès de la Cour européenne des Droits de l’Homme et ainsi raviver les souffrances de victimes éprouvées par un véritable marathon judiciaire.

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