Adrien Fétu, le « très ardent » pionnier du vol à voile
HISTOIRE. Il y a 100 ans, le 19 août 1922, Adrien Fétu décédait des suites d’un accident de planeur. Né à Eurville, il avait obtenu son brevet de pilote (moteur) à l’âge de 19 ans et s’était illustré durant la Première Guerre mondiale.
Ils ont respectivement 18 et 19 ans. Ces deux très jeunes Français qui, le 19 décembre 1913, obtiennent leur brevet de pilote auprès de l’Aéro-club de France possèdent une autre particularité que leur grande jeunesse : ils sont tous deux originaires de la Haute-Marne. S’il est né à Troyes, André Simon vivait en effet auprès de sa grand-mère à Châteauvillain. Quant à Adrien Fétu, il a vu le jour le 10 septembre 1894 à Eurville, fils de Louis Fétu, maréchal, et de Céline Noël. Mais le jeune homme résidait dans la région parisienne lorsqu’il a commencé à voler, dès 1911, à l’âge de 17 ans.
Plusieurs mois après avoir été breveté, il est mobilisé en 1914. Dans l’aviation, cela va de soi. Dès 1915, Adrien Fétu se distingue à l’occasion de missions de reconnaissance dans les Vosges. Il gravit rapidement les échelons de la hiérarchie militaire, puisque lorsqu’il part pour la Serbie en 1916, avec l’escadrille Nieuport 91, il est déjà adjudant (au titre d’une armée étrangère).
Victoire sur un Albatros
Le 17 février 1916, il va rentrer dans l’Histoire. Ce jour-là, il emmène en mission le lieutenant observateur Paul de Minteguiga. Dans le ciel, il aperçoit un avion ennemi, un Albatros. Le Haut-Marnais engage le combat et force son adversaire à se poser, à Salonique. Blessé à la cuisse, le lieutenant allemand est capturé. Cette double capture – celle d’un avion et d’un adversaire – aura un grand retentissement. La presse s’en fera largement l’écho. Elle vaudra à l’adjudant Fétu d’être cité à l’ordre de l’armée, et d’être médaillé militaire.
L’Eurvillois revient en France, rejoint la fameuse escadrille N 26 du groupe des Cigognes (où servaient son compatriote, Simon, disparu en vol en septembre 1916, ainsi que Robert Thomassin, de Droyes, et le fameux Roland Garros), et remporte trois nouvelles victoires qui ne seront malheureusement pas homologuées.
Distinction britannique
De retour à la vie civile, Adrien Fétu est établi comme garagiste à Versailles. Mais la passion des airs ne l’a pas quitté pour autant. Il est même un des pionniers du vol à voile en France. Jusqu’à qu’à cet accident tragique de planeur en Auvergne. Décédé des suites de ses blessures à Clermont-Ferrand le 19 août 1922, alors qu’il n’a que 27 ans, il sera fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume. Ce « pilote très ardent et très brave » était également titulaire de la Military cross britannique.
L. F.
Deux As
Une trentaine de Haut-Marnais de naissance ou d’adoption ont servi dans l’aviation en 14-18. Ils venaient de tous les horizons géographiques et sociaux : Paul Lenfant, de Saint-Dizier, Jean Chatel, de Laneuville-à-Bayard, Pierre Burello, de Chaumont, Edme-André Lavocat, de Bussières-lès-Belmont, etc. Deux sont devenus des As, c’est-à-dire titulaires d’au moins cinq victoires homologuées : le lieutenant Roger Brétillon (lui aussi d’Eurville) et le futur général Robert Massenet-Royer de Marancour, de Chaumont.