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A Chaumont, l’ONF planche sur l’adaptation de la forêt à la sécheresse

Un tiers du bois récolté en France est issu du Grand Est.

Ce lundi 19 septembre, l’Office National des forêts a ressemblé une trentaine de ses salariés à la forêt du Corgebin, à côté de Chaumont. Venus de Champagne-Ardenne et de Lorraine, ils ont échangé sur l’avenir des forêts face au dérèglement climatique.

« Les forêts du Grand Est subissent déjà les effets du dérèglement climatique. Nous savons que l’eau va être le facteur limitant dans le développement des peuplements d’arbres. Voir le facteur de leur survie. Il y a un vrai risque sur nos forêts, il faut savoir comment on les renouvèle », averti Isabelle Wurtz, adjointe au directeur territorial Grand Est de l’Office National des forêts (ONF).

Face à ce constat établi par des études scientifiques et techniques, l’ONF cherche à s’adapter. Pour ce faire, l’Office a ressemblé certains de ses collaborateurs à la forêt du Corgebin, à côté de Chaumont, ce lundi 19 septembre. Une trentaine de personnes issues de la direction régionale et des huit agences de l’ONF situées en Champagne-Ardenne et en Lorraine y ont participé. « On crée une dynamique collective dont on a besoin pour mener notre action », soutient Isabelle Wurtz.

Ainsi, les participants ont partagé des images prises pendant leur travail afin d’objectiver les dépérissements observés par les forestiers. Ils ont également échangé sur les bonnes pratiques ou encore sur l’avenir du hêtre. Car, comme le rappelle la cadre de l’ONF, « dans 50 ans, le hêtre ne sera plus adapté à nos régions car il fera trop chaud et trop sec ».

Biodiversité et écosystèmes

L’ONF mise aujourd’hui sur la « forêt mosaïque ». Derrière ce terme se trouve un point central : la diversité. Celle-ci concerne autant une pluralité des essences plantées que des traitements sylvicoles. Plus question de traiter d’une manière unique toute une parcelle. Au contraire, l’ONF ambitionne de mélanger des arbres d’espèces et d’âge différents.

Sur la base de cette idée, des zones vieillissement (où les arbres bénéficient d’une cinquantaine d’années supplémentaires de vie) et des îlots de sénescence (zones laissées à une évolution spontanée de la nature) côtoient des espaces d’exploitation. La région Grand Est bénéfice déjà d’une grande diversité et figure comme un exemple de « forêt mosaïque » au niveau national.

« Les arbres plus vieux ont beaucoup de bienfaits pour la biodiversité et les écosystèmes », explique Isabelle Wurtz. Dans les îlots de sénescence, les arbres morts laissés sur place favorisent les micro-habitats de l’entomofaune et l’avifaune. Autrement dit, ils facilitent l’établissement de populations d’insectes et d’oiseaux.

Changer les mentalités

Depuis la décision prise en 2019 de ne plus utiliser d’intrants chimiques, laisser le bois mort sur place est d’autant plus important. Si ces résidus assurent la qualité et la vivacité des sols, les promeneurs ne le voient pas forcément de cet œil. Au contraire, pour certains c’est synonyme d’un manque d’entretien. « Il est difficile d’expliquer aux gens pourquoi nous gardons du bois mort au sol. Ça demande des connaissances sur la constitution des sols et sur le cycle de vie d’un arbre », confie la cadre de l’ONF.

Et ce n’est pas le seul point sur lequel l’adjointe au directeur territorial souhaite une évolution de l’opinion. Elle aimerait également l’observer sur la question de la surpopulation de gros gibier. En 20 ans, leur population a été multipliée par quatre. Les sangliers sont friands de glands et aiment retourner les sols. Les cervidés sont gourmands de jeunes pousses. Autant de causes restreignant la croissance des arbres.

« La chasse est indissociable du renouvellement forestier. Contrairement à une idée peu populaire, il faut tirer », déclare Isabelle Wurtz. Elle nuance : « L’ONF est également plutôt favorable à la réintroduction de prédateurs, mais c’est à accompagner d’un vrai projet de territoire qu’il faut aborder avec l’ensemble de ses problématiques, notamment avec la question des éleveurs ».

Julia Guinamard

j.guinamard@jhm.fr

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