« Accepter ce pan de notre histoire collective »
Dimanche 19 mars, la cérémonie de commémoration du cessez-le-feu en Algérie s’est déroulée dans une atmosphère empreinte d’émotion et de respect, en présence des élus, des membres du CMJ (Conseil municipal des jeunes), du représentant du Souvenir français, de la Fnaca, de la gendarmerie et d’un groupe de sapeurs-pompiers.
Le ciel a retenu ses giboulées le temps de la cérémonie. Ce 61e anniversaire a été ponctué par l’intervention de Bernard Lamard, représentant du comité local de la Fnaca, résumant en substance : « Plongés à 20 ans dans les combats meurtriers d’une guerre qui a mobilisé trois millions d’hommes, 28 à 30 mois sous le même uniforme ont suffi pour nous vieillir de plusieurs années, avec une jeunesse brisée et une réinsertion difficile à la vie civile. Nous rendons hommage aujourd’hui aux 30 000 soldats morts pour la France et aux centaines de milliers de victimes civiles d’un conflit qui a creusé entre deux pays des plaies qui ne sont, hélas, pas encore toutes refermées ». Les élus du conseil municipal des jeunes (CMJ), tenant des lampions en leur qualité de passeurs de mémoire, ont déposé des fleurs au monument aux morts puis lu un poème de Marc Benredjem rendant hommage aux harkis et aux appelés du contingent : « Nous étions deux bons amis, lui était Chti et moi Chaoui, il portait mes larmes, je portais ses armes ». La cérémonie a été rythmée par les musiques de rigueur jouées par l’Amicale ancervilloise sous la direction de Patrice Gallot tandis que flottaient les drapeaux du Souvenir français, de la Fnaca, des anciens combattants et des pompiers. Enfin, le maire, Jean-Louis Canova, a livré le message de la secrétaire d’Etat auprès du ministre des Armées : « Quand vint pour le contingent le moment du retour, il n’y eut pour accueillir nos soldats ni défilé comme pour la Première et la Deuxième Guerre mondiale, ni cérémonie collective, la Nation ne sut guère leur dire sa reconnaissance d’avoir répondu à l’appel du devoir. A la joie de retrouver une famille se conjugua la difficulté de raconter et d’être entendus, alors que les blessés étaient rapatriés dans l’ombre, les cercueils de leurs camarades débarqués dans la nuit et le silence. Il leur a fallu alors mener de nouvelles batailles en passant par les mots : appeler guerre ces opérations, par les droits : se voir reconnaître la qualité de combattants, par les cérémonies, comme celle d’aujourd’hui. Il faut continuer à accepter ce pan de notre histoire collective, assumer d’en transmettre la mémoire aux nouvelles générations sans les passions d’alors, admettre que des mémoires diverses s’expriment et que la seule voie est de les additionner et non de les opposer. C’est le seul chemin pour la cohésion nationale ».