A vomir – L’édito de Christophe Bonnefoy
Tout change, rien ne change ? La pandémie nous a habitués à l’idée qu’il y aurait désormais le monde d’avant… et celui d’après, totalement différent. Un peu comme si, en France, on savait retenir les leçons du passé pour forger un avenir (un peu) meilleur.
Ce qui est vrai pour le virus l’est pour le reste. Ainsi en va-t-il, aussi, du bien-être animal ou, pour le moins, de ce qu’on peut légitimement attendre d’établissements comme les abattoirs : un minimum de prise en compte de la souffrance. Dit autrement, tout simplement l’éradication d’une cruauté totalement gratuite. Gratuite ? Pas tant que ça : l’abattage à la chaîne est bien évidemment plus rentable qu’un autre, qui serait plus soucieux de règles acceptables.
Une société de l’Aveyron vient de voir suspendre son agrément par le ministère de l’Agriculture. En cause : une vidéo de l’association L214 qui montre, notamment, des agneaux égorgés à vif. A vomir. Mais visiblement, les mauvaises habitudes ont du mal à se perdre. Le même abattoir s’était déjà trouvé dans la ligne de mire en 2016. Au-delà d’un établissement particulier, ici à Rodez, ce sont les pratiques déjà dénoncées par le passé en d’autres lieux qui reviennent de façon récurrente sur le devant de la scène. Avec, à chaque fois, les mêmes cris d’orfraie. Et à chaque fois, la promesse que ça changera, que rien ne sera plus jamais comme avant.
Et malheureusement, comme c’est le cas aujourd’hui dans bien d’autres professions, c’est une majorité qui subit indirectement les pratiques scandaleuses d’une minorité. Le danger d’une généralisation facile et ses dérives. Et au final le discrédit, y compris pour ceux qui respectent scrupuleusement les règles…