A Valleroy, des espaces naturels par et pour les habitants
Depuis 2008, William Joffrain, le maire de Valleroy, améliore le cadre de vie et de travail de ses administrés en préservant les espaces naturels. Regard sur un dernier projet qui se veut utile pour tous.
Un coassement, une éclaboussure. C’est une grenouille qui vient de sauter dans l’étang de la forêt communale de Valleroy. Aujourd’hui, la scène est banale. Mais il y a trois ans, apercevoir ne serait-ce qu’une libellule relevait quasi du miracle pour les 25 habitants permanents de la commune. « Enfant, je venais y pêcher avec mon grand-père. Avec le temps, c’est devenu une mare géante, complètement envasée », décrit William Joffrain, le maire de Valleroy.
Alors, quand les sept conseillers communaux ont défendu le projet de refaire l’étang, « Will » – comme certains l’appellent – n’a pas hésité. Nous étions en 2020, il débutait alors son troisième mandat, bien décidé à garder son parti pris initial : se mettre au service du bien-être des habitants et faire de la préservation des espaces naturels son principal levier.
Des espaces naturels multi-usages
Avec l’aide de Coraline Naël, agente de développement territorial, et l’expertise de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), la municipalité a monté un projet d’envergure. Loisirs, activité agricole et sécurité des habitants sont ainsi développés tout en restaurant les espaces naturels. « L’étang sera multi-usage. Refavoriser la faune et la flore permettra le retour des balades en forêt et de la pêche. Les tables de pique-nique ont déjà été investies alors même que le projet n’est pas fini », se réjouit le maire.
Autour, l’espace a été aménagé pour servir de réserve incendie aux pompiers. Voilà pour le volet sécuritaire. Côté économie, c’est le vieux lavoir qui, réhabilité, sera accessible aux agriculteurs en cas de sécheresse. Le bâtiment servira aussi de point de départ du sentier pédagogique de 2,5 km, qui permettra aux habitants et visiteurs d’investir les différents espaces naturels. « L’idée n’est pas de mettre sous cloche la nature mais au contraire de l’ouvrir au public, au-delà de Valleroy« , commente William Joffrain.
Quand la nature devient ressource
Une ouverture, qui se fait dès la conception du projet. « Douze élèves de l’école de Pressigny ont réalisé des jeux qui seront répartis tout au long du sentier pour rendre la balade amusante, leur apprendre à reconnaître les arbres et les espèces animales », explique William Joffrain, avant d’ajouter : « La nature est un bien commun, et la préserver est le meilleur moyen d’en faire une ressource« .
L’exemple parfait est peut-être le verger communal, dont la production sera mise à disposition de tous. 40 arbres fruitiers ont ainsi été choisis et plantés par les étudiants du lycée horticole de Fayl-Billot. Prunier, pommier, pêcher et même cormier ont été arrosés en juin dernier par six habitants de la commune, qui ont également paillé le pied pour garder l’eau.
« On a choisi un maximum d’arbustes mellifères, comme des cornouillers et noisetiers, pour attirer les abeilles. Même la prairie est une ressource insoupçonnée pour capter le carbone et garder l’eau dans les sols« , commente le maire. Le travail collectif devrait donc bientôt porter ses fruits !
Solène Clausse
Bientôt quatre libellules pour la « commune Nature »
Instauré par la région Grand Est en partenariat avec l’Agence de l’eau Rhin-Meuse, le label « Commune Nature » distingue les communes qui mettent en place des actions globales pour la préservation des espaces naturels et des ressources en eau. Le projet a vu le jour peu de temps après le vote de la loi Labbé qui, en 2017, a instauré l’interdiction de l’usage des pesticides dans les espaces publics.
Les différents degrés d’implication sont récompensés par une ou plusieurs libellules – insectes symboles de la préservation de la faune et la flore locale. Le passage progressif au « zéro-phyto » pour l’entretien des sols dès 2008 – bien avant la loi d’interdiction – puis la limitation des usages d’eau potable, ont fait de Valleroy la première commune de Haute-Marne à obtenir le label « Commune Nature » au troisième niveau, en 2019. Aujourd’hui, elle est en passe d’obtenir une quatrième libellule. C’est notamment ce qui a conduit William Joffrain à être désigné aux côtés de Claire Colliat pour représenter la Haute-Marne aux ateliers sur la transition écologique initiés par l’Association des maires ruraux de France, fin 2022.