A une lettre près – L’édito de Christophe Bonnefoy
A une lettre près, on aurait pu y croire. Les syndicats ne jurent que par la grève. Emmanuel Macron par la trêve. C’est même par un effet de style qu’il a appelé de ses vœux une pause dans les blocages de trains et de métros : il est « bon de savoir faire trêve ». La CGT aurait pu lui répondre avec ironie, peu sensible à l’humour déguisé du chef de l’Etat : il est « nécessaire de pouvoir faire grève ».
En tout cas, l’appel depuis Abidjan du président de la République n’aura guère été suivi d’effets. En ce week-end, forcément chargé, de départs en vacances, on a, peu ou prou, connu la même situation que ces dernières semaines. Le Président a encouragé, façon diplomatique de leur attribuer le mauvais rôle, les grévistes à faire preuve d’un certain « esprit de responsabilité ». Ces derniers lui renvoient justement, mais le sens du mot n’est ici pas le même, la responsabilité entière des actuels blocages.
Car blocages il y a toujours, évidemment. Et pas que dans les gares. Aussi autour de la table des négociations entre l’exécutif et les syndicats. En résumé : on campe sur nos positions. La phrase pourrait d’ailleurs être prononcée à l’identique par Edouard Philippe ou Philippe Martinez. Statu quo complet.
On voit mal désormais comment la situation pourrait évoluer favorablement, au moins pour les voyageurs, entre Noël et Nouvel An. Le gouvernement doit dévoiler aujourd’hui le calendrier des discussions avec les partenaires sociaux. Prochaine échéance importante… pas avant début janvier. Et toujours, d’un côté, le refus catégorique d’infléchir sa position sur les régimes spéciaux et, même, pour l’instant, sur l’âge pivot de 64 ans. Et de l’autre, l’exigence de retrait du projet de réforme des retraites ou sur cet âge d’équilibre. Une chose est sûre, au vu de négociations au point mort : personne n’est prêt à faire de cadeau au camp d’en face.