A tâtons – L’édito de Christophe Bonnefoy
Notre pays compte aujourd’hui 1,5 million d’habitants de plus de 85 ans. Ils seront plus de cinq millions en 2050. C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. On vit désormais plus âgé que jadis. Les progrès de la médecine sont passés par là. Mais si on regarde la bouteille à moitié vide, il est clair que la prise en charge de nos aînés coûte de plus en plus cher et pose immanquablement la question de l’âge du départ à la retraite de ceux censés financer le système. Ici, on n’est plus dans le “travailler plus pour gagner plus”, mais dans le “travailler plus longtemps pour le bien-être de nos aînés”, plus dépendants souvent, en santé plus que précaire, parfois. Dans un monde parfait, tout le monde ne pourra qu’agréer à cette nécessité.
Sauf que dans les faits… tout Français encore actif voit midi à sa porte pour 10 000 raisons forcément légitimes et, c’est loin d’être négligeable, adapte ses humeurs aux promesses fluctuantes de nos politiques.
Ainsi en est-il du dernier couac gouvernemental, qui suggère une remise en cause de ce qui est communément considéré comme acquis. Un jour, la ministre des Solidarités, Agnès Buzyn, se dit en faveur de « l’allongement de la durée du travail ». Quelques heures plus tard, la même ministre essaie d’éteindre le début d’incendie dans une tentative de rétropédalage qui laisse sceptique. Et hier, c’est le Premier ministre, Edouard Philippe, qui jauge le terrain : pas de modification de l’âge de la retraite mais… à nouveau l’idée de travailler plus longtemps. Ou comment se retrouver coincé par les promesses de la campagne présidentielle.
La question est à nouveau sur la table. Mais la manière de la poser montre bien qu’aucune solution satisfaisante n’a été trouvée. Et que le sujet risque bien – encore – de faire beaucoup de vagues.