A Saint-Dizier, la boulangerie recherche des apprentis depuis trois mois
EMPLOI. S’il est un secteur qui connait les difficultés de recrutement, c’est bien celui de la boulangerie-pâtisserie. Exemples à Saint-Dizier.
« Boulangerie Baudot recherche deux apprentis pâtissiers, 35 h/ semaine. » Cela fait trois mois que Nicolas Baudot, patron de sa boulangerie, rue Emile-Giros à Saint-Dizier, a affiché cette offre d’emploi sur sa vitrine. En vain. Le jeune patron, qui a fait son apprentissage dans ce même établissement, craint déjà la fin d’année, grosse période d’activité pour lui.
« Depuis ma reprise de l’établissement il y a trois ans, les apprentis sont très très rares, je recherche toujours un(e) boulanger(ère) et un(e) pâtissier(ière) », indique Nicolas Baudot, qui a connu en tant qu’apprenti, l’époque où « l’ancien patron, Eric Mansanti, avait toujours cinq ou six candidatures. Il faisait ses choix. Aujourd’hui, ce n’est plus la même depuis 2020 et la période Covid. »
« Les jeunes ne veulent pas travailler la nuit et les jours fériés »
Le jeune patron explique ses difficultés de recrutement par deux facteurs, implicitement liés : « la nouvelle génération qui ne veut plus vraiment travailler ; quand ils arrivent, il sont démotivés, ils ne veulent pas travailler la nuit, les jours fériés » ; et « le fait que l’Etat n’aide pas assez les apprentis : eux ne sont pas suffisamment payés eux et nous les employeurs, pas assez soutenus. Pour un apprenti à 1 000 €, on est aidé à hauteur de 30 ou 40 %, l’Etat devrait pendre en charge 100 % des apprentis », estime Nicolas Baudot.
L’objectif est désormais pour lui d’avoir une équipe stable d’ici septembre afin d’aborder la fin d’année plus sereinement. « Un apprenti, il signe normalement pour deux ans. Ici, on est toujours prêts à tout pour aider les personnes motivées. La problématique va aussi se poser du côté de mes vendeuses, je vais devoir bientôt recruter », reprend Nicolas Baudot, qui déplore en outre le manque de soutien des structures dédiées à l’emploi.
Le manque de motivation des candidats, c’est ce qui a fini par dégouter, sans mauvais jeu de mots, Marie-Laure Degoutin. La patronne de la boulangerie des Ajots, avec son mari Jean-Michel, sait ce que vit son confrère. Faute de trouver de la main d’œuvre, « on a fini par abandonner le recrutement. Mon mari pourtant malade a repris le travail et je viens de reprendre une ancienne apprentie à temps partiel », indique Marie Laure Degoutin. « Je recherche un ou deux apprentis vente mais personne ne s’est présenté. Au fournil, on avait besoin aussi d’un apprenti, que l’on a pas trouvé. Après, financièrement, les temps sont difficiles et faute de mieux, on essaye de limiter la main d’œuvre ». Les boulangers ont dû supprimer à la fois la tournée et les livraisons.
Si elle s’est résignée, la boulangère constate autour d’elle la même réalité : « On se rend compte qu’autour de nous, dans tous les corps de métier, plombier, électricité, c’est difficile de recruter, après il faut trouver des personnes formées, qui ont envie d’apprendre et qui peuvent prendre des postes. C’est compliqué… »
N. F.