A portée de main – L’édito de Patrice Chabanet
Ce n’est pas la fin du déconfinement, mais la porte qui était déjà entrebâillée sera presque entièrement ouverte ce mercredi. Le couvre-feu qui passe de 21 à 23 heures rendra les soirées moins stressantes. La réouverture des restaurants en intérieur redonnera corps à l’art de vivre à la française. Depuis le temps…Prise de risques prématurée, disent déjà les pessimistes qui pointent des retours de flamme en Grande-Bretagne et dans le Sud-Ouest de la France. Dans le même temps, les chiffres de contaminations, d’hospitalisations et d’admissions en réanimation continuent à piquer du nez et ceux des vaccinations s’inscrivent , au contraire, sur une solide progression. On peut donc parier que le fameux variant indien a moins de chances de prendre le pays à revers. Comparaison n’est pas raison : les faiblesses de notre système d’il y a quelques mois ne sont pas transposables à la situation d’aujourd’hui. L’armée des vaccinés s’est notablement renforcée d’un confinement à l’autre.
Il y a tout lieu de penser que le retour à la vie normale, avant l’été et ses promesses de vacances, aura un impact psychologique sur le moral des Français. Et donc sur leur santé. Le mieux-vivre ne peut se réduire à la production d’anticorps, surtout quand une large partie des plus vulnérables a été mise à l’abri par le vaccin. Le principal risque, dans les toutes prochaines semaines sera le franchissement de certaines limites après des mois de contraintes. La soif de vivre peut être mauvaise conseillère : un pied plus lourd sur l’accélérateur, des repas trop copieux et trop arrosés ou des épisodes de fièvre acheteuse. Mais à tout prendre, ces risques doivent être assumés. Ils sont moindres qu’aurait été un confinement plus serré justifié par la seule volonté d’éradiquer le virus. Une ambition maximaliste, et certainement irréaliste, qui aurait mis notre pays à genoux. A l’opposé d’une véritable guérison.