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À Moncetz-l’Abbaye, le camping craint de ne plus faire carrière

Alain Boilletot est inquiet pour le devenir de son camping, à Moncetz-l’Abbaye, dans la Marne.

Une carrière devrait bientôt s’implanter à Moncetz-l’Abbaye, à quelques mètres du camping Sur la route du Der. Alain Boilletot, son propriétaire, s’inquiète de voir son établissement péricliter au gré des nuisances. Et ce même si des mesures ont été prises pour limiter le bruit.

En arrivant, le silence. Quelque part sur la D13, à Moncetz-l’Abbaye (Marne), seuls quelques véhicules viennent troubler la quiétude du camping Sur la route du Der. Les plus tapageurs, ici, ce sont les oiseaux, et notamment les grues cendrées. Mais bientôt, ce calme idyllique pourrait être troublé. À une quarantaine de mètres du camping, un projet de carrière est en cours de validation. Forcément, cela inquiète Alain Boilletot, le propriétaire du lieu. 

« Une carrière, après, ça fait des étangs. Je ne suis pas forcément contre, je suis même plutôt pour, mais pas à 50 mètres de chez moi… », souffle le tapissier-décorateur en retraite, à la tête du camping depuis une dizaine d’années. Il poursuit : « Des camions toute la journée, vous imaginez ? »

Des mesures ont été prises

C’est sur une parcelle de 13,4 hectares appelée “la pièce des moines” que la carrière doit voir le jour, durant l’hiver 2024/2025, si l’autorisation d’exploiter est accordée dans les prochains mois selon l’entreprise Blandin, en charge du lieu. Forcément, la question des nuisances se pose. Et des mesures ont déjà été prises.

À commencer par la création d’une butte de cinq mètres de haut, qui fera office d’écran acoustique. De plus, la société exploitante s’est engagée à mettre sur pause la carrière pendant l’été, ou encore à limiter le nombre de véhicules sur site. « Nous avons exposé (à Alain Boilletot) toutes les mesures de réductions (du bruit) qui seront mises en place, et les mesures supplémentaires non obligatoires, prises à notre initiative car (elles) vont au-delà des recommandations », explique Guillaume Penart, directeur d’exploitation de l’entreprise, jointe par mail.

« Ils vont passer, avec leurs engins, leurs pelleteuses… »

Alain Boilletot Propriétaire du camping Sur la route du Der

Pas suffisant pour Alain Boilletot, qui emploie trois personnes et dont le chiffre d’affaires est pourtant en augmentation depuis la crise sanitaire. « Les gens qui viennent ici cherchent le calme. Ils ne veulent pas aller à Giffaumont, ils veulent de la tranquillité, des grands espaces, de la nature », liste-t-il. Pas vraiment l’image que l’on se fait d’une carrière, c’est vrai.

Été = tranquillité 

La fermeture de la carrière en période estivale ne satisfait pas pleinement le propriétaire du camping. « Nous sommes ouverts toute l’année, dont l’hiver, en période creuse, où nous avons des frais importants, de chauffage par exemple », précise Alain Boilletot. Et d’anticiper : « Ils vont passer, avec leurs engins, leurs pelleteuses. Les gens qui viennent au camping veulent se reposer, profiter du silence… »

Sur ce point, l’entreprise se défend : « L’étude d’impact, et plus précisément l’étude acoustique ont abouti à des recommandations de mesures de réductions (du bruit) efficaces, et ce pour toute l’année ». « Nous aurions tout à fait pu implanter sur les parcelles de “la pièce des moines” […] une installation de criblage-lavage-concassage, avec des horaires de fonctionnement de 7 h à 17 h, du lundi au vendredi ».

Le choix de restreindre l’activité a donc été fait, dans une logique de diminution du bruit. « En définitif, la carrière est à présent ramenée à sa plus simple configuration, à savoir un simple site d’extraction, où les travaux se dérouleront de manière discontinue », prolonge Guillaume Penart. Ne reste plus à la carrière de Moncetz-l’Abbaye qu’à passer l’étape du diagnostic archéologique, et elle pourra être mise en route. Pour une durée d’exploitation de dix ans.

Dernier recours

Pas décidé à arrêter sa lutte, Alain Boilletot a écrit une lettre de contestation au préfet de la Marne. « Je suis un peu désespéré », confie-t-il. Pas de quoi perdre sa malice. « S’il n’y a plus de clients, je ne sais pas où j’irais… Peut-être bien dans une carrière. »

Dorian Lacour

d.lacour@jhm.fr

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