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À l’intérieur du réseau de chaleur urbain de Chaumont

Entre promesses financières et écologiques, le réseau de chaleur de Chaumont couvre près de trois mille logements. Rencontre avec Pierre Bader, le responsable du service eau, assainissement et réseaux, ainsi qu’avec Pierre Etienne, l’adjoint à l’environnement et à l’urbanisme de la Ville.

Le Journal de la Haute-Marne : Que doivent faire les riverains pour profiter du réseau de chaleur urbain (RCU) ?

Afin de connaître l’éligibilité d’un bâtiment au raccor­de­ment au RCU, il faut contacter Chaumont Energies et Environnement ou les servi­ces de la Ville. Les copropriétés et propriétaires de gros immeubles sont éligibles. Les logements individuels ne le sont pas. Nous soulignons que ce n’est pas parce que le réseau a déjà été installé dans une zone qu’il n’est plus possi­ble de s’y raccorder.

JHM : Quel est le gain financier par un rapport à un abonnement traditionnel ?

Le gain dépend d’où vous partez­. Le réseau de chaleur est majoritairement alimenté en énergies renouvelables, ce qui garantit une stabilisation des prix, particulièrement dans le contexte d’augmentation du prix du gaz. Il faut également compter un abaissement de la TVA à 5,5 %.

JHM : Quelles zones sont couver­tes ?

Seules les zones thermiquement denses, avec beaucoup de besoins de chaleur, trouvent un intérêt à être raccordées. Les quartiers de la Rochotte, du Cavalier, de Foch, du Val Barizien, Nord et Est sont couverts. Le réseau dessert une cinquantaine de bâtiments tertiai­res, notamment l’hôpi­tal, Palestra, l’école de gendar­me­rie et la prison. Un quart de la production est destiné à 2 700 logements de Chaumont Habitat et à près de 300 habitations privées.

JHM : Pourquoi les secteurs gare, notamment le Signe, ne sont pas concernés ?

Il n’y a pas assez d’habitations. Pour que l’investissement soit rentable, il faut assez d’abonnés pour permet­tre d’amortir le RCU.

JHM : Une extension et de futurs travaux sont-ils prévus­ ?

Un schéma directeur est en cours pour définir les grandes lignes du réseau de demain. Des études de densifications sont en cours sur le tracé actuel du réseau.

JHM : Comment est créée la chaleur ?

Elle est créée par la combustion de déchets à l’inci­né­ra­teur de la société haut-marnaise de valorisation des déchets, par la combustion de biomasse à la chaufferie de la Rochotte et par la combustion du gaz à la chaufferie du Cavalier et de l’hôpital. Le mix énergétique du RCU est donc constitué à hauteur de 78 % d’énergie renouvelable et de récupération.

JHM : Quelles sont la puissance et la longueur du réseau ?

La puissance répartie sur les quatre chaufferies s’élève à 38 mégawatts. En 2020, le RCU a livré 50.9 gigawattheures (GWh), soit l’équivalent de 4 500 habitations. Il s’étend sur 22 km.

JHM : Comment sont acheminés les différents composants du réseau ?

Le gaz passe par le réseau classique. Le bois est approvisionné dans un rayon de 80 km autour de Chaumont et est acheminé par transport routier. Le RCU utilise uniquement du bois qui ne serait pas ou peu valorisé en dehors de la filière bois énergie.

JHM : Comment est assurée la continuité du réseau afin d’éviter des coupures ?

Les générateurs disponibles sur le réseau de chaleur couvrent environ deux fois le besoin réel en énergie et se répartissent sur quatre sites. Ainsi, l’arrêt de l’un des sites n’est que très rarement ressen­ti par les usagés. Au pic du matin de 6 heures, le gaz permet d’assurer la continuité du réseau. En 2020, le taux de service du RCU était de 99.96 %.

JHM : Quels sont les impacts de l’utilisation de 22 tonnes de bois par jour ?

La forêt est sous exploitée par rapport à son potentiel. On n’est pas à un niveau où les chaufferies vont mettre en péril les forêts.

JHM : L’incinération de la biomasse et des déchets rejette en partie du CO2. Quel est l’impact sur la quali­té de l’air ?

Contrairement aux chauffages individuels à foyer ouvert, les chaudières biomasse permet­tent en plus d’un traitement de fumées performant, la concentration des rejets en un seul point. Ainsi, canalisés, ceux-ci sont réglementés et surveillés en permanence. Par consé­quent, ils sont traités dans les meilleures conditions techniques.

Une partie des cendres résultant de l’incinération du bois, 2% , soit 400 kg par jour, contient des métaux lourds et de la radioactivité naturelle.

Les chaufferies sont soumises à des contrôles très stricts d’émissions, qui sont limités dans l’atmosphère en raison des techniques utilisées. Ces contrôles sont plus réguliers sur une chaufferie industrielle que sur une succession de chaufferies individuelles accumulées. Les chaufferies biomas­se sont équipées de dispositifs permet­tant de diviser par 200 les émissions par rapport à celles issues de combustion à foyer ouvert.

JHM : Quels gains en termes de réduction des gaz à effet de serre ?

En 2020, l’utilisation du RCU a permis d’éviter l’émission de 10 760 tonnes de CO2, soit l’équivalent de 3 362 véhicules parcourant 30 000 km par an.

JHM : A quelles normes répond le RCU ?

Le RCU a été soumis à diffé­ren­tes normes, de sa construction à son exploitation. On dénombre une cinquantaine de familles de contrôles réalisés chaque année sur les équipements du réseau allant du contrôle des armoires électriques, à celui des extincteurs, en passant par la conformité rejets à l’atmosphère.

JHM : A combien se chiffrent le RCU et son entretien ?

Depuis 2011, la filiale d’Engie (la Ville a délégué son service public à Engie), Chaumont Energie et Environnement, avec l’aide de l’Agence de l’environnement­ et de la maîtri­se de l’énergie (ADEME), du Groupement d’Intérêt Public (GIP52) et du Fonds européen de développement régional, a investi près de 17,5 millions d’euros.

L’ensemble des coûts d’amortissement et d’entretien sont inclus dans le prix de la chaleur­ proposé aux abonnés du RCU. Prix qui est défini avec la Ville dans le cadre du contrat de délégation de servi­ce public.

Propos recueillis par Julia Guinamard – j.guinamard@jhm.fr

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