À l’heure Anglaise – L’édito de Patrice Chabanet
Le mariage du prince Harry et de Meghan Markle va vampiriser l’actualité. La planète se mettra à l’heure anglaise. Des milliards de Terriens vivront en direct ce conte de fée. Eh oui, la tradition et ses fastes d’un autre temps se sont eux aussi mondialisés. On a souvent dit, à juste titre, que pareilles cérémonies jouaient le rôle de dérivatif dans un monde perclus de crises économiques, de guerres et de catastrophes naturelles. Une nouvelle forme d’opium du peuple. Pour la Grande-Bretagne, c’est clair, l’événement vient à point nommé. Le pays a entamé une procédure de divorce, le Brexit, pour se séparer de l’Union européenne. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle vit mal cette période. La séparation en cours a provoqué un autre divorce, celui-là entre les partisans et les adversaires du Brexit. Tout ne semble pas aussi rose que l’avaient promis les tenants de la coupure avec le Vieux continent.
Les Britanniques n’étant pas aussi cartésiens que les Français, on assiste même à des évolutions surprenantes. Le choix fait par nos voisins d’outre-Manche semblait confirmer une fois de plus un resserrement des liens avec les Etats-Unis, la fameuse attirance du grand large. Or on n’a jamais vu la Première ministre, Theresa May, aussi proche de ses futurs ex-partenaires européens. L’auteur, bien malgré lui, de ce rapprochement en plein divorce n’est autre que Trump. Sa menace de sanctions contre les pays qui commerceraient avec l’Iran a ulcéré autant Londres que Paris et Berlin. Du coup, on sent la Grande-Bretagne s’enfoncer dans un brouillard d’incertitudes. Elle quitte l’Europe mais semble déjà le regretter, ne serait-ce qu’en raison des contrecoups économiques. Elle comptait cultiver ses anciennes amours avec l’Amérique, mais Trump la considère comme quantité négligeable. Alors, le temps d’un mariage princier, elle se retrouve, toutes classes sociales confondues, autour de son totem, la monarchie. Aujourd’hui est le temps du rêve et des grandeurs d’antan. Une parenthèse heureuse. Le Brexit et ses comptes d’apothicaire attendront demain.