À l’Estic, les signes d’une communication silencieuse
Depuis septembre 2023, une poignée d’élèves de l’Estic ont pris part à des cours de langue des signes française. Une fois par semaine, ils tentent d’apprendre les rudiments de ce moyen de communication. La tâche s’avère par moment assez ardue…
Il est un peu plus de 11 h, à l’Estic. Alors que ça se bouscule au portillon pour quitter l’établissement, certains élèves s’apprêtent à participer à un cours de langue des signes française (LSF). « Il a été lancé en septembre 2023 », contextualise Marilyne Fourcart, professeure au Conservatoire de Saint-Dizier, donnant, en plus des cours de musique, des cours en langue des signes française à l’Estic.
Se concentrer pour mieux traduire
C’est elle qui est d’ailleurs à l’initiative de la création de cette option. « J’avais appris la langue des signes il y a quelques années. On en avait déjà discuté, mais l’occasion s’est vraiment présentée en 2023 avec la mise en place du Pacte enseignant et dedans la possibilité de proposer des projets innovants », ajoute la professeure. La direction ayant accepté, les cours ont pu être lancés, pour le plus grand plaisir de Marilyne : « Je trouve que c’est artistique. C’est beau cette espèce de danse silencieuse dans l’espace. »
Le cours est une option proposée seulement aux secondes en santé sociale et en accompagnement, soins et services à la personne (ASSP). À raison d’une heure par semaine, onze d’entre eux apprennent donc à signer. Comme c’était le cas, ce jeudi 28 mars. Ce jour-là, il s’agissait surtout d’une séance de révision du vocabulaire appris au cours des mois passés. Marilyne donne une image aux élèves et leur demande de décrire la scène qui y est représentée. Mathis est le premier à passer et se met en silence, à signer. Le geste est tantôt assuré, tantôt timide. Mais très vite, lorsque la traduction ne vient pas, l’appel de la parole est plus fort. « Par contre pour chemise et pantalon, je ne sais pas comment faire… », confie l’adolescent devant faire deviner une demande en mariage. « On avait dit qu’il ne fallait pas parler », rappelle l’enseignante.
Au tour de Noelie qui doit cette fois-ci faire deviner à ses camarades une scène montrant une maman et sa fille en train de cuisiner. Entre deux signes, Marilyne prend le temps de s’attarder sur les éléments importants à prendre en compte quand on veut utiliser la langue des signes pour échanger. « En numéro 1, je dirais l’expression du visage et l’expression corporelle. Après, il y a aussi le regard. Comme c’est une langue visuelle, ça demande une concentration importante. Enfin, il faut penser en images et non avec des mots. L’ordre des signes est inversé par rapport à la langue française. »
« Je me dis que ça pourrait m’aider dans mon futur métier. »
Malgré la difficulté – par exemple des signes qui se ressemblent – les élèves semblent satisfaits de se familiariser avec ce mode de communication. « C’est très bien. On aime bien », reconnaissent Ilana et Kelyanah, qui y voient toutes deux un avantage à le maîtriser. « Je me dis que ça pourrait m’aider dans mon futur métier. Je veux être infirmière », explique la première citée. Idem pour la seconde. « Ça pourrait me servir si je travaille à l’hôpital ou dans un autre métier avec les enfants. »
L’atelier devrait perdurer sur plusieurs années, en étant, pour le moment, toujours uniquement destiné aux élèves en santé sociale et en accompagnement, soins et services à la personne (ASSP). « L’idée est déjà de permettre à ces élèves de continuer cette option jusqu’à la terminale. Comme ça, en trois ans, ils vont pouvoir acquérir le niveau A1 », projette Marilyne. Tout en étant ouverte à la possibilité de pourquoi pas, un jour, l’étendre à d’autres classes.
Dominique Lemoine