A Langres, le 11 novembre se tenait
De nombreux jeunes gens ont participé activement à la commémoration de l’Armistice de 1918 à Langres, et le sentiment que la relève mémorielle était en marche a donné matière à réassurance.
« Le 11 novembre 1918, à 11h, les cloches des églises et des cathédrales se sont mises à sonner… ». En célébrant une messe dédiée à la commémoration de l’Armistice, l’évêque de Langres Mgr Joseph de Metz-Noblat a aussitôt appelé les paroissiens à ne pas se mentir : le développement des germes de la guerre s’opère bel et bien… en soi. Il est urgent, a-t-il en substance poursuivi, de savoir à quoi correspond la sagesse et nous serions bien avisés de nous en rapprocher. « Qui se souvient des visages des gens dont les noms sont inscrits sur le monument aux morts ? ». Cesser d’avoir « la mémoire courte » participe de la sagesse. Avec les récits des hommes qui ont succombé pendant la Grande Guerre, puissions-nous aussi convoquer le souvenir des causes de ce conflit dévastateur. Et oui, entretenir la mémoire commune reste le moyen de bâtir les fondations de notre vie collective, aujourd’hui et demain. « Il ne s’agit pas de pleurer sur des évènements antiques ». Dit autrement : il n’y a rien de poussiéreux à commémorer l’Armistice de 1918. D’autant que Mgr de Metz-Noblat a pointé des violences contemporaines qui, toutes proportions gardées, ont des remugles guerriers : les réseaux sociaux, le politiquement correct, notamment.
La présence d’une relève mémorielle accentue l’émotion
Depuis Courcelles, sa compagnie cherchait à rejoindre Ypres. Des collégiens des établissements des Franchises et Diderot ont fait résonner avec justesse la voix du sergent Deschanet, qui racontait l’enfer de la Grande Guerre. « Toute une journée sous les balles (…) on attaque à la baïonnette sans rien voir (…) je m’aperçois que je suis assis sur un cadavre sans tête ». Le public fourni qui se pressait autour de la place de Verdun, où le sous-préfet Emmanuelle Juan-Keunebroek, les autorités militaires et les élus étaient réunis, a témoigné une attention marquée. A la tristesse qui enveloppe traditionnellement la commémoration du premier conflit mondial, la participation active des collégiens, des volontaires de l’EPIDE, des jeunes sapeurs-pompiers ont fait contrepoids : au moins y avait-il matière à réassurance, l’oubli du naufrage, de ses naufragés n’était pas pour demain. Ils se ont inscrits dans les pas de leur aîné le président du groupement des associations d’Anciens combattants Jacques Cornuel. Qui a pour sa part fait lecture d’un discours prononcé en 1934, après le décès de Léon Soteau, un ancien Poilu de Maizières-sur-Amance. Ce soldat du 109e RI de Chaumont était rentré, apparemment vivant. La guerre a continué à le ronger, malgré la paix revenue, comme si elle exerçait un effet retard, et Léon Soteau s’est éteint à 35 ans. Les dépôts de gerbes qui ont suivi ces lectures auxquelles de nombreux jeunes ont aussi participé, ont donné chair à la cohorte de ces morts douloureuses. Le 11 novembre 2021 a été une cérémonie qui se tenait à Langres.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr