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À l’abbaye de Saint-Pantaléon, l’histoire est dans le pré

Depuis 2013, Sébastien Chapron et sa famille œuvrent pour sauvegarder ce qui reste de l’abbaye de Saint-Pantaléon.

L’Agglomération de Saint-Dizier et ses alentours regorgent d’édifices religieux tombés dans l’oubli. Tout au long de cette semaine, Jhm quotidien s’intéressera aux abbayes dont il ne reste de leur fonction que les murs. Pour ce premier volet, zoom sur l’abbaye de Saint-Pantaléon. 

C’est aux abords du chemin des plaines qu’on peut en distinguer ses contours. Certains de ses bâtiments ont disparu, mais d’autres ainsi que le portail d’origine sont toujours présents. Depuis sa construction au début du XIIIe siècle, l’abbaye de Saint-Pantaléon, située non loin de la zone commerciale du Chêne Saint-Amand, n’a plus du tout la même apparence, ni la même fonction. Diverses machines agricoles occupent désormais la cour. Et pour cause, depuis une dizaine d’années, Sébastien et Hélène Chapron, respectivement fonctionnaire aux voies navigables de France, et institutrice, ainsi que leurs enfants, l’occupent tout en essayant de remettre de l’ordre dans tout ça.  

Un lieu de culte et de vie pour les moniales cisterciennes

Mais avant d’en dire plus sur le présent et l’avenir de l’édifice, il est important de reprendre, l’espace de quelques lignes, le fil de son histoire. Pour l’abbaye Saint-Pantaléon, tout a commencé en 1227. En juillet, plus précisément, mois durant lequel, Guillaume II, seigneur de Dampierre de Saint-Dizier et son épouse Marguerite de Constantinople, comtesse de Hainaut et de Flandres, ont décidé de la fonder et d’accueillir dans ces lieux, des moniales cisterciennes (qui seront appelées plus tard Bernardines). 

« D’après les documents conservés aux archives de la Marne, nous savons qu’aux environs de 1580 […], outre l’abbesse Jeanne de Richebourg, la communauté comprenait quinze religieuses », chiffre Antoine Bru, dans le tome IV des Mémoires de la société des lettres, des sciences, des arts, de l’agriculture et de l’industrie de Saint-Dizier, paru en 1978. « Il semblerait d’ailleurs que la communauté n’ait guère dépassé ce nombre. La population totale de l’abbaye, compte tenu des novices, des dames et demoiselles pensionnaires, des servantes, domestiques, jardinier et aumônier, n’atteignant guère plus de trente personnes. » Le foncier paraissait tout aussi humble, composé entre autres d’une église qui comportait un autel dédié à Saint-Pantaléon, le bâtiment des religieuses, une abbatiale, ainsi que ce qui est supposé être la maison de l’abbesse sur laquelle une date et des initiales sont encore présents aujourd’hui sur la façade arrière. « On a tout lieu de croire qu’il s’agit bien de cela : J.D étant le nom de Jeanne Françoise Duchêne, avant-dernière [abbesse], et la date 1691 (année comprise dans la période durant laquelle elle exerçait, ndlr). »

Conserver des traces tout en laissant de nouvelles

« Avant-dernière » oui, car quelques dizaines d’années plus tard, le 15 février 1744, les religieuses doivent plier bagage, faute d’avoir suffisamment d’argent pour entretenir les bâtiments enclins à la décrépitude, mais aussi suite à la décision de Louis XV d’interdire à la communauté de recevoir des novices. « Il fallut encore trois ans pour le transfert des religieuses vers Vitry-en-Perthois (où se trouvait l’abbaye à laquelle était rattachée celle de Saint-Dizier, ndlr) », précise l’ouvrage. Au fil des siècles, la bâtisse, son agencement et ses fonctions évoluent en passant entre les mains de divers particuliers dont un marchand de graines, des membres par alliance de la famille de Sébastien Chapron, les familles Daval et Pesme et enfin, dans les années 2000, des Anglais répondant aux noms de Mott et Harrisson. « Mais ils ne donnent rien à la banque, donc les biens sont saisis et une vente aux enchères est organisée », explique le fonctionnaire qui profite de l’opportunité de l’acquérir. « J’habitais dans l’ancienne boulangerie La boulande situé juste à côté et j’avais des chevaux. Je n’avais pas assez de place pour stocker le foin. Avec ma femme, on s’est dit autant qu’on achète cette propriété là. » L’acquisition s’est faite en 2012. Après un an de période de transition, Sébastien entame de grands travaux, restaure les toitures et y installe sa ferme tout en transformant l’un des bâtiments en logements voués à la location. « Je voudrais la remettre en état, sans pour autant qu’elle soit ouverte au public », explique-t-il. Un projet qu’il porte encore aujourd’hui, en parallèle de son activité d’agriculteur, de fonctionnaire pour les voies navigables de France et de propriétaire. L’ampleur des travaux ne lui fait pas peur. Bien au contraire. « Je visualise déjà comment ce sera quand ce sera fini. »

Un édifice religieux, devenu agricole, sujet aux invasions et aux vols 

Depuis sa création en 1227, l’abbaye de Saint-Pantaléon n’a pas eu une vie similaire à un long fleuve tranquille. Loin de là. Au-delà des changements nombreux de propriétaires, l’édifice religieux a connu de multiples attaques extérieures. Des invasions, d’une part au temps des moniales cisterciennes, comme en 1544, lors du siège de Saint-Dizier, année durant laquelle elle a été entièrement détruite. Ou encore, en 1708, comme le mentionne le tome IV des Mémoires de la société des lettres, des sciences, des arts, de l’agriculture et de l’industrie de Saint-Dizier paru en 1978, lorsque Louis XIV avait pris part à une guerre contre l’Angleterre. Des vols ont également eu lieu, notamment dans la nuit du 22 au 23 avril 2001. « Il y avait une vierge au-dessus du portail. On ne l’a jamais retrouvé  », Sébastien Chapron, dorénavant propriétaire des lieux. « J’hésite à remettre une soit en pierre, soit en fonte. » Ce dernier matériau qui pourrait être une manière pour ce fondeur de formation, de lui aussi laisser sa trace sur là bâtisse, témoin de la grande Histoire de la France. 

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