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A la rue – L’édito de Christophe Bonnefoy

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Si on voulait résumer un peu (trop) simplement l’ambiance autour de la réforme des retraites, on pourrait dire que les électeurs sont dans la rue et que leurs élus… sont à la rue. Un poil démagogique, certes.

Néanmoins, il faut bien avouer qu’il existe actuellement un sacré contraste entre les manifestations des dernières semaines et les débats à l’Assemblée nationale. Comme de coutume, les cortèges drainent leur lot de slogans. Durs envers le gouvernement, souvent. Fermes sur les intentions, toujours. Mais, à quelques exceptions près, sans violences. A l’inverse dans l’hémicycle, les règles de bienséance sont parfois totalement oubliées. On n’attendait évidemment pas que les députés jouent les béni-oui-oui. Mais à l’inverse, les Français étaient en droit d’espérer que les débats se traduisent par autre chose que de l’insulte récurrente et de la provocation inutile. Au final, ce climat de violence verbale ne mène à rien. Et sûrement pas à l’espoir, pour la Nupes en particulier, de faire barrage à la réforme qu’elle conteste.

Déposer des milliers d’amendements, c’est le jeu démocratique, même si le principe ne met pas vraiment tout le monde d’accord. Dénoncer un projet, c’est de bonne guerre. L’opposition est là pour ça. Mais lorsque les arguments – si on peut les appeler comme ça – deviennent hurlements sans fin, on n’est pas loin de l’étincelle qui pourrait déclencher l’incendie. Y compris hors de l’hémicycle. Au point, et ça n’est pas si anecdotique, de devoir (sur)protéger un ministre, insulté et traité d’«assassin».

Et la réforme des retraites, dans tout ça ? Rien ne dit que des débats posés – même si d’une certaine virulence – auraient infléchi les positions de l’exécutif. Mais en tout état de cause, les vociférations permanentes et le climat délétère qui règne à l’Assemblée ne risquaient pas de favoriser une discussion constructive. Et même en arrivent à reléguer le contenu du projet au second plan.

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