A la recherche du sonneur à ventre jaune
De sonneur à ventre jaune, il n’y avait point, du moins ne s’est-il pas montré ! Le 26 mars, Fanny Boissier, chargée de mission à la LPO Champagne-Ardenne, a arpenté la partie communale des bois de Roches-sur-Marne (4 ha 800) à la recherche de ce batracien intégré à la liste des espèces protégées pour voir s’il était sorti d’hibernation. Accompagnée du maire du village, Jacky Millot, des agents communaux Adrien Meyer et Julien Mougenot, elle a scruté la moindre mare, la moindre ornière, le moindre filet d’eau perdus dans la forêt qui, inexploitable car trop éloignée des chemins d’accès et au sol façonné de creux et de bosses, prend des allures de forêt primaire. Les parcelles avaient été préalablement repérées en hiver par Quentin Horta de la LPO et Fanny Boissier a enregistré et cartographié la localisation des points d’eau directement sur place, grâce à un logiciel spécifique. Les agents communaux, qui connaissent bien le secteur, l’ont guidée à travers les ronces et les arbres tombés ou morts. « Certaines essences sont malades », expose Adrien Meyer, « elles sont victimes du climat et de la pollution aérienne, seuls résistent les chênes et les charmes ».
La recherche s’est avérée infructueuse car, estime Fanny Boissier, « le soleil n’est pas encore assez fort pour réchauffer l’eau des mares permettant au sonneur de s’extirper du repos hivernal et se reproduire. Nous recommencerons la prospection en avril car ces lieux, qui ne subissent pas d’activité forestière et donc sans nouvelles tranches à créer, sont un espace de renouvellement naturel ».
Avant de se déplacer sur le terrain, Fanny Boissier avait brièvement présenté le sonneur à ventre jaune qui, pour contrer sa diminution sur le sol français, fait l’objet d’un plan d’action national dont se chargent, pour le Grand Est, le CPIE Sud Champagne (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement), Bufo Alsace et le Conservatoire des Espaces Naturels en Lorraine. « Le sonneur à ventre jaune est encore présent dans notre région, il vit dans une forêt en bonne santé écologique, source de bois mort », explique Fanny Boissier, « il s’agit d’une espèce “parapluie” et, si on le protège, on protège l’ensemble des populations ». La jeune femme a une parfaite connaissance du sujet car, après un BTS en GPN (gestion et protection de la nature) suivi d’une licence “biologie et comportement animal”, elle a effectué un an de service civique dans une réserve naturelle des Pyrénées où sa vocation s’est affirmée, renforcée par son travail à la LPO
“En avril, ne te découvre pas d’un fil”, espérons que le sonneur ne respectera pas l’adage.