A la recherche des chauves-souris sous terre

Mercredi 14 février, l’Association spéléologique de Haute-Marne participait à un comptage de chauves-souris en forêt de Trois-Fontaines. Pilotée par l’ONF, l’opération se déroulait dans neuf cavités, terrains de jeu propices à l’hibernation de cet animal protégé.

Si tous deux possèdent comme terrain de prédilection la nature, les intérêts communs entre l’Office national des forêts (ONF) et l’Association spéléologique de Haute-Marne (ASHM) semblent s’arrêter là. Pourtant, c’est conjointement que les acteurs se sont réunis, mercredi 14 février, en forêt de Trois-Fontaines, pour un comptage de chauves-souris. « Cela fait partie des activités annuelles de notre calendrier », explique Jacques Fraiche, président de l’association bragarde depuis novembre 2023. Cette dernière

Recensement

Dans le cadre d’un marché public pour lequel il a été retenu, l’Office a des missions en lien avec la zone Natura 2000 de la forêt de Trois-Fontaines. Et parmi ses objectifs à remplir, « il y a le comptage des chauves-souris », précise Dominique Zabinski, agent ONF qui effectue des comptages depuis une vingtaines d’années.

La chauve-souris – ou chiroptère – est actuellement au cœur de sa période d’hibernation. On ne la retrouve donc pas dans les arbres, mais dans les endroits reculés, bien protégés, comme les cavités. D’où la participation du club de spéléologie. « L’animal est sensible au bruit, à la lumière et à la chaleur. Il faut être discret », développe Jacques Fraiche. « Il existe 33 espèces en France et on peut en trouver 14 en Haute-Marne », précise Yann Guivarch, vice-président du club de spéléologie. Toute la journée, ils sont cinq à crapahuter dans la partie meusienne de l’immense forêt domaniale. Outre les trois précités, Roland et Vanni sont les autres membres de l’association présents.

Expéditions

Une liste de neuf cavités est recensée pour nos explorateurs du jour, lesquels débutent à proximité du sentier des Gouffres. La zone porte bien son nom ; nombreux sont les trous – découverts ou non – dans cette partie de la forêt. Le petit groupe débute d’abord par la « grotte de la Chauve-Souris ». Équipés, Roland et Jacques commencent à descendre. Mais après quelques mètres, la découverte s’arrête déjà là : « C’est bloqué, on ne peut pas aller plus bas », clame le premier nommé qui, la veille, a découvert un début de doline dans un champ, à Eurville-Bienville.

Après cette petite déception, direction l’aven de la Taille Clergé. Un gouffre connu, entouré de barrières posées par l’ONF quelques années plus tôt afin de sécuriser la zone. Le puits est très profond, avec une entrée très verticale. « Si je descends ici, je mettrais une heure pour remonter », en sourit Dominique Zabinski. C’est Yann Guivarch qui s’y colle cette fois-ci. Solidement équipé d’un harnais aux multiples sangles et crochets, il entoure sa corde à un tronc d’un côté, et à une barrière de l’autre. Ses compères font de même à l’opposé. Après plus d’une demi-heure sous terre – où la température reste stable autour des 12, 13 degrés –  le vice-président du club se fait entendre : « Il y a un, deux, trois murins ! » Un début, mais le bilan est mince. « L’année dernière, nous en avions recensées neuf. C’est sans doute trop humide pour elles », analyse l’agent de l’ONF eu égard aux descriptions de Yann Guivarch.

Avant la pause dej’, le quintet se rend vers le gouffre de la Botte à Baptiste. Leur périple se terminera finalement vers 17 h 30. A défaut de recenser énormément de chiroptères, la journée aura permis de « répertorier quelques nouvelles cavités que nous n’avions jamais explorées », note le vice-président de l’Association. C’est toujours ça de pris.

Louis Vanthournout

l.vanthournout@jhm.fr