À la bonne heure – L’édito de Patrice Chabanet
Ce n’est pas l’affaire du siècle, mais elle nous concerne tous. La Commission européenne va proposer au Parlement de Strasbourg la fin du changement d’heure en hiver et en été. Bruxelles, souvent accusé de dérives technocratiques, a écouté la voix du peuple. Dans une consultation publique rassemblant 4,6 millions de personnes sur le Vieux Continent, le verdict a été sans appel : 80% en faveur de l’abolition. Exit donc un rituel qui n’a jamais vraiment convaincu et qui, chaque année, faisait rejaillir des polémiques sans fin. L’idée de départ, ne l’oublions pas, était de réaliser des économies d’énergie. On sortait d’une sévère crise pétrolière…A dire vrai, on n’a jamais pu en mesurer l’impact. Tout ce que l’on sait est qu’il a été marginal et de plus en plus résiduel au fur et à mesure que de nouvelles technologies ont permis de réduire la facture énergétique. Vidé de sa substance économique, le changement d’heure s’est progressivement réduit à une gymnastique biannuelle, pour avancer ou reculer les aiguilles de nos montres. Pour pimenter l’affaire, plutôt fade, il y a toujours les discussions avant le jour fatidique pour savoir si l’on gagne ou l’on perd une heure de sommeil. Essayez autour de vous…
De la même manière que le changement d’heure a été contesté par certains dès le début, son abolition, plus que probable maintenant, provoquera quelques montées de boucliers. Cela dit, sa suppression, plébiscitée par les Européens, fait fi de toutes considérations techniques ou économiques. Elle libère un choix subliminal : éviter, l’espace d’une nuit, le passage brutal dans l’hiver. Il est clair, en effet, que l’heure qui l’emportera est celle de l’été. Mais patience : il faudra attendre l’année prochaine pour la mise en vigueur des nouvelles dispositions. Dans quelques décennies ou quelques siècles, les historiens s’interrogeront sur le bien-fondé d’une mesure qui a réglé nos horloges pendant plus de quarante ans. Gâchis ou inconsistance ?