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édito

A front renversé – L’édito de Patrice Chabanet

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Plus c’est gros, mieux ça passe, telle est la trame de la rhétorique poutinienne dans le conflit ukrainien. Hier, le chef du Kremlin en a remis une solide couche. L’agresseur en Ukraine ? L’Occident, voyons ! L’armée russe ne ferait que répondre à cette agression. Et l’Ukraine serait dans le camp de l’attaquant. CQFD. On n’est plus dans un conflit classique qui voit un pays envahir son voisin. Il y a dans le discours de Poutine une forme de sublimation des enjeux pour leur donner une coloration planétaire. Ou pour annoncer une (mauvaise) surprise militaire dans les prochains jours. Mais personne n’est dupe. L’armée russe mord la poussière. Les nouvelles recrues découvrent avec effarement l’état déplorable de leurs conditions matérielles. De quoi inquiéter leurs familles et la population en général. A l’heure des réseaux sociaux, impossible de maquiller une déroute annoncée.

L’objectif de Poutine est de faire revivre un face-à-face avec l’adversaire traditionnel, les Etats-Unis. Et, pourquoi pas, de retrouver le chemin de la négociation pour limiter les dégâts. Une construction que ne veut surtout pas valider Washington. Les Américains n’entendent pas en effet briser l’élan victorieux des Ukrainiens. La parole est aux armes, pas à un cessez-le-feu qui pénaliserait Kiev.

Cela dit, il ne faut pas enfoncer Poutine. Il a encore quelques cartes en main. Il peut compter, en particulier, sur une certaine lassitude dans les opinions publiques occidentales travaillées par des courants poutiniens. Mais l’Amérique et l’Europe ont évité le piège de l’envoi de troupes sur le terrain. Le « sale boulot » est laissé aux Ukrainiens. Ces derniers n’ont qu’une demande : qu’on leur fournisse des armes. Ils en feront bon usage, comme ils ne cessent de le prouver chaque jour.

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