À Froncles, la halte nautique investie par des camping-caristes
Chacun son idée d’un endroit idyllique. Reste qu’il y a fort à parier que la halte nautique de Froncles y ressemble aux yeux de nombre d’entre nous. Si, interdiction de naviguer sur le canal oblige, les capitaines ont déserté leurs bateaux, l’endroit sert aux camping-caristes.
À quai, trois bateaux, deux grands et un petit, qui dorment en attendant le retour de leurs capitaines. Contrariés par l’impossibilité de naviguer, ils ont dû s’inventer d’autres loisirs estivaux. Parmi eux, un Belge qui aurait regagné sa patrie, le temps que le niveau du canal encaissé entre deux parois boisées, remonte. La vie continue toutefois à la halte nautique de Froncles, investie par des camping-caristes. Il y en a de deux types : ceux qui se sont quasiment sédentarisés, et puis ceux qui, animés par un projet de vacances itinérantes, s’autoriseront à stopper là deux nuits, au plus. Sur le chemin qui conduit à la halte, on croise des pêcheurs – des jeunes gens qui rejoignent leur « coin » d’un pas décidé, des couples déjà installés le long du canal avec des pliants, le chien est de la partie…
Électricité, eau, emplacement : la dissociation des prestations, c’est fini
Sur la halte proprement dite, électricité et eau sont automatiquement utilisables avec l’emplacement du véhicule, une petite révolution pour les habitués des lieux. S’ils comprennent que l’abandon récent de la dissociation des tarifs services-emplacement évite les branchements sauvages de camping-caristes qui se posent une courte nuit, ils retiennent aussi qu’un package à 10 € n’a pas la force d’aimantation d’un prix d’appel à 3,50 € l’emplacement.
Des containers incitent à trier ses ordures ménagères, des tables et bancs de bois sont à disposition ici et là, de quoi faire un repas à distance les uns des autres sans jouer les Robin Crusoë.
Le camp des sédentaires
« Au début, on venait ici le week-end ». Et puis, week-end après week-end, et les années passant, Éliane et Victor se sont attachés à la halte nautique. « Maintenant, on y reste environ neuf mois l’année, on fait un saut à la maison tous les huit jours pour relever le courrier ». Occupés à pêcher, à jouer aux boules, à recevoir plein d’amis.
Ici, il y a un autre camping-cariste à finalement habiter là à l’année. Le changement de la tarification donne à Éliane et Victor le sentiment que les touristes de passage se font plus rares.
Le camp des voyageurs
« C’est la première fois qu’on vient ici ». Marguerite et René sont rompus à bourlinguer, le véhicule qui est sur la halte de Froncles cet été est le septième camping-car de René. Qui est aussi un pêcheur et il grogne car sa passion est bridée à Froncles, quand il avait pris soin de choisir cette destination : « il y a trop d’herbes dans le canal, il n’est pas entretenu ». Le Meusien assure qu’il a déjà vu « un moteur de bateau griller » à force de devoir lutter contre ces entraves vertes. À la place de la pêche qui ne la séduit guère, Marguerite « fait (ses) petits mots », la preuve, elle brandit le dernier livret qu’elle avait précisément sous la main. Elle va se promener, aussi. Entre canal et forêt, Froncles lui offre de bien belles balades.
Si les bateaux sont cet été réduits à embellir le décor, la halte nautique continue de palpiter.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr