A force de ténacité – L’édito de Patrice Chabanet
Ce n’était pas gagné d’avance : l’Ukraine a – enfin – obtenu l’ouverture de négociations en vue de son adhésion à l’Union européenne. Le chemin sera long pour que ladite adhésion soit actée. Kiev devra compter sur le travail de sape du dirigeant hongrois Viktor Orban ouvertement favorable au camp russe. Il s’est abstenu, ce qui est un moindre mal, mais il parasitera des négociations qui seront difficiles. L’Ukraine est encore loin des prérequis que l’on attend d’un pays candidat, notamment en matière de lutte contre la corruption.
Entre deux maux il faut choisir le moindre. Mieux vaut mettre tout en œuvre pour faciliter l’adhésion de l’Ukraine qu’offrir une victoire honteuse à Poutine. Un échec européen ferait revivre la théorie des dominos : après l’Ukraine tomberaient immanquablement les Etats baltes, la Moldavie – elle aussi candidate à l’adhésion – et à plus long terme la Pologne. Certains, y compris dans notre pays, ne veulent pas le voir en imaginant sans sourire que la Russie poutinienne s’arrêtera à la reconquête de l’Ukraine. L’esprit munichois coule encore dans les veines occidentales…
En attendant, se posera tôt ou tard la question du maintien de la Hongrie dans l’Union européenne. Son allégeance aveugle à la Russie est incompréhensible. Comme si ses dirigeants “illibéraux” actuels étaient frappés d’amnésie. En 1956 ce sont les chars soviétiques qui ont écrasé le soulèvement hongrois. Alors quand on entend Orban comparer l’Union européenne à l’URSS d’avant 1989, on se pince.